Moins cher mais moins souple, le nouveau système de garderie n’arrange pas tous les parents

Décryptage
le 31 Août 2018
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Pour cette nouvelle année scolaire, la ville de Marseille propose un nouveau dispositif pour les garderies dans les écoles. En apparence avantageux, avec des tarifs échelonnés en fonction du quotient familial, ce nouveau système risque de se transformer en casse-tête pour certains.

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L'école du Rouet à Marseille. Image d'illustration (LC)

L'école du Rouet à Marseille. Image d'illustration (LC)

Désormais, pour inscrire votre enfant dans les garderies des écoles marseillaises, vous utiliserez “Superminot”, le nouveau dispositif de la Ville. Celui-ci a eu droit à une belle campagne de communication avec un nouveau site internet qui propose des horaires de garderie étendues et surtout, non plus trois mais dix tarifs échelonnés selon le quotient familial donné par la CAF. Avec la fin de la semaine de quatre jours et demi, la Ville a dû revoir le temps d’accueil périscolaire ainsi que son système de facturation. Ce nouveau dispositif permet donc de faire de réelles économies pour certains parents. Mais d’autres ont eu une mauvaise surprise en calculant leur nouveau budget. “Je passe de 150 euros l’année à 600 euros”, raconte Caroline Enselme, enseignante et mère de trois enfants.

La raison de cette augmentation ? Exit la garderie facturée par jour de présence, bienvenue au forfait. Et ce dernier n’est pas si simple. Il est possible de choisir entre une inscription annuelle, ou bien renouvelable “à la période”, c’est à dire par tranche de 35 jours. Comprenez, si vous décidez d’inscrire votre enfant le vendredi soir par exemple, vous paierez pour tous les vendredis même si le petit est malade et reste chez lui.

“Je verrai mon emploi du temps, je croise les doigts”

Ce nouveau système convient donc aux parents ayant un emploi du temps régulier, mais pas à ceux dont les horaires de travail et les besoins varient. “L’an dernier, mes enfants étaient à la garderie deux soirs par semaine mais les jours de garde variaient. Ce nouveau système ne me permet plus de faire ça. J’aurais dû les inscrire pour chaque soir et la facture serait montée à 800 euros par an”, regrette Fred Pascal, entraîneur sportif et père de trois enfants, dont l’aîné est désormais au collège.

Grille tarifaire pour les temps d’accueil périscolaires à Marseille en 2018.-2019.

Si pour la garderie du soir il y a le choix des jours, ce n’est pas le cas pour les garderies du matin. Pour un accueil de 7h30 à 8h30, ce sera une inscription sur toute la semaine scolaire ou rien. “Les parents ne sont pas bêtes, ils ne vont pas se forcer à payer quatre jours de garderie s’ils n’ont besoin que d’un matin ou deux dans la semaine. Il faut vraiment ne pas connaître les conditions de travail des gens pour faire un tel dispositif”, reproche Séverine Gil, présidente du mouvement des parents d’élèves des Bouches-du-Rhône (MPE13).

Pour les parents concernés, trouver une autre solution de garde revient donc souvent moins cher que de se plier à ce nouveau dispositif. Le père de famille, Fred Pascal, a pu s’organiser avec son travail. “Je commencerai plus tôt, comme ça je pourrai finir plus tôt et aller les chercher à la sortie de l’école”, détaille-t-il. Caroline Enselme quant à elle attend encore avant de prendre une décision. “Je verrai avec mon emploi du temps, je croise les doigts pour avoir des horaires me permettant d’éviter la garderie. Sinon, j’ai commencé à entrer en contact avec des étudiants qui pourront garder mes enfants. Pour l’instant on n’a qu’un seul enfant scolarisé, mais l’an prochain mes deux jumeaux seront aussi en primaire, ce serait une dépense colossale si on les met tous à la garderie de l’école”, s’énerve-t-elle.

“Cela force des parents à trouver d’autres solutions, mais c’est bête. Le service est fait pour eux, il faut le créer en fonction des besoins, assène Séverine Gil. C’est ajouter une contrainte pour rien.” Autre nouveauté, les activités du soir sont prolongées jusqu’à 18h, contre 17h30 jusqu’ici. En revanche, les parents ne pourront plus venir récupérer leurs enfants avant 17h30. Un avantage pour la bonne tenue des activités qui ne verront pas les participants s’échapper au compte-goutte, mais qui ne va pas forcément réjouir toutes les familles.

Des négociations en prévision

Comme le MPE13, l’association départementale des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP 13), compte aussi demander à assouplir ce dispositif garderie .“Nous aurons une réunion de rentrée avec la mairie, et nous ferons remonter les inquiétudes des parents pour voir s’il est possible d’améliorer ce système”, affirme Claude Ferchat, président de l’association.

“C’est probablement une gestion simplifiée au niveau administratif aussi. Jusque là, la facturation n’était pas automatisée et il y a eu des soucis, ce qui ne devrait plus arriver”, relativise Claude Ferchat, faisant référence aux retards de facturation des garderies des années précédentes. Le président de l’association insiste tout de même sur les améliorations qu’ont permis ce nouveau système.

“Nous avons obtenu gain de cause sur la plateforme unique et des horaires plus larges, mais on avait aussi insisté sur le besoin d’une souplesse de la garderie. On continuera à essayer de faire changer ce système, mais c’est très lent de mettre des choses en place”, complète Séverine Gil. La présidente du MPE 13 espère en tout cas que les parents réussiront à s’arranger avec les animateurs des garderies pour une flexibilité sur l’accueil du soir. Contactée par Marsactu, la Ville de Marseille ne souhaite pas communiquer sur ce sujet avant le lundi de rentrée.


Remaniement parmi les associations

Après quatre années de “TAP”, les activités périscolaires mises en place suite à la réforme Peillon changent fondamentalement de format laissent la place à l’accueil périscolaire simple, sur quatre jours. Les associations d’éducation populaire ont donc postulé sur de nouveaux marchés publics, attribués en juillet. Selon nos informations, l’IFAC a obtenu plusieurs des 25 lots, malgré ses déboires financiers récents. Parmi les autres associations retenues, on retrouve notamment la Ligue de l’enseignement, le CCO et Léo Lagrange.

Avec ce nouveau format, seule une petite partie des 4000 intervenants, animateurs, artistes ou sportifs recrutés à partir de 2014 devraient retrouver leurs emplois, même si la Ville a tout de même souhaité que les temps du midi et du soir prévoient des animations, dans une moindre mesure qu’auparavant.

avec Lisa Castelly

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