Départ de Ryanair de Marseille : les politiques entrent en piste

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le 15 Oct 2010
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Départ de Ryanair de Marseille : les politiques entrent en piste
Départ de Ryanair de Marseille : les politiques entrent en piste

Départ de Ryanair de Marseille : les politiques entrent en piste

Embarquement immédiat, choisissez votre destination : UMP, PS, Modem, Front de gauche, Europe Ecologie… Depuis que le PDG de Ryanair Michael O’Leary a annoncé mercredi la fermeture de sa base marseillaise (voir notre article sur le sujet), la classe politique nous a offert un large éventail de positions dans un débat très large.

C’est le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (UMP) qui a ouvert le bal dès mercredi dans un communiqué. Pour lui ce sont « les syndicats qui ont poussé l’entreprise irlandaise hors du territoire français. J’espère que ce comportement irresponsable ne conduira pas l’aéroport de Marignane dans la même impasse que celle connue aujourd’hui par le grand Port Maritime de Marseille », assène-t-il. Il faut dire que c’est tendance, même au PS de taper sur les syndicats.

Monopole ou pas monopole ?

La suite est d’une vigueur plus étonnante : le « grand gagnant » de cette histoire est « bel et bien le groupe Air France qui retrouve, ainsi, son monopole, en imposant aux Français des tarifs beaucoup plus élevés », attaque l’édile. Il a d’ores et déjà contacté Nicolas Sarkozy pour obtenir l’abrogation du décret exigeant d’employer les personnels navigants sous statut français, contrairement à la réglementation européenne. « Comment peut-on défendre une entreprise qui est dans l’illégalité. On a affaire à quelqu’un qui fait feu de tout bois contre les droits des travailleurs et  la législation », tacle Jean-Marc Coppola, vice-président communiste du conseil régional. Patrick Mennucci n’y va pas non plus par quatre chemin en traitant la compagnie de « pirates » et en appelant à « ne pas céder ».

Du côté d’Europe Ecologie, Karim Zeribi s’étonne « que l’on parle que d’Air France d’un côté et de Ryanair de l’autre : il y a un modèle intermédiaire. Alors oui on peut faire preuve d’un certain catastrophisme et dire qu’il y a des emplois en jeu, mais ensuite ? Est-ce qu’on doit se plier au modèle Ryanair, ou est-ce qu’on laisse la place à des acteurs plus responsables tout en étant compétitifs ? »

En attendant, c’est pourtant la filiale à vocation low cost d’Air France, Transavia, qui débarque comme une fleur dans La Provence ce matin pour annoncer de nouvelles ouvertures de lignes prochainement, en plus du Marseille-Monastir prévu depuis plusieurs mois. Son président Lionel Guérin a d’ailleurs dû écouter Karim Zeribi hier dans les Grandes Gueules sur RMC (17e minute), puisqu’il reprend son expression sur « le plombier polonais et la compagnie aérienne irlandaise ». C’est pas beau de copier…

Le Modem appelle Ryanair

Au Modem, on estime également qu’avec plus de 80% des vols opérés par Ryanair sur le terminal low cost MP2, l’offre limitée des concurrents et l’arrivée prochaine de Transavia, voire d’Air France Express, l’ancien groupe public disposera d’un « monopole de fait ». Christophe Madrolle, vice-président de Marseille Provence Métropole chargé du tourisme s’est donc entretenu ce vendredi avec Michael Crawley, n°2 de Ryanair. Après avoir rappelé l’importance de l’aspect social pour lui, il l’a assuré qu’il se battrait aux côté de Jean-Claude Gaudin pour obtenir l’abrogation du décret. De son côté, Michael Crawley a confirmé qu’en cas d’annulation de ce casus belli, la compagnie reviendrait sous trois mois, avec en perspective un cinquième avion basé à Marseille et donc des lignes supplémentaires.

Pour sa défense, il a répondu que Ryanair « paie les plus hauts salaires dans le transport aérien et que parmi 7500 employés il est facile d’en trouver quelques uns qui ne sont pas contents ». Et ça suffit pour convaincre le Modem ? « Non mais c’est une négociation. Mais je n’ai pas fermé la porte, cette conversation me donne une certaine légitimité pour intervenir. Ce n’est pas en leur tapant dessus qu’on fera changer les choses », justifie Christophe Madrolle.

Michael Crawley a d’ailleurs affirmé que si Ryanair, c’est « pour toujours ». Voilà qui devrait rassurer – ou pas – ceux qui comme Jean-Marc Coppola l’ont en travers de la gorge que la compagnie décolle après avoir touché de généreuses subventions, et en demandent le remboursement. « On est à l’aise là-dessus car la Région n’a pas mis un euro sur Ryanair », glisse-t-il. Sans aller jusque-là, Karim Zeribi estime que cela doit servir de leçon « à l’avenir pour les collectivités concernant les aides aux acteurs économiques. S’il n’y a pas de contrat qui permet de s’inscrire dans la durée il ne faut pas s’étonner que les gens partent à la moindre secousse. » Ce que Christophe Madrolle « ne comprend pas » que le Conseil général et la Chambre de commerce et d’industrie n’aient pas fait.

Introuvable Europe sociale

Preuve que le sujet est inépuisable, le débat s’oriente maintenant sur la question européenne. « Tant qu’on n’aura pas fait une Europe politique, sociale et fiscale, on aura ce genre de problèmes. L’Europe ne peut pas être qu’un libre marché où l’on transfère des capitaux », avance Karim Zeribi (repris là encore quasiment mot pour mot par Lionel Guérin). Reste à se mettre d’accord sur la méthode. « Vous voudriez qu’on respecte le droit européen quand en 2005 les Français ont dit non à la constitution ? », rappelle Jean-Marc Coppola.

« Que l’on soit clair : le modèle proné par Ryanair n’est pas le mien. Mais certains politiques semblent le découvrir aujourd’hui alors que nous savons très bien comment fonctionnent les entreprises irlandaises, anglaises… Oui il faut qu’on arrive à construire une Europe sociale qui je l’espère sera la plus proche possible de notre modèle. Mais on ne pourra pas l’imposer comme cela. L’Europe est majoritairement libérale aujourd’hui et je le regrette, mais c’est une instance démocratique », rétorque Christophe Madrolle.

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Commentaires

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  1. fabien fabien

    “Tant qu’on n’aura pas fait une Europe politique, sociale et fiscale, on aura ce genre de problèmes.” Je pense que tout est dit…

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  2. céhère céhère

    Madrolle, un bouffon de plus sur la scène politique marseillaise.

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  3. prapin prapin

    pub (fausse) ryanair:10 euros aller et 10 euros retour pour bruxelles…au moment de payer,la note était passée à 60 euros…chez ryanair 10 + 10= 60…

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  4. BOIRON BOIRON

    Je partais pour le Maroc ou ailleurs pour moins de 100 Euros. Maintenant c’est fini! Merci au lobby de Air France qui finira par en crever le jour proche où les gens ne voleront plus sur leur (mauvaise) ligne.

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  5. PROTIS PROTIS

    Dans le “pandémonium” marseillais ,il y à de plus en plus de circenses et de moins en moins de panem , il est fabuleux de voir une classe politique ultra médiocre , autant à gauche qu ‘à droite ,réagir à chaud ,sur des évènements pourtant prévisibles de longue date ,de grace que ces gens cessent de se prendre pour des entrepreneurs avec l ‘argent du contribuable !Et de parler surdessujets qu ‘ils ignorent !

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  6. PROXITEL PROXITEL

    Heureusement que nous avons un Maire que le monde entier nous envie et un MODEM ! ce monsieur MADROLLE m’a l’air de connaitre tout, et le reste, sur le bout des doigts.
    Non messieurs, Il ne me semble pas qu’on puisse bâtir un contrat social dynamique et mobilisateur en étant guidés par le seul “moins disant social” et le chantage aux subventions sans contrôle et à l’emploi. N’en déplaise à notre Maire si clairvoyant , la loi , y compris la loi sociale, s’impose à tous ( sur ce sujet Monsieur Menucci et Monsieur Zeribi ont raison) La question de la mise en concurrence pour contenir des prix reste entière, mais ce n’est pas la “dérégulation sauvage qui apportera la réponse”. Plutôt que se faire mousser à la faveur d’un conflit ( un de plus), ouvrez une réflexion, un débat ( c’est compliqué ? raison de plus )sur les règles d’une concurrence “loyale et équilibrée”, ce sera plus productif que des prophéties de Monsieur “je sais tout”. Voyez vous Monsieur GAUDIN je vous ai entendu dire au pape qu’à Marseille l’église va bien ! les voies “du ciel” de Ryanair sont décidément impénétrables! et vous Monsieur le Maire ça va bien j’espère? A quand la retraite, place aux jeunes! Ils vous le disent en ce moment, entendez les.
    Merci

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  7. ymerej ymerej

    ” Michael Crawley a d’ailleurs affirmé que si Ryanair, c’est « pour toujours ».” ???

    —-

    Pour le reste, rien de nouveau … Chacun joue son rôle. Cette fois ci le MODEM a décidé de se replier à droite … Bah oui c’est quand même plus facile de dire aux gens (surtout aux Marseillais …) ‘” vous allez pu partir en vacances à cause des méchants syndicats et Gauchistes” que ” OK ça emmerde presque tout le monde ce départ mais … la loi sociale doit être respectée … Sinon c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres et un jour, vous aussi, vous comprendrez l’importance de défendre les acquis sociaux”

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  8. céhère céhère

    Patron voyou, élus complices http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2031

    Gaudin et pfister explosent en vol au bout de trente secondes en face des questions d’une journaliste qui a préparé un minimum son enquête. Il est vrai qu’ils n’ont pas l’habitude avec la provence ou france 3.

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