Le commissaire enquêteur s’oppose sévèrement au projet d’hôpital privé de Saint-Barnabé
Le commissaire enquêteur vient de rendre un avis défavorable au projet d'hôpital privé qui doit s'installer en lieu et place de l'ancien collège Louis-Armand (12e) à Saint-Barnabé. Son rapport est sans concession sur l'insertion urbaine du projet.
Vue d'architecte du projet d'hôpital privé (Image DR)
En trois petites pages et sept arguments implacables, le commissaire enquêteur Yann Le Goff rend un avis défavorable au projet d’hôpital privé qui doit s’installer sur le site de l’ancien collège Louis-Armand (12e). “Parce qu’il n’est pas souhaitable qu’un tel projet se fasse sans un large soutien du public et de ses riverains”, assène-t-il.
Durant un mois, jusqu’au 17 octobre, les citoyens et les institutions publiques étaient censées donner leur avis sur ce qui est présenté comme “le plus grand hôpital privé de France”, porté par le groupe Sainte-Marguerite et né de la fusion des cliniques Vert-Coteau et Beauregard. L’actuel plan local d’urbanisme de Marseille ne permet pas la construction d’un tel bâtiment à cet endroit et il doit donc être rendu compatible, ce qui nécessitait une enquête publique. Ils ont été 560 à faire des observations, une performance sur un mois.
Et c’est un front hostile qui s’est exprimé tout au long de l’enquête publique et qui nourrit en partie l’avis du commissaire enquêteur qui trouve bien peu d’arguments favorables.
Pour Yann Le Goff le choix du site, en l’occurrence un ancien collège désormais propriété de la ville de Marseille, ne résulte pas d’une véritable étude foncière mais d’une simple “opportunité”. Il s’étonne de l’absence d’une réelle étude permettant de comparer différents sites et conclut sans ménagement : “Il est probable que si une telle étude avait été menée, l’argument de l’opportunité n’aurait pas pesé bien lourd”.
L’étude de circulation “n’est pas pertinente”
Or, c’est bien le choix du site, dans une zone bien desservie en transports en commun mais au réseau routier mal adapté, qui déclenche les commentaires les plus hostiles. Et rien dans le projet comme dans les réponses de la métropole n’est de nature à calmer ces inquiétudes. Ainsi concernant la desserte du site, la métropole estime que l’impact de l’implantation de l’hôpital n’entraîne qu’une évolution “modérée” de la circulation à proximité du futur hôpital. Une conclusion qui ne satisfait pas Yann Le Goff :
Il note par ailleurs que la présence d’une station de métro ne suffit pas à satisfaire les besoins en desserte du futur hôpital, “pour le commissaire enquêteur comme pour la très grande majorité d’observations exprimées par le public, la proximité “à vol d’oiseau” de la rocade L2 est une vue de l’esprit en terme de circulation”, écrit-il encore.
Même ton cinglant à propos de l’hélistation installée en toiture du futur établissement et dont de nombreux riverains – le proviseur du collège voisin inclus – craignent les nuisances et le danger potentiel. La métropole tente de justifier le projet sans convaincre le commissaire enquêteur qui juge que sa réponse “n’apporte rien” et qu’elle n’est pas de “nature à rassurer les riverains“.
100 lits en plus
Concernant l’insécurité que la présence persistante d’une friche entraînerait actuellement pour les riverains immédiats du collège, la réponse du commissaire a là encore la vigueur d’un soufflet : “l’insécurité du site est de la responsabilité de la Ville de Marseille, il n’est pas nécessaire d’attendre un hypothétique projet immobilier pour y mettre un terme”.
Enfin, si le commissaire enquêteur ne se penche pas sur l’effet d’une telle implantation sur l’offre de soins globale à Marseille, il s’interroge tout de même sur l’autorisation que l’Agence régionale de santé aurait donné au regroupement en demandant à ce qu’elle figure au dossier d’enquête publique. “Est-ce que l’augmentation d’environ 100 lits par rapport à la capacité actuelle des deux établissements est compatible avec cette autorisation ?”, s’interroge-t-il. Une question restée sans réponse, si ce n’est par la voix d’un représentant de l’ARS, Gérard Mari, en charge de l’instruction du dossier initial. Il estime que “l’approche par nombre de lits est ambiguë, elle n’est pas celle de l’ARS qui raisonne en termes de services. Un lit pouvant être occupé de diverses façons, cela ne peut pas être un critère fiable”.
Pour l’heure, la métropole Aix-Marseille Métropole n’a pas souhaité réagir à cet avis du commissaire enquêteur. Il sonne pour le collectif de riverains comme un encouragement à poursuivre leur combat. “Nous avons une réunion ce soir [mercredi], explique Cécile Vignes, porte-parole du collectif des habitants de Saint-Barnabé. Si la métropole persiste dans son projet nous étudierons la possibilité de déposer un recours. Mais nous sommes dans le dialogue et j’ai demandé un rendez-vous à [sa présidente] Martine Vassal. Il n’est pas possible de poursuivre un tel projet dans nos quartiers alors que tout le monde y est hostile”.
Lire le rapport du commissaire enquêteur :
Commentaires
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Voilà, s’il en était besoin, l’exemple parfait de la façon dont l’aménagement urbain est géré à Marseille. Sans vue d’ensemble, sans études préalables, mais avec l’argument de “l’opportunité” ! “J’ai un terrain ici, tiens, et si on y mettait ceci ou cela ?” Qu’importe la voirie, qu’importe la pertinence de la localisation…
On trouve ainsi, au hasard des cessions de terrains aux promoteurs, de plus en plus de résidences collectives au bout de chemins où les voitures ne peuvent pas se croiser, et qui ne sont du reste pas prévus pour supporter une circulation automobile intense… Et bien entendu, il n’y a jamais de réflexion sur la desserte en transport collectif : c’est trop extravagant pour les braves gens qui gèrent cette ville. “S’ils n’ont pas de bus, qu’ils prennent leur voiture”, aurait dit Marie-Antoinette…
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Vous avez tout dit dans votre analyse Electeur du 8e, c’est exactement ça! Les exemples pullulent sur l’hérésie de l’aménagement à Marseille…
Par exemple la ZAC des Hauts de Sainte Marthe, Presque 2000 logements de part et d’autre d’une ligne droite sans desserte de bus(jusqu’à présent alors que les constructions ont été édifiées depuis plusieurs années), sans aucun commerce ou service public, 2 accès pitoyables dont un où les véhicules ne peuvent se croiser en même temps (côté église de Ste Marthe). Même un enfant de 10 ans trouverait ça absurde…
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L’exemple que vous citez est très probant pour qui penserait que l’on exagère les tares de cette nullicipalité en la matière. Pour aller y voir, il faut prendre la voiture (et la plus grande prudence, c’est étroit et dangereux); On se demande d’ailleurs par où passeraient les bus, s’il y en avait. Ou alors le train, arrêt en gare de St Marthe (priez pour nous) et une prudence encore plus grande, les trottoirs étant fort exposés et encore plus étroits que la route.
Il faut préciser qu’il n’y a vraiment, mais alors vraiment, aucun équipement public à la ronde, ni fait ni annoncé, en dehors des deux écoles privées pré existantes et mitoyennes, rendant le circuit plus dangereux encore pour les petiots et leurs parents, d’autant que le circuit était, jusqu’à très récemment, utilisé comme “déviation” durant l’épouvantable chantier de la L2! Last, faut il le préciser, ce n’est pas fini. Et si aucun équipement public n’est annoncé, les bâtiments continuent de pousser, et les panneaux des promoteurs d’annoncer la suite. (A fuir! pour l’habitat, et fortement déconseillé pour le jogging).
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Cher 8e , un petit bémol à la clef ou un complément à votre commentaire , ce ne sont pas de” braves gens” qui gèrent mais des affairistes qui sont là pour contribuer à développer des intérêts privés au détriment et au mépris du public.
Le mot “brave” était sans doute plein d’ironie dans votre commentaire et de second degré mais je me suis permis de mieux préciser le profil de ces personnages dans cet ajout.
Concernant la politique de la ville le résumé de la situation est tout à fait clair, cette notion est totalement inconnue à Marseille.
D’ailleurs à ce propos , il faudrait offrir à Caradec et son orchestre le jeu SIMCITY, ce qui leurs permettraient sous un aspect ludique de leur faire acquérir un semblant d’éducation urbanistique. Mais malheureusement je crois qu’ils préfèrent le MONOPOLY, c’est plus lucratif.
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Qu’il s’agisse de la multiplication des cliniques privées (pour mieux démanteler l’hôpital public) ou des EHPAD ( Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) le but de la Mairie et des investisseurs n’est pas le service à la population mais le retour sur investissement et le profit. C’est ce que le rapporteur appelle « le projet industriel ». De plus, ces investisseurs profitent ensuite chaque année de l’argent de la Sécurité Sociale dont on ne manque jamais d’accuser le déficit sans s’inquiéter de savoir où passe l’argent. Et bien sûr ils profitent de l’argent des malades ou des personnes âgées compte tenu des tarifications élevées et du “reste à charge”. En parallèle le marché des mutuelles est lui aussi assez lucratif et il suffit de voir la débauche de publicité pour s’en rendre compte. Le service de santé reste accessoire par rapport à ces considération et sert plutôt d’alibi. Il serait temps de repenser le service public au service d ela population.
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Voila un rapport interessant sans langue de bois. Il faudrait pouvoir compter sur ce type de professionnels pour redresser la ville et cadrer nos élus qui font toujours un pont d or aux investisseurs privés (qui se gavent sans auncune contrepartie). Mais….Quel est le poids de cet avis ?
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Bonjour,
la métropole a annoncé qu’elle se conformerait à cet avis défavorable https://marsactu.fr/bref/lhopital-prive-de-saint-barnabe-ne-se-fera-pas/
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