Montebourg: "A nous de réussir ensemble la suite de Fralib"
Montebourg: "A nous de réussir ensemble la suite de Fralib"
Sourires détendus ou postures graves, mais surtout des hommes et des femmes en attente. Devant leur usine réappropriée aux slogans de leur lutte, les salariés Fralib sont prêts à accueillir le ministre du redressement productif. Après 600 jours de grève, les 103 salariés restants se gardent d’afficher un enthousiasme trop précipité avant le retour d'Arnaud Montebourg après une première visite lors de la primaire socialiste.
Sur le trottoir en revanche c'est l'ébullition journalistique. La masse des corps disparaît sous les caméras, appareils photo et micros. Les salariés eux attendent un peu en retrait l'arrivée du cortège. Les voitures arrivent et la presse se bouscule lorsqu'en sortent les officiels très attendus. Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, est là "en représentante du conseil général". Aussi présents Michel Vauzelle le président du Conseil régional, Eugène Caselli président de la Communauté urbaine et surtout Arnaud Montebourg, emblème d’une possible sortie de crise, du "changement" promis par François Hollande.
Se voulant rassurant et à l’écoute, le ministre se dirige rapidement vers les salariés, serrant les mains aux célèbres "Fralib", lesquels semblent agacés par la présence oppressante des journalistes. Arnaud Montebourg entouré des élus locaux et d’Hugues Parant, le préfet de région, s'installe derrière la table mise à disposition par les salariés pour commencer son discours.
Un médiateur et son plan en trois points
Le ministre se veut facilitateur et porteur de solutions. Face à des salariés soulagés, Arnaud Montebourg annonce qu' Unilever dont il a vu le directeur général France, ne demandera pas l'application de la décision de justice qui devait les obliger à quitter les locaux au 1er juin. Applaudissements aussi à l’annonce du maintien des machines dans l’usine jusqu’à ce que les négociations prennent fin. Le ministre continue avec la nomination de Michel Bentounsi, directeur départemental des entreprises, au rôle de médiateur en charge "d’examiner les différents projets de reprise".
A la table des négociations, outre le ministère de Montebourg, le médiateur sera entouré des représentants des ministres de l’agroalimentaire, et du travail, sur proposition des salariés. le ministère de Benoît Hamon, ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire sera également présent. Il devrait se voir confier l’examen du projet des salariés, une coopérative ouvrière, érigée en "priorité" par le gouvernement. Le projet de reprise par l’entreprise locale d’agroalimentaire Sibell sera ensuite envisagé. L’entreprise basée dans la même zone industrielle de la Palud à Gémenos entend y développer une nouvelle filière "snack" et ainsi créer 55 emplois. Les éléments de la convention de revitalisation proposés par Unilever seront aussi mis sur la table. Fin des discussions dans un mois conclut le ministre. Magnéto Hugo
La hache de guerre toujours sortie
Grand seigneur, Arnaud Montebourg a tenu à remercier tout le monde, "salariés", "dirigeants", "élus locaux", et "services de l’Etat" avant de chanter l’appui de ce dernier dans le dossier. "Chaque site, chaque emploi doit être pris en considération. L'outil industriel de Gémenos mérite la considération nationale. La protection de nos outils industriels, de nos emplois sont des objectifs au premier plan du gouvernement. La France a besoin de se réconcilier autour de son outil industriel."
Pour Olivier Leberquier, représentant syndical de personnel, l’annonce du ministre du redressement est une vraie lueur d’espoir :
L’annonce du jour est rassurante pour les salariés mais peut-être pas pour longtemps. Malgré le coup de frein symbolique dans la procédure de vente du terrain asséné hier par Eugène Caselli, les propos d’Arnaud Montebourg soulignent que les salariés devront prouver la pertinence et la viabilité de leur projet dont une des grandes faiblesses reste de dépendre des commandes Unilever, à qui ils demandent en outre la cession de la marque Eléphant, ce que la firme persiste à refuser.
Nous ne souhaitons pas soutenir artificiellement des entreprises qui seraient condamnées par avance.
Une déclaration qui n'effraie pas Gérard Cazorla, le secrétaire du comité d’entreprise de l’usine, pour qui cette question "ne se posera pas. Notre projet est viable et il est soutenu par les collectivités locales. Le ministre ne peut pas ignorer que le projet de reprise par l’entreprise Sibell est une manœuvre entre elle et Unilever." "Sibell a connu une année de déficit en 2011, mais la holding Holfimer (qui détient l'usine de fabrication de chips Sibell, ndlr) dont je suis le fondateur est en parfaite santé", réplique Charles Benkemoun, le patron des schips aubagnaises.
Un fondateur qui menace de plus d’attaquer en justice la décision de préemption de MPM car, à ses yeux, "on ne peut pas préempter pour donner à une autre entreprise". Une décision qui pourrait faire traîner le dossier encore quelques temps et, surtout, une manière supplémentaire de faire pression sur des négociations qui font office d'épreuve du feu pour le pompier Montebourg.
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