[Pris en flag] La mairie rabote de 20% un budget culturel pourtant "sanctuarisé"

[Pris en flag] La mairie rabote de 20% un budget culturel pourtant "sanctuarisé"

Dans le projet des listes Gaudin, l’affirmation claquait comme un étendard, celui de la volonté de l’équipe sortante de “capitaliser sur le succès de la capitale” : “Les crédits budgétaires de l’action culturelle municipale seront sanctuarisés”. Au fil des discours, le maire brodait sur le carrosse qui ne s’est pas transformé en citrouille après le feu d’artifice du 31 décembre. Interrogé par Marsactu fin février, Daniel Hermann, l’adjoint à la culture d’alors, avait posé les bases :

Ce que l’on peut dire, c’est que la Ville a dépensé 171 millions d’euros en 2013, [hors budget dédié à Marseille-Provence 2013 – ndlr] et qu’elle dépensera la même chose en 2014, voire même, ce budget sera légèrement augmenté.

Anne-Marie d’Estienne d’Orves, qui lui a depuis succédé, était elle aussi on ne peut plus claire lors d’un point presse consacré au sujet, deux jours avant le premier tour :

En 2013, le budget de la Ville consacré à la culture était de 173 millions d’euros et le maire, lors de ses vœux au monde culturel, a affirmé qu’il serait encore de 173 millions cette année, car nous avons la détermination de faire de Marseille une capitale pérenne de la culture.

À la lecture du rapport de présentation du budget 2014, proposé lundi au vote du conseil municipal, il y a de quoi tomber de haut : de premier budget municipal, la culture est rétrogradée en troisième place avec 138 millions d’euros, derrière l’éducation et le pôle sécurité et salubrité publique. Et dans la logique de “capitalisation”, ce sont plutôt les équipements touristiques (casino, téléphérique) qui seront privilégiés plutôt que de nouveaux chantiers culturels.

“L’explication est très claire, ce chiffre cumule investissement et fonctionnement”, commente Roland Blum, adjoint aux finances. Dans la première case, on trouve principalement des travaux, de création comme de rénovation. La seconde regroupe notamment les salaires des personnels et les subventions aux associations. Or, “on n’a plus les mêmes besoins en investissement”, poursuit Roland Blum, qui n’hésite pas à reconnaître que ses homologues chargés de la culture “se sont mal exprimés.” Il rappelle “les instructions du maire : ne pas augmenter la dette, saut pour autant augmenter les impôts. À partir de là, il y a des dépenses qu’il faut tailler et je n’ai pas de problème à le faire pour les investissements culturels”. Ce qui dessine tout de même un sanctuaire beaucoup plus étroit qu’annoncé…

Contacté, Daniel Hermann, qui n’est plus conseiller municipal mais toujours conseiller communautaire rétropédale sur la même ligne : “Je parlais en fonctionnement, pas en investissement. On ne peut pas refaire les musées tous les ans, vous vous rendez compte ce que l’on a investi pendant trois ans ? Si vous prenez le spectacle vivant et les subventions aux associations culturelles, il n’y a pas de baisse.”

En fait si, de quelques millions d’euros que Roland Blum met sur le compte de la fin de “la subvention à l’association MP2013, qui était de 5 millions d’euros”. Ce qui laisse justement intacte la question des crédits affectés à une réplique de la capitale, évoquée sous la forme de biennale. Dans cette logique d’un grand événement un an sur deux, 2014 avait bien été prévu comme une année blanche. Nouvel examen de passage avec le budget 2015 donc.