Primaires socialistes : ne les appelez pas petits candidats
Primaires socialistes : ne les appelez pas petits candidats
Comme tout petit candidat, Pierre-Alain Cardona n'aime pas qu'on le définisse à partir de la taille supposée de sa renommée. Pour son lancement de campagne, il a donné rendez-vous à la presse au Havana Club, ce qui pose son homme en fumeur de cigares. Pas un pet de fumée dans le bar du Vieux-Port mais une belle brochette de soutiens dont le militant socialiste se dit "très fier". On y compte Jean Canton, le président de l'association Un centre ville pour tous, ex-directeur de l'urbanisme de la Ville de Marseille, Philippe Foulquié, jeune retraité et fondateur de la Friche, et des représentants de la société civile et militants socialistes plutôt à la gauche du parti. Pierre-Alain Cardona n'est pas encore PAC comme Marie-Arlette Carlotti est MAC mais il veut compter dans la cohorte des "petits" qui émergent dans la course aux soutiens.
C'est d'ailleurs ce panel de soutiens d'anonymes et de personnalités qui, dit-il, a motivé sa candidature. "Je m'inquiète d'un débat très creux, très vide lors de cette primaire. Or, la plus vieille démocratie du monde s'est coupée la parole, formule Philippe Foulquié. Pierre-Alain propose un débat et nous sauve du trombinoscope". Cheveux ras et sourire jovial, le quadra sourit de la formule : "J'assume de rassembler ces gens qui n'ont pas le même parcours que moi afin d'interpeller tous les Marseillais. On n'a pas de temps, pas d'argent mais de l'énergie". Il compte également sur les propositions de fond pour faire la différence face au "casting de personnalités", distingue Sylvie Lyons-Noguier, militante PS tendance motion 3.
"Moi-même, j'ai essayé d'initier un mouvement au sein des militants socialistes pour construire un tronc commun comme à la primaire de la présidentielle, explique celle qui est CPE dans la vie réelle. Or, cela n'a pas été possible. C'est aussi pour cela qu'il faut créer le débat". Pierre-Alain Cardona a dessiné un schéma pour expliquer ses propositions mais l'a oublié "dans son cartable". Il se base sur quatre axes : l'éducation, l'aménagement urbain et notamment la préservation d'un centre-ville populaire, les transports et la culture. "Et, au centre, il y a une nouvelle gouvernance avec un mandat unique, limité dans le temps".
Pas de grand meeting à Chanot
Cardona est conscient que sa candidature à une couleur société civile qui traverse toute la gauche, notamment à travers le mouvement des Gabians sur lequel une partie des écologistes compte s'appuyer. "C'est une démarche cohérente : j'ai un pied dans le parti, un autre dans la société. Avec la primaire, on a un enjeu historique. Pour la première fois le PS donne le pouvoir au peuple de Marseille". En appui à celui que se dit le plus proche des autres forces de gauche, le gabian Foulquié précise : "Tous les Gabians ne partiront pas avec les Verts. Et d'ailleurs ni les écolos, ni le front de gauche n'organisent de primaires".
Si Cardona s'appuie sur une démarche collective, d'autres se lancent dans la bataille sans soutiens très identifiés. Pas de grand meeting au parc Chanot ou d'estrade siglée à leur nom : leurs événements ont pour théâtre l'OM Café ou le Snack Le Saxo. Chacun mène sa campagne à l'ombre des candidats déjà titulaires de mandats ou de fonctions électives. Hafid Abdelkrim par exemple essaie de faire de cette fraîcheur une force. "J'ai une particularité : je parle avec tout le monde et je ne suis fâché avec personne", ce qui, si c'est avéré, est forcément un exploit au PS 13. "Si j'ai un mentor, un ami, même je ne suis pas d'accord avec tout ces derniers temps, c'est [le conseiller général] Rebia Benarioua", finit-il par consentir.
Les propositions de ce militant associatif rejoignent celles des autres candidats socialistes : non-cumul des mandats, plan Marshall dans les quartiers en difficulté qu'il faut reconquérir "avec une armée de travailleurs sociaux", états généraux de l'emploi. Jusqu'à présent, dit-il, il n'avait "pas envie d'être élu". Le contexte morose l'incite à ne plus se contenter d'un engagement de terrain même s'il connaît ses maigres chances d'être encore dans la course en octobre.
"Jusqu'au bout"
Lui aussi n'a pas encore de mandat mais vise déjà la plus haute place municipale. De ces candidats méconnus, Hacen Boukhelifa est certainement celui qui se démène le plus pour se faire connaître. Cet avocat à la voix assurée a lancé sa candidature sous les fenêtres de l'hôtel de ville. Et depuis, il multiplie les cafés citoyens et les apparitions médiatiques, classiques comme sur RTL ou plus incongrues comme juriste conseil sur Radio Orient. Dans sa volonté de médiatisation, un Hacen Shake sur le modèle du Harlem Shake a même été un temps envisagé "mais je n'en ai jamais voulu".
À la presse, Hacen Boukhelifa a présenté une équipe et un programme car, discours récurrent, "cette primaire ne doit pas être un combat de personnes". Ses priorités affichées : sécurité, logement avec la création d'un office municipal qui mettrait en relation locataires et propriétaires, transports. Là encore, les propositions ne diffèrent pas grandement des aînés.
Hacen Boukhelifa comme les autres jure qu'il ira "jusqu'au bout" mais finalement les règles du parti socialiste pourraient les empêcher de le faire. La veille de son lancement officiel, Pierre-Alain Cardona a rendu visite à la Haute autorité, notamment pour signer la charte qui doit policer la concurrence des primaires. Boukhelifa a fait de même. En revanche, rien ne lui assure que chaque candidat ait le même accès aux fichiers de militants. Car, outre les 1300 citoyens qu'ils doivent convaincre de s'engager sur leurs noms, ils doivent également obtenir le parrainage de 200 militants socialistes (sur 2000 dans la ville). "À la Fédé, on nous a assuré qu'on pourrait avoir accès aux fichiers, reprend Cardona. Mais je ne sais même pas s'il y a un mail ou un téléphone associé à chaque nom".
L'exercice est loin d'être aisé, et devrait rapidement éclaircir le choix, y compris pour certains candidats aguerris. Ces poids lourds adoptent tous une forme d'attitude bienveillante à l'égard des présumés "petits". L'un d'eux lâche pourtant : "Ce sont des gens qui cherchent avant tout à se démarquer pour ensuite obtenir un poste au conseil municipal ou dans un conseil d'arrondissements."
Commentaires
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Encore une fois on constate que le parti socialiste affiche sa condéscendence pour les petit ……… La machine à perdre a enclenché la première vitesse ……………… le second tour UMP FRONT NATIONAL se prépare.
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