Roms : concertation rime quand même avec expulsions
Roms : concertation rime quand même avec expulsions
Manuel Valls a remplacé Claude Guéant place Beauvau mais n'a visiblement pas (encore ?) changé les consignes pour ses préfets : Hugues Parant continuera à autoriser le concours de la force publique pour déloger des Roms à Marseille. C'est le principal enseignement de la table ronde qui s'est tenue hier place Félix-Barret. Elle poursuivait en quelque sorte la stratégie de concertation du gouvernement Ayrault à l'échelle locale. Autour de la table, outre les associations qui viennent en aide aux Roms, Hugues Parant avait réuni Sophie Joissains pour la mairie d'Aix, l'adjoint de Gaudin Michel Bourgat, Michel Amiel représentant le conseil général et Gaëlle Lenfant, le conseil régional. Pour compléter le tableau, le procureur de la république Jacques Dallest avait fait le déplacement tout comme Monique Cordier, la patronne des comités d'intérêt de quartiers. La liste est bien sûr non exhaustive, on ne veut fâcher personne.
Tout ce beau monde a donc confessé sa part de responsabilités et surtout pointé celle des autres. Michel Amiel a réclamé un moratoire sur les expulsions au nom du conseil général dont le principal terrain occupé, celui de l'Arbois sera bientôt évacué suite à une décision de justice que le CG n'a pas réclamé. Côté application de cette décision, seul le préfet décide d'une intervention policière et ce dernier estime ne pas pouvoir la retarder sauf urgence sanitaire. À la sortie, l'ensemble des participants interrogés, à l'image de Gaëlle Lenfant, voyaient le verre à moitié plein et se réjouissaient que la discussion ait pu se tenir dans un climat apaisé. Magnéto Esther.
Comme toute réunion qui se respecte, la seule décision aura donc été de caler la suivante. Elle aura lieu à la rentrée ; les acteurs ont donc deux mois pour peaufiner grosso modo deux questions : celle de l'intégration et celle du retour "apaisé" au pays dont on se demande bien quelles peuvent être les solutions portées par l'échelle locale.
Ce premier rendez-vous n'a donc pas apporté de solutions directes, "tout simplement parce qu'elles n'existent pas", estime Michel Bourgat, l'adjoint au maire de Marseille. Pourtant, l'urgence est bien réelle avec, après celle de Frais Vallon ce matin, deux expulsions de terrains emblématiques à venir à l'Arbois et à Château-Gombert faisant craindre un revival de l'été 2011. Des départs forcés sans solution de relogement qui ne feront que déplacer le problème sur un autre quartier. Seul avantage, cela calme les habitants vivant à proximité de ces campements qui attribuent, bien souvent, tout ou partie de leurs maux à la présence des familles Roms. Monique Cordier, la présidente de la fédération des CIQ, les représentaient hier à la réunion. Magnéto Esther.
Cordier renvoie la balle vers les politiques qui peinent à s'engager "sur un thème peu porteur électoralement tant à droite qu'à gauche", dixit Michel Bourgat. Les scrutins passés, la frilosité reste tout de même la règle. Manuel Valls ne s'est toujours pas exprimé publiquement sur le sujet et les annonces de campagne de François Hollande réclamant des changements dans le droit européen, une solution pour chaque expulsion et la construction de "camps" publics pour les Roms sont restées cachées dans les tiroirs.
Si le mot de "camp" avait fait sursauter les associatifs, ce discours avait au moins eu le mérite d'afficher une politique volontariste tant le silence est de mise depuis le fameux discours de Grenoble. Les intentions sont restées lettre morte. Preuve en est, on ne sait même pas, encore aujourd'hui, quel ministre du gouvernement Ayrault II aura en charge cette question. Échouera-t-elle à la ministre déléguée à l'exclusion Marie-Arlette Carlotti ? Sera-t-elle divisée entre plusieurs porte-feuilles ? Impossible de la savoir, "c'est encore à l'arbitrage", nous précise l'entourage de la Marseillaise. De quoi agacer certains associatifs : ils vont saisir directement Jean-Marc Ayrault dans les semaines qui viennent. Magnéto Esther.
En 2010, alors élu local, Jean-Marc Ayrault avait demandé à l'État de ne pas "se décharger, comme c'est souvent le cas, sur les collectivités locales". Deux ans plus tard, il a les clés en main. À Marseille, l'urgence est humanitaire avant même d'être politique.
Commentaires
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j’ai bien apprecie l’intervention de madame Cordier concernant le point de vue des ciq,je me permets simplement de lui faire part de celui du ciq de saint loup village e date de juin 2012:le 4 mai avons signale à la police la presence de roms installes place du 10 juin 1944 .ceci vient apres plusieurs actions de denociations du meme type de ce ciq dont on peut trouver trace dans les bulletins mensuels.alors si madame Cordier en tant que represente des ciq pouvait avoir une action pedagogique ce serait veritablement une avancee dans ce quartier;comme monsieur Eynaaud je crois à la mobilsation citoyenne faisons un pas vers les autres ca ne coute pas grand chose et cà demande moins d’energie que la chasse
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