Les patrons et FO bloquent 300 places de crèches à Marseille

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le 13 Déc 2012
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Les patrons et FO bloquent 300 places de crèches à Marseille
Les patrons et FO bloquent 300 places de crèches à Marseille

Les patrons et FO bloquent 300 places de crèches à Marseille

Ils ont réussi à énerver Jean-Claude Gaudin. En boycottant le dernier conseil d'administration de la Caf, les syndicats FO, CFTC et CGC et les organisations patronales (Medef, CGPME, UNAPL, UPA) ont réussi à bloquer le financement d'un peu moins de 386 places de crèches, dont près de 300 rien qu'à Marseille. Ça n'a pas vraiment plu à la Ville qui comptait ainsi améliorer ses stats en matière de petite enfance et qui l'a fait savoir.

Le conseil d'administration de la caisse d'allocations familiales vote à la fois les subventions de fonctionnement comme d'investissement, les agréments, etc. Cela représente une enveloppe d'environ 200 millions à répartir tous les ans. Ce CA est une institution paritaire fruit du conseil national de la résistance où siègent syndicats représentatifs et personnalités qualifiées par le préfet. D'habitude, ces organisations fonctionnent dans un relatif consensus, à tout le moins avec une majorité claire. Mais le mandat actuel déroge à la règle. La solide alliance FO-CFTC-CGC-patrons (12 membres) a récupéré la présidence face à la coalition Union des associations familiales (Udaf), CGT et CFDT (8 membres). Quatre personnalités qualifiées les ont rejoints et ont fini par voter comme l'opposition.

Boycott

12-12, aucune majorité ne se dégage. La situation est loin d'être pratique, les relations sont tendues, particulièrement entre l'ancien président CGC du CA et le directeur de la Caf, Jean-Pierre Soureillat. Réputé pour sa fermeté, ce vieux routier de la fonction publique a eu l'outrecuidance de vouloir mettre de l'ordre à son arrivée. Il a notamment privé l'élu de sa voiture de fonction avec chauffeur et macaron bleu-blanc-rouge. Le tout sans forcément y mettre les formes. Bilan : le sortant n'est pas en situation de se représenter et c'est un syndicaliste FO, Sylvain Ferrara, qui est adoubé.

Après cette désignation, les bisbilles perdurent, se développent même, jusqu'à ce que l'UPE et ses alliés syndicaux décident tout bonnement de bloquer l'institution avec en ligne de mire le directeur. En marge de la réunion de l'ensemble des Caf départementales à Marseille, le mois dernier, Ferrara est poussé à la démission. Mais ce n'est que le premier acte. La convocation d'un prochain CA approche. Le camp du sortant sait qu'en ne s'y rendant pas, le quorum ne sera pas atteint et la réunion annulée.

Dans la foulée de ce boycott, certains membres du conseil donnent leur démission dont l'ensemble des représentants de l'Union patronale des entreprises particulièrement énervés. Dans les rangs des démissionnaires, une seule voix accepte de nous expliquer son départ : "La ligne décidée ne me convenait pas. À partir de là, on agit en conscience". On est loin de la version officielle qui veut, comme l'exprimait l'UPE lundi, que les démissions patronales résultent d'une lassitudes des entrepreneurs désignés pour siéger à la caisse.

"Tenir la politique familiale"

Pour l'antenne locale du Medef comme pour les syndicats, il s'agit dans un premier temps de repousser le vote du nouveau président à l'année prochaine. "Je ne veux pas croire que ces gens ne souhaitaient pas que des places de crèches soient accordées", estime notre contact. Dans le lot, quinze renouvellements d'agréments de centres sociaux restent aussi en suspens, excusez du peu.

"L'enjeu, c'est surtout de tenir la politique familiale dans les Bouches-du-Rhône", reprend Valérie Marque, l'administratrice CGT. "On est obligés de se battre dossier après dossier, reprend Charly Caugne de la CFDT. En commission, les patrons nous disent que moins d'aides distribuées, cela veut dire moins de cotisations sociales à payer pour eux ensuite." Le cédétiste et ses camarades a fait ses comptes : environ 600 000 euros dédiés à l'aide sociale n'auraient pas été utilisés cette année.

Une telle situation de rupture dans la deuxième Caf de France (380 000 ménages bénéficiaires) émeut jusqu'au ministère des affaires sociales. Du côté du ministère de la famille, on tape même du poing sur la table. Pas question de laisser le chaos s'installer. Un nouveau conseil est convoqué mardi. Pas sûr que les organisations à l'origine de cette situation y assistent. René Ancelin, nouvellement désigné pour représenter l'UPE, avoue ne pas savoir si la politique de la chaise vide perdurera.

S'il y a un moyen de faire en sorte que ces décisions soient prises pour l'intérêt général, faisons-le. Mais aujourd'hui, on a un ordre du jour lourd qui reprend des questions qu'on ne voulait pas aborder comme l'élection d'un nouveau président.

Dans le cas contraire, un administrateur provisoire prendra la main et palliera l'urgence, soulageant ainsi les crèches et autres centres sociaux aujourd'hui en attente. Mais le paritarisme dans les Bouches-du-Rhône aura pris un sacré coup.

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Commentaires

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  1. mohidan mohidan

    Il est à craindre, qu’à la fois par ses alliances et par ses méthodes, le redoutable syndicat FO local, détruise complètement l’ensemble de la Fonction Publique Marseillaise

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  2. anonimous anonimous

    Comment imaginer qu’un désaccord soit guidé pour bloquer les politiques familiales? Pourquoi avoir attendu mi décembre pour verser des subventions de l’exercice 2012? Pourquoi le maire s’émeut il de la situation? pour les crèches municipales? Peut être réalisera t on enfin que le vrai problème est ailleurs : retards récurrents dans les paiements de droits de famille en situation de survie. Alors Madame Tourraine tapait un vrai grand coup de poing : le sécu meurt, arrêter la suppression de poste. Merci aux administrateurs qui ont bloqué pour qu’enfin les pouvoirs politiques se réveillent. Ailleurs, les Caf meurent en silence.

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  3. Anonyme Anonyme

    ;JP SOUREILLAT n’est pas un vieux routier de la Fonction Publique . Comme l’Ensemble du Personnel des CAF il relève d’un Organisme privé chargé d’une mission de Service Public . .. ce que les Media ignorent superbement . Cherchez donc un peu de ce coté là , et , vous aurez un début d’explication sur le Bouzin actuel…

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  4. Anonyme Anonyme

    Comme toujours certains veulent mettre le directeur au pli
    et avoir ainsi la main mise sur les embauches , les emplois , les promos ,les subventions aux prétendus associations ,des avantages tels que voiture de fonction, activité syndicale à plein temps etc …
    Je souhaite du courage à ce directeur

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