Nouveaux tarifs des trains régionaux : tous dans le même wagon

Les cinq groupes politiques du Conseil Régional ont voté, lors de l’assemblée plénière, la réforme tarifaire des transports régionaux. Tous sans exception. Même pas une abstention. Le groupe de la majorité présidentielle s’est même fendu de quelques compliments sur certains points du projet, par l’intermédiaire de Yannick Chenevard, membre de la commission Transports et Eco-Mobilité.

Trois cartes de réduction

Une réforme en deux volets qui doit voir le jour, pour la première partie, en septembre 2011. C’est à ce moment que sera mise en place la carte «études» pour les réseaux régionaux. Elle permettra aux collégiens, lycéens, étudiants apprentis et stagiaires de la formation professionnelle de moins de 26 ans de voyager gratuitement lorsqu’il s’agira de trajets «domicile-études» et de 50% de réduction sur les autres trajets. Elle coûtera quinze euros. «Ainsi le prix des transports ne sera plus un frein aux études», a lancé Jean-Yves Petit (Groupe Europe Ecologie, Les Verts, Partit Occitan), vice-président délégué aux Transports, qui ajoute : «Avec la hausse constante du prix du carburant, il y a une forte attente de nos concitoyens au niveau des transports».

Accessible sans conditions, la carte «tout public» sera quant à elle modifiée : elle donnera droit à 50% de réduction sur tous les trajets pour le détenteur de la carte et pour trois accompagnants, ainsi qu’à 75% de réduction pour l’achat d’un carnet de 10 tickets. Le prix sera de quinze euros pour les moins de 26 ans et de trente euros pour les autres. Enfin, la Carte «solidarité» qui existe déjà et qui offre 90% de gratuité sur tous les trajets verra sa durée de validité étendue de six mois à un an et sera désormais utilisable sur le réseau Chemins de fer de Provence (CP).

La gratuité divise toujours

Des mesures votées donc à l’unanimité. «Il y a plus de points positifs que de points négatifs. Cela va dans la bonne direction, mais on aurait pu aller plus loin», justifie Thierry Mariani, président du groupe UMP et secrétaire d’Etat aux Transports. Qui histoire de ne pas faire complètement cause commune avec la gauche n’en reste pas moins convaincu qu’un «ticket à un euro symbolique aurait été mieux pour un service public. La gratuité donne le sentiment aux gens que c’est un service qui leur est dû». Un point de vue qu’il avait déjà défendu, en 2010, lors d’une interview croisée dans Le Ravi avec Jean-Marc Coppola, conseiller régional du groupe Front de Gauche.

Une interview où il plaidait également sur ce que l’on retrouve dans le second volet (prévu pour 2012) de la réforme, consistant à instaurer une gamme tarifaire zonale et multimodale. A la manière d’un pass Navigo en Ile-de-France, la Carte Zou permettra d’avoir une seule et même carte pour différents réseaux de transports (bus, métros, trains…). Ce sera aussi l’occasion pour la Région d’établir une tarification zonale, afin de gommer un maximum les différences de prix entre les transports urbains, départementaux et régionaux. Là dessus, il « attend de voir », jugeant que la Région n’a guère mis le turbo dans ses discussions avec les autres collectivités chargées des transports (agglos, conseils généraux…).

En bonne voie

Mais pour donner envie de prendre le train, même à prix réduit, encore faut-il avoir un réseau performant. Lanterne rouge française en terme de qualité de service, la région a lancé. Et les premiers résultats, présentés comme promis sur le site de la région, sont là : le taux de trains supprimés est passé d’environ 7% en 2010 à environ 1% au premier trimestre de 2011 et la régularité à cinq minutes a gagné cinq points pour atteindre les 92%. Avec, dans le même temps, une augmentation de la fréquentation de 2,3% et des recettes de 7%.

« Ca s’améliore, on ne va pas dire le contraire », concède Thierry Mariani qui risque en revanche de différer légèrement du président Michel Vauzelle sur les raisons : « la région a arrêté d’avoir une attitude schizophrénique ». Autrement dit, l’ancien vice-président communiste chargé des Transports Gérard Piel dont le « travail (…) est de défendre les usagers » était selon lui davantage « un porte-parole de la CGT qui se fait le relais des préoccupations des cheminots », avait-il expliqué aux Echos pendant la campagne. Et puis « si la Région a fait un effort, peut-être qu’accessoirement la SNCF et Réseau ferré de France ont pris un certain nombre d’initiatives, en regardant avec attention certaines lignes », glisse habilement celui qui est leur autorité de tutelle.

Dans le brouillard

Reste maintenant à savoir si ces nouvelles cartes vont porter leurs fruits. Car pour l’instant, c’est le flou absolu. Actuellement plus de 100 000 voyageurs chaque jour empruntent les réseaux de transport public régionaux. Jean-Yves Petit espère «dans l’idéal» faire tripler ce chiffre. Sur quelle base ? «A priori, ça va marcher». C’est la réponse du vice-président délégué aux Transports, qui se base visiblement plus sur des contacts avec les syndicats étudiants que sur des études de marché ou des sondages pour connaître les habitudes des utilisateurs et donc lui permettre de mesurer l’efficacité de la réforme à venir…

Mais le brouillard devrait se dissiper en partie d’ici la fin du mois d’août lorsque il connaîtra le nombre de jeunes qui auront pris une Carte «études», ce qui permettra également de savoir si l’offre arrivera à suivre, notamment sur la ligne Aix-Marseille en heure de pointe. Autre interrogation : si les bénéficiaires de cette carte ne rapporteront pas un centime de plus, on attend avec impatience de savoir si la carte « tout public » enregistrera de nouveaux abonnés, qui pourraient venir alléger le budget de la révision tarifaire (16,37 millions d’euros par an), calculé « sur la base actuelle ».

SNCF/ Région Paca : retour sur les rails ?, interview de Jean-Yves Petit sur Marsactu