Les centres sociaux s’inquiètent de la fin des actions pour la jeunesse du plan Ayrault

Actualité
le 21 Juin 2017
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Il y a trois ans, le pacte de sécurité et de cohésion sociale pour Marseille, voulu par Jean-Marc Ayrault, permettait, entre autres choses, l'embauche de 46 animateurs jeunesse dans les centres sociaux de la ville. Alors que les financements, prévus pour durer trois ans arrivent à échéance, les centres sociaux sont sans réponse sur les suites à donner à leurs missions.

Le centre social Malpassé, dans le 13e arrondissement de Marseille. (Photo : LC)
Le centre social Malpassé, dans le 13e arrondissement de Marseille. (Photo : LC)

Le centre social Malpassé, dans le 13e arrondissement de Marseille. (Photo : LC)

Il y a près de quatre ans, l’État et les collectivités signaient, non sans querelles pré-électorales, un pacte : dans un contexte de mobilisation d’un collectif d’habitants autour des règlements de comptes, ils s’engageaient à financer un ensemble de mesures censé répondre à “l’urgence” dixit le premier ministre de l’époque Jean-Marc Ayrault, à côté des grands projets métropolitains. Trois ans après, les crédits et les dispositifs touchent à leur fin, et dans le cas du volet jeunesse, la suite est ponctuée de points d’interrogation. “Nous arrivons au terme et rien de concret ne semble prendre la suite”, ont décidé d’alerter les différentes fédérations de centre sociaux de Marseille lors d’une conférence de presse. Au 30 juin, les budgets seront taris et tous s’en désolent, au vu des bons résultats qu’ils disent observer aujourd’hui. Or, l’alternance politique en cours risque encore d’allonger les délais de décision.

Les centres sociaux ont en effet été, pendant trois ans, les principaux dépositaires du volet “jeunesse” du pacte de sécurité et de cohésion sociale voulu par l’ancien premier ministre. Dès 2014, ils ont pu embaucher 46 jeunes animateurs jeunesse sur des projets spécifiquement pensés pour chaque territoire. “Le pacte était fléché sur des financements de postes, explique Magali Galizzi de la ligue de l’enseignement. Chacun a créé son projet, on a fait des diagnostics de besoins, qui ont été soumis à la CAF qui coordonne nos financements. C’était du nouveau. On a identifiés des besoins, des secteurs de nos activités ont doublé, mais on ne pourra plus y répondre.”

Au centre social de Malpassé, par exemple, Nabila Bounad, une des animatrices jeunes recrutée dans le cadre de ces financements a mis en place un “conseil des jeunes”, qui a permis aux adolescents de 15 à 18 ans de penser eux-même les projets qu’ils souhaitaient voir réaliser, et qui s’est concrétisé notamment par des échanges avec des jeunes d’autres villes et d’autres pays. “S’il n’y a plus les financement du pacte, il n’y a plus de secteur jeunesse dans mon centre. Avant 2014, il n’y avait pas du tout de ligne budgétaire pour çaconfirme Frédéric Travers, directeur du centre social La Marie-Les Olives dans le 13e arrondissement. On a quadruplé les fréquentations de jeunes”.

Une quarantaine d’emplois concernés

Parmi les objectifs figuraient en effet celui de viser un public adolescent, le plus susceptible d’être en rupture avec le centre social de son quartier. “On a essayé de leur faire comprendre que le centre social c’est plus que le centre aéré où ils sont allés quand ils étaient petits”, résume Nabila Bounad. Et d’appuyer, avec ses confrères, sur le lien tissé de personne à personne, qui se retrouvera brisé dans le cas où son poste ne serait plus financé.

Le problème posé aujourd’hui est donc celui de la continuité de dispositifs portés sur le long terme avec des salariés qui y étaient spécialement affectés. Sur trois ans, ces programmes ont bénéficié de près de trois millions d’euros (sur les 117 millions de l’intégralité du pacte). “Nous avons fait un courrier il y a quelques mois, à toutes les collectivités membres de l’accord-cadre [l’État, la région, le département, la ville et la métropole, ndlr] et nous n’avons eu aucune réponse, si ce n’est des échanges de couloirs qui ne nous avancent pas beaucoup”, déplore Joseph Richard-Cochet, délégué de l’Union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône. “Des centres sociaux vont licencier, d’autres vont bricoler, mais ce ne sera pas pérenne”, ajoute-t-il.

À ce jour, une quarantaine d’emplois sont concernés selon leurs calculs. “On nous dit que la CNAF [la caisse nationale d’allocations familiales, qui supervise les financements des centres sociaux, ndlr] réfléchit à de nouveaux financements pour ce genre de projets, mais ils ne seront pas là au premier juillet”, déplore Magali Galizzi qui dénonce le manque d’anticipation des financeurs. Sollicité, le préfet à l’égalité des chances a redirigé Marsactu vers la CNAF mais nous n’avons pas pu obtenir de détails dans nos délais de publication.

Éloge du temps long

L’un des points les plus mis en avant par les représentants des centres sociaux est celui du temps long permis par cette période de trois ans. “La plupart du temps, on a des financements pour un an. Auparavant on marchait avec des contrats aidés pour ce genre de mission”, et donc sur des périodes plus courtes, précise Magali Galizzi. “Cela nous a permis de porter des projets vraiment parlants, sur des sujets comme la laïcité, ou la mixité. Ça peut paraître commun mais ça marche”, complète Frédéric Travers.

Les animateurs, dont la moitié seraient en contrat à durée indéterminée sur la ville, estiment les associations, mettent aussi en avant la flexibilité horaire que leur permettaient ces contrats stables pour s’adapter au rythme des jeunes. “Ce poste, il me permet d’être mobile et souple au niveau des heures, aussi souple que la motivation des jeunes. Je peux aller les voir à toute heure”, appuie un animateur du centre social des Flamants-Iris. La directrice du centre social de Frais-Vallon, Andrée Antollini souligne enfin : “Les animateurs ont été formés, qualifiés, ils sont là. Et les problématiques aussi, sont toujours là”.

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