Terminaux méthaniers de Fos : le débat public se conclut sur de sérieuses réserves
Terminaux méthaniers de Fos : le débat public se conclut sur de sérieuses réserves
Après plus de 40 heures de débat, c’est l’heure du bilan autour des deux projets de terminaux méthaniers de Fos Tonkin (porté par GDF Suez) et Fos Faster (poussé par Volpak et Shell). Pour Jean-Claude Terrier, directeur général du Grand port maritime de Marseille (GPMM), sur lequel ces infrastructures sont prévues, « le débat public a permis de confirmer l’enjeu stratégique des deux projets envisagés pour la France et pour la région » avec « pour la filière portuaire, une activité supplémentaire », rapporte la synthèse rédigée par la Commission particulière du débat public (CPDP).
Sans surprise, l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13), a également apporté son soutien à ces investissements de 1,2 milliard d’euros, y voyant « un atout majeur pour le développement du territoire et son rayonnement ». Idem pour la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence.
Tonkin plus que Faster
Sans surprise non plus, les associations de défense de l’environnement, qui pour certaines ont officiellement boycotté le débat, ne se sont pas privées de faire valoir leurs inquiétudes, notamment concernant la biodiversité, la pollution marine et atmosphérique. Sur Internet, les risques industriels et la sécurité maritime ont également été largement débattus d’après la CPDP.
A l’image de l’Union régionale vie et nature qui a émis une position « nuancée » pour Fos Tonkin mais « particulièrement réservée », pour ne pas dire contre, Fos Faster, c’est surtout ce second projet qui cristallise les oppositions. Y compris chez le maire de Fos-sur-Mer, le socialiste René Raimondi : « Sur le projet de GDF Suez, à Tonkin, c’est la pérennisation d’un outil existant, pourquoi pas ? Mais nous ne voulons pas que Fos Faster construise sur la mer », nous explique-t-il. Car l’idée est d’installer le terminal sur un îlot artificiel d’une quinzaine d’hectares. L’Institut éco-citoyen pour la connaissance des pollutions (IECP), créé sous l’égide du syndicat d’agglomération nouvelle (San) Ouest Provence et qui rassemble élus, industriels et scientifiques, regrette notamment que la synergie avec le site de Combigolfe (l’un récupérant l’eau chaude de l’autre dont il a besoin et inversement avec l’eau froide) « semblerait passer au second plan devant les contraintes d’investissement et d’exploitation ».
Aménagement au coup par coup
Mais, surtout, René Raimondi « demande de manière ferme un débat global sur la zone organisé par le port autonome ». Un aspect qui a traversé tout le débat public, incapable d’y répondre par sa focalisation sur deux projets particuliers. Il reconnaît d’ailleurs qu’« on a fait expier aux industriels (porteurs des deux projets, ndlr) tous les péchés de cette zone, c’est un peu injuste ». Le texte rédigé par l’IECP est également clair : « Si les quarante premières années d’existence de la ZIP ont vu proliférer les installations lourdes aux impacts environnementaux forts, sur une surface sans limite géographique vraiment contraignante, la poursuite de l’aménagement de la zone doit aujourd’hui être guidée par le principe du mieux industriel. A ce titre, les impacts environnementaux ne doivent plus être évalués individuellement pour chaque projet ou pour chaque activité mais doivent être globalisés afin d’avoir une vision d’ensemble de l’emprise environnementale. »
René Raimondi a également tenu à élargir le débat à la question des transports, les dessertes routières étant « dangereuses » et « saturées ». Et de prévenir lors d’une réunion le président de la société porteuse du projet : « n’imaginez pas faire venir quelque chose par le fer. Il n’y a qu’une voie ferrée, c’est-à-dire que quand un train s’engage et qu’un autre veut repartir, il faut attendre, effectivement, que celui-ci soit passé pour qu’il puisse partir dans l’autre sens ».
Jean-Pierre Estela, président du Centre d’études et de recherches sur les hommes et les entreprises et membre du conseil de développement du GPMM, que la nécessité d’infrastructures routières et ferroviaires avaient déjà été fortement soulignées il y a six ans, lors du débat public autour du terminal conteneur Fos 2XL. Face à ces critiques, Jean-Claude Terrier a joué l’apaisement, promettant un nouveau pacte de concertation, la mise en place de politiques contractuelles et une approche globale sur la desserte multimodale.
Pas de belles promesses sur l’emploi
Dernier point dur : l’emploi. « Il est vrai que les promesses rendent toujours les enfants joyeux. Et qu’il y a des années et des années ou à chaque fois qu’il y a une implantation, on nous promet beaucoup en termes d’emploi, et notamment d’emplois fixes au terme du chantier. Et quand on regarde réellement le résultat, on est très loin des promesses qui ont été faites », a rappelé Bernard Granié, président du San Ouest Provence (PS).
Qui n’a évidemment pas oublié de mentionner la perte de la taxe professionnelle, qui va diviser par dix les recettes que l’intercommunalité peut attendre des projets. Conclusion adressée aux porteurs de projets : « faites donc passer le message à vos entreprises d’ingénierie : nos entreprises et les personnes qui y travaillent sont en capacité de vous répondre et de faire du bon travail. Quand vous aurez un problème il ne faudra pas aller chercher en Italie, en Pologne ou ailleurs ». Pour Fos Tonkin, GDF Suez a d’ores et déjà confirmé son projet, pour Fos Faster la réponse sera connue d’ici trois mois.
Terminaux méthaniers de Fos-sur-Mer : la question à 1,2 milliard d’euros, sur Marsactu
Flash-back de l’Ina sur 40 d’industrialisation à Fos-sur-Mer, sur Marsactu
Fos Tonkin et Fos Faster : beaucoup d’emplois pendant les chantiers, mais après ?, sur Maritima
La présentation des projets, les différentes positions, les questions-réponses internet et le compte rendu de toutes les réunions sur le site de la CPDP
La synthèse du très intéressant atelier sur les synergies industrielles
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