À la chambre de commerce, les 3 heures supplémentaires sans augmentation passent mal
C'est une mauvaise nouvelle qu'ont reçu il y a peu 130 agents de la chambre de commerce Marseille-Provence : ils vont bientôt devoir travailler 3 heures de plus par semaine sans aucune compensation financière.
À la chambre de commerce, les 3 heures supplémentaires sans augmentation passent mal
Travailler plus pour gagner… la même chose. Voilà en substance ce qui devrait arriver à une bonne centaine d’agents de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille-Provence (CCIMP). Bénéficiant d’un statut particulier, 132 employés de cet établissement public qui représente le tissu économique local travaillaient jusqu’alors 32 heures réparties sur quatre jours par semaine. Cette spécificité locale – tout à fait légale – doit prendre fin. C’est ce que vient de d’annoncer la direction à ces agents : tous les salariés de la CCIMP devront donc travailler soit 35 heures sur cinq jours par semaine, soit 37,5 heures avec 15 à 18 jours de RTT selon les postes. Le tout, sans aucune compensation financière. Forcément, la nouvelle est loin de faire l’unanimité.
“Cette organisation spécifique date de 1996. À l’époque, nous avions accepté de réduire notre temps de travail, et donc notre salaire, pour permettre l’embauche de 90 personnes supplémentaires. Il ne s’agissait pas du tout d’un privilège”, souhaite rappeler d’emblée Florence Piette-Sédat, représentante CFE-CGC du personnel à la chambre. À l’époque, les salariés de la CCI-MP sont ainsi passés de 38 heures réparties sur cinq jours, à 32 heures sur quatre jours. Aujourd’hui, la direction veut mettre fin à cet aménagement du temps de travail. “Elle veut imposer cette réforme en vitesse et au forceps. Sur un an, cela représente 22 jours de travail supplémentaires sans aucune rémunération. Comment peut-on accepter de travailler plus sans gagner plus d’argent ?”, questionne faussement Florence Piette-Sédat.
“Rompre le contrat de confiance”
Pour justifier la fin de cette organisation, la direction met en avant une “mise en conformité”, l’objectif étant de faire revenir ces 132 agents aux 35 heures hebdomadaires appliquées à tous les autres employés. “Suite à un contrôle du Contrôle général économique et financier opéré par le ministère de l’Économie [CGEFI, ndlr] à la CCI-MP, il a été notifié à la CCI-MP et à la CCIR [chambre du commerce et de l’industrie régionale, qui est depuis 2008 l’employeur de tous les agents de la CCI. Ndlr], dans un rapport de décembre 2017, de se mettre en conformité sur le temps de travail conformément au statut du personnel des CCI, nous a répondu par mail le service presse. On ne peut pas négocier sur le principe de l’application de la loi et des textes.”
“Il ne s’agit là que d’une recommandation du CGEFI”, réajuste quant à elle la syndicaliste. Depuis 2008, date à laquelle la chambre régionale de commerce devient l’employeur des agents, ceux-ci peuvent avoir deux statuts avec deux cycles de travail, l’un à 32 heures et l’autre à 35 pour les nouveaux embauchés. En 2012, un statut fermé est accordé aux premiers. “Ce statut a été négocié puis validé par les représentants du personnel et par la direction”, complète la syndicaliste. “Brutalement, la direction veut rompre le contrat de confiance que nous avions avec elle, insiste une autre agent sous couvert d’anonymat. Certains utilisaient cette journée pour s’occuper de leurs enfants ou d’une personne âgée, ça va être dur. 2018, nouveau président, nouveaux élus, nouvelle donne.”
“Risques psycho-sociaux”
Parmi les 132 personnes concernées, Florence Piette-Sédat estime que” 60 % sont des employés ou des agents de maîtrise et la plupart ont de faibles rémunérations”. Toujours selon elle, 80 % d’entre elles seraient des femmes. “Changer de rythme du jour au lendemain va être une révolution dans la vie de certains et peut engendrer des risques psycho-sociaux”, s’inquiète encore la représentante du personnel. Face à ces inquiétudes, la direction se dit ouverte au dialogue : “La direction générale reste à l’écoute des collaborateurs pour recueillir les éventuelles contraintes personnelles qui pourraient résulter de la mise en œuvre de la fin de ce régime”, fait savoir le service presse de la CCIMP à Marsactu.
Même son de cloche du côté de la chambre régionale. “Nous allons mettre en place une procédure d’échanges avec les partenaires sociaux. Le processus est en cours. Cela risque d’être un peu compliqué pour certains mais nous allons également essayer de faire de l’accompagnement individuel”, s’est exprimé de son côté Marc Angelats, directeur des ressources humaines de la CCIR. Ouverts au dialogue donc, mais pas en ce qui concerne la compensation financière. “La compensation financière ne sera pas possible compte tenu du contexte économique difficile de la CCI, notamment à cause de la baisse de la ressource fiscale”, complète Marc Angelats.
Recours en contentieux
Des négociations sont donc actuellement en cours entre représentants du personnel et direction. Prochaine étape : l’assemblée générale de la CCIR qui doit se tenir fin avril. Si aucune compensation financière n’est à l’ordre du jour, la direction a proposé cinq jours de RTT supplémentaires à ces agents. “Il n’est pas question de les accepter. La direction parle de “gagner du temps homme gratuit”, c’est inadmissible”, fait savoir Florence Piette-Sédat.
“Les gens sont à cran et en colère, nous ne nous mettrons pas en grève car ce n’est pas dans nos habitudes. Mais une action en justice va être engagée, poursuit-on parmi les agents. La CCI est certes constituée de membres qui sont des patrons mais là, on estime que la direction dépasse les limites.” Après une vague de licenciements en 2016, dans un climat délétère. “La grogne sociale commence à être importante”, y chuchote-t-on.
Commentaires
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Les adeptes Sarkozystes de la CCI ont visiblement oublié leur credo
Maintenant c’est je travaille plus pour gagner moins.
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Et ce sera peut-être le même tarif pour tous les français à qui M Macron souhaite refaire le coup de la vignette auto pour les vieux à la sauce Raffarin. La nouvelle politique ressemble furieusement à l’ancienne …
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Il n’est plus question de créer des emplois, mais bien de satisfaire des attentes économiques européennes. Faire passer les salariés en poste pour des privilégiés est un nouvel axe de com’. Bravo « ni droite ni gauche ».
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Risques psycho-sociaux en travaillant 35h/semaine ? Je comprends qu’il soit peu agréable de travailler plus qu’avant pour le même résultat, mais certains arguments sont étonnants.
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En fait c’est gagner la même chose pour travailler “normalement”.
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