Marseille, nouvelle terre de pétrole ?
Marseille, nouvelle terre de pétrole ?
Marseille et la Provence, capitale européenne de la culture… et du pétrole en 2013 ? Dans une courrier en date du 25 août 2011, adressé au ministre de l’Écologie, deux firmes « Melrose et Noble prévoiraient de forer un puits d’exploitation aussi tôt que 2013″. La compagnie écossaise Melrose Ressources, spécialisée dans la recherche et l’extraction de pétrole et de gaz – qui exploite déjà de nombreuses plates-formes en Méditerranée – vient de demander à l’État la prolongation de son permis de recherches d’hydrocarbures, dit “Rhône-maritime”.
Les réactions depuis ne manquent pas. Il faut dire aussi que le périmètre concerné est encadré de zones protégées. Il se situe au sud du (futur) parc national des Calanques, à l’ouest du parc national de Port-Cros et tout proche du sanctuaire Pélagos, dédié à la protection des mammifères marins. Ce permis exclusif de recherches avait en fait été accordé en 2002 par un arrêté ministériel sur une superficie de 12 500 km2, à 25 kilomètres des côtes marseillaises.
Après une première phase de recherches, la compagnie Melrose s’est intéressée plus particulièrement à un noyau de plus de 9000 km2, pour lequel elle s’est associée à Noble Energy (une entreprise texane). D’où une demande d’autorisation préfectorale, accordée en août 2010, afin que soient menés des – très controversées – études acoustiques visant à cartographier et analyser le sous-sol. Et ainsi, d’établir un schéma de la zone en 3D. Le permis arrivant à échéance, elle a sollicité sa prolongation en juillet 2011.
De vives réactions
Face à ce projet, la classe politique provençale n’est pas restée silencieuse. Un voeu émanant du groupe EELV/Partit Occitan a été déposé lors de la séance plénière du conseil régional du 16 décembre dernier afin que les services de l’État ne reconduisent pas ce permis. L’UMP (comme le FN) s’était abstenu lors du vote, mais du côté de la mairie de Marseille, le conseiller municipal en charge de la mer Didier Réault a affiché son opposition sur France 3 : « on peut difficilement accepter qu’il y ait une plate-forme pétrolière qui peut, à tout moment, péter et polluer nos côtes ».
La grogne monte aussi en Corse : Simon Renucci, député-maire d’Ajaccio a adressé une question écrite à la ministre de l’Ecologie le 25 octobre 2011, lors d’une séance à l’Assemblée Nationale. Question restée sans réponse jusqu’alors, tout comme la dernière lettre envoyée par EELV en ce début d’année 2012 qui en appelle aux « convictions écologiques » de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Une réponse avant les élections ?
Avoir un retour avant les élections, c’est ce qu’espèrent désormais tous les opposants au permis Rhône-maritime. Laurent Roy, directeur de la Dreal (antenne du ministère de l’Ecologie dans la région) nous indique que cette demande de prolongation du permis « est toujours à l’instruction (…) On est dans des délais normaux ». Achim Gertz, responsable « littoral » pour CAP 21 et délégué régional, qui avait contacté le ministère de l’Ecologie à propos de la validité du permis, s’est lui vu répondre début janvier qu’une décision concernant ce permis ne saurait tarder, mais « qu’un certain nombre d’organismes [devaient] être consultés » auparavant.
Avant même qu’on lui ait demandé, le parc national de Port-Cros avait d’ores et déjà donné son avis – défavorable – « tant en raison des risques actuels d’efforts notables sur les mammifères marins qu’en considération des risques futurs (…) liés à la poursuite du projet ». La sanction est la même du côté du comité français de l’UICN, organisation qui oeuvre pour la conservation de la nature : refus catégorique de ce projet. Donnée inquiétante pour les opposants : comme il ne s’agit pas d’un permis nouveau « il faut des motifs forts pour refuser sa prolongation », prévient Laurent Roy.
Il nous explique qu’il faut distinguer les deux procédures. Le titre dit « minier » qui « donne une exclusivité sur un territoire » est basé sur des considérations purement économiques. C’est le cadre dans lequel se situe la demande actuelle de prolongation. Les « autorisations de travaux » nécessitent, elles, une étude d’impact. « Si le permis est prolongé, il faudra tout de même une autorisation spécifique par exemple pour une nouvelle campagne sismique » conclut-il. Reste que pour beaucoup, la délivrance d’une prolongation serait un mauvais signal en ouvrant la porte à des forages futurs.
Actualisation le 19 janvier à 12h20 : Le député-maire d’Ajaccio Simon Renucci, vient d’obtenir une réponse à sa question écrite, posée lors d’une séance à l’Assemblée Nationale. Elle a été publiée au Journal Officiel en date du 18 janvier. Le ministère de l’Ecologie y écrit que « jusqu’à l’intervention d’une décision explicite de l’autorité administrative, le titulaire (Melrose Ressources, ndlr.) reste seul autorisé à poursuivre ses travaux ». Une décision doit être prise « début 2012″.Le GIP (Groupement d’intérêt public) des Calanques, par la voix de son directeur par intérim Benjamin Durand, nous a fait savoir qu’« on a repris, à titre solidaire les position officielles du Parc national de Port-Cros, pour exprimer un avis défavorable ». Et nous informe également que Guy Teissier – lors de l’assemblée générale prévue demain – « compte proposer de voter un avis défavorable sur l’autorisation demandée à l’État ». |
Une plate-forme pétrolière à 24 km des côtes provençales, ça vous tente ?, sur Marsactu
Permis Rhône-Maritime : le blog de Cap 21 dédié au sujet
Commentaires
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Bah voyons ! “je veux bien du pétrole, mais pas dans mon jardin”. Ca a un nom, cette forme d’hypocrisie particulière à nos temps modernes :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nimby
C’est bon pour les nègres d’Afrique et de Louisiane, les plates-formes, hein…
Le seul truc que je trouve choquant c’est que ce ne soit pas des compagnies françaises qui soient sur le coup…Pour le reste désolé, mais du pétrole j’en suis dépendant, COMME VOUS TOUS. Alors assumez. Un peu.
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Sans évoquer le bien être des “autochtones”, pour ne pas paraitre “nymbiste”, il y-a tout de même quelques motifs de réserves lorsqu’on fait une rapide analyse coûts/avantages :
D’un côté de la balance, les retombées économiques d’exploitations pétrolières seraient limitées, tout au plus un surcroit d’activités pour les raffineries du pourtour de l’Étang-de-Berre; quand aux retombées fiscales, les collectivités territoriales n’en bénéficieraient pas puisque nous sommes dans les eaux internationales (en zone économique exclusive française).
De l’autre côté de la balance, les risques aux conséquences apocalyptiques sont bien réels pour la méditerranée et la côte provençale avec les conséquences évidentes que cela aurait sur le tourisme qui représente la premier secteur d’activité de la région.
Il me semble donc que la balance est loin d’être équilibré.
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L’internaute qui prétend que les marées noires sont une “rigolade” qui se résorbe en peu de temps est très mal documenté. Les fonds sous-marins en stockent des restes pour une durée non connue, probablement des siècles ou des millénaires.
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Je suis d accord pour les forages et l exploitation si l argent va aux français au peuple et non pas aux multinationales. Sans garanties en ce sens alors on trouche pas a ma mer!
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d’ailleurs il y a du nouveau : le ministère à repondu hier (Journal Officiel) à la question au gouvernement du député corse Simon Renucci – une belle langue de bois plutôt inquiétante. Réponse et analyse sur le blog du permis :
http://permisrhonemaritime.over-blog.com/article-reponse-ambigue-du-ministere-a-la-question-ecrite-de-s-renucci-97352412.html
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Ce qui serait intéressant de faire circuler comme info, si elle existe :
Existe-t-il un moyen ou un support pour faire entendre nos voix contre ce projet aberrant ??!!
Pétition, etc, à faire remonter à NKM et autres.
Car si ce territoire appartient certes à la France, il est d’abord occupé par les gens de Marseille et alentours, qui eux, ont le véritable “usus – abusus – fructus” !
En clair : ne toucher ni à ma terre, ni à ma mer.
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Aurons nous notre mot à dire en cette période de mise sous tutelle des anciennes grandes nations occidentales, à l’instar de ce qui s’était passé pour les Empires Ottoman et Chinois ?
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