Avant le tribunal, Tapie choisit Franz-Olivier Giesbert comme tête de gondole de La Provence
Lors d'une séance de son conseil d'administration, La Provence a entériné le départ de son PDG et l'arrivée d'un nouveau duo dont l'éditorialiste du Point Franz-Olivier Giesbert. Cette valse des chefs s'inscrit dans la perspective d'un rendez-vous décisif, le 20 mai, au tribunal de commerce.
Avant le tribunal, Tapie choisit Franz-Olivier Giesbert comme tête de gondole de La Provence
Il n’a pas fallu longtemps pour que l’ours de La Provence entérine les décisions du conseil d’administration. Sous ce surnom de plantigrade, est décrite en petites lignes la gouvernance d’un titre de presse.
PDG depuis 3 ans, Claude Perrier n’assure donc plus la présidence du conseil d’administration. En effet, il a présenté ce mardi sa démission au conseil qui l’a entérinée. Il est remplacé par Jean-Christophe Serfati à ce poste. Marseillais, l’homme est connu comme un pionnier du web immobilier, avec Logic-immo et le Bon coin, même s’il ne néglige pas le papier glacé puisqu’il a lancé le magazine Surface privée. Il n’était pas joignable ce même jour au sein de la société MPC qu’il dirige. Les syndicats refusent de commenter plus avant son arrivée tant qu’elle n’a pas été annoncée officiellement.
FOG à la rescousse
En attendant, Claude Perrier conserve la présidence et la direction de publication jusqu’au 31 mai prochain. À cette date, il sera remplacé par Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste du Point et grand amateur de Marseille, indiquait dès mardi le site belge Le Vif. En dehors du rôle symbolique de directeur de publication, représentant légal des titres du groupe, son futur rôle au sein de la rédaction est encore mal connu. “Il ne s’agit pas d’un poste d’encadrement, mais d’une mission de réflexion sur les contenus et l’offre éditoriale du journal”, avance Le Monde.
Si Le Point n’a pas toujours été tendre avec Bernard Tapie, en février 2015, FOG réalisait un entretien à l’empathie remarquée avec l’homme d’affaires au lendemain de l’annulation de l’arbitrage qui lui accordait 403 millions d’euros au titre du préjudice subi lors de la vente d’Adidas. Son nom était déjà cité parmi les personnalités médiatiques approchées par Tapie au moment du rachat de La Provence. L’annonce de son arrivée coïncide avec le départ d’Olivier Mazerolle du conseil d’administration sans qu’on puisse faire de lien de cause à effet entre les deux événements. Joint par nos soins, l’homme de presse n’a pas répondu à nos appels.
“Résultats exceptionnels”
Cette arrivée est celle d’une nouvelle plume parisienne, appréciée de la droite locale et en particulier du maire de Marseille lui-même. Elle signe également la volonté de renouvellement, actée par le départ de Claude Perrier. Esquissée depuis des mois, sa démission a fait l’objet d’un communiqué de six lignes, qui faisait suite à un tweet annonçant son départ. Il annonce souhaiter “donner une autre orientation à [sa] carrière professionnelle” après avoir terminé “la mission confiée par l’actionnaire majoritaire de remettre La Provence sur le chemin du succès”.
Dans un courrier plus détaillé transmis le même jour aux salariés du groupe et que Marsactu a pu consulter, Claude Perrier se félicite des résultats “exceptionnels” après “plus de dix années dans le rouge”. Il passe en revue les succès en insistant sur le développement de l’événementiel à l’instar du grand prix cycliste, mais aussi les nombreux salons professionnels et “les événements en marque blanche” qui positionnent le groupe comme un “acteur économique et événementiel incontournable dans notre région”. L’expression “marque blanche” définit les événements pour lesquelles La Provence n’apparaît pas en organisateur mais en prestataire de services pour ses clients.
“Développer des activités lucratives”
L’annonce a aussitôt déclenché la parution d’un communiqué du SNJ, inquiet du virage multi-activités impulsé par Bernard Tapie qui ferait presque oublier que La Provence est un journal :
“Notre actionnaire majoritaire n’a jamais caché sa volonté de développer des activités lucratives grâce à « la marque » «La Provence», et le départ de Claude Perrier n’y est sans doute pas étranger.
Comme nous l’avons souvent affirmé au SNJ, nous rappelons aujourd’hui, en ces périodes d’incertitude tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du journal, notre attachement viscéral à une information indépendante des pouvoirs économiques et notre inquiétude vis-à-vis d’actionnaires seulement tournés vers des gains à court terme”.
Par cette notion de “court terme”, le syndicat vise implicitement le rendez-vous qu’a Bernard Tapie, le 20 mai au tribunal de commerce. L’homme d’affaires va devoir y présenter un plan de redressement lui permettant d’éviter la liquidation, pourtant demandée à de multiples reprises par le parquet. En effet, le 30 novembre 2015, il a obtenu du tribunal que ses sociétés soient placées en procédure de sauvegarde. Cette procédure doit lui permettre de mettre sa société GBT, principal actionnaire de La Provence, à l’abri d’une saisie de l’État, une fois définitivement acté le remboursement des 403 millions indûment perçus dans l’affaire qui l’opposait au Crédit lyonnais.
“Rembourser à hauteur de 100 % les dettes éventuelles”
Avant même de connaître l’arrêt de la Cour de cassation dans l’autre volet judiciaire dont l’issue est attendue d’une semaine à l’autre, Bernard Tapie va donc devoir défendre la bonne santé de ses entreprises et, en cas de condamnation, expliquer comment celles-ci vont lui permettre de rembourser les sommes dues. C’est ce qu’il écrivait dans une tribune publiée dans le Club de Mediapart en mars dernier :
Les prochaines échéances sont capitales, elles doivent amener le groupe à présenter, dans les jours qui viennent, un plan avec un engagement de rembourser à hauteur de 100 % les dettes éventuelles qui ne seront connues qu’après la décision de la Cour de cassation qui sera rendue d’ici quelques mois.
Dans ce même texte, il se réjouissait des bénéfices de l’exercice 2016 évalués à “plus de 3 millions d’euros”. Plus précisément un excédent brut d’exploitation de 3,4 millions selon Le Monde, qui évoque un “résultat net de 1,8 millions d’euros”. Mais ce résultat positif fait suite à un plan de départs volontaires de 60 personnes en 2015 dont les effets comptables se sont faits sentir en 2016. Si Bernard Tapie veut convaincre le tribunal, il faut donc accélérer, notamment la diversification d’activités du groupe, une volonté dont il ne s’est jamais caché. Si elle est validée, cette feuille de route sera celle du nouveau tandem à la tête de La Provence : Franz-Olivier Giesbert pour la caution journalistique, Jean-Christophe Serfati, pour la démultiplication des produits.
Enfin, dernière solution envisagée, la montée au capital du groupe belge Nethys qui possède déjà 11 % du groupe La Provence. En prenant une part plus importante du groupe, Nethys pourrait éviter une saisie directe de l’État et apporterait de l’argent frais. Or, selon plusieurs sources citées par la presse ou consultées par Marsactu, la séance du conseil d’administration de ce mardi aurait été particulièrement houleuse entre les deux actionnaires. Selon le journal belge Le Vif, les représentants du groupe auraient refusé de valider les comptes 2016. Ce n’est donc pas du côté de ses partenaires que Bernard Tapie trouvera un salut à court terme. Reste à savoir si ce jeu de chaises musicales à la tête du groupe aura un quelconque effet sur la décision des juges parisiens.
Commentaires
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C’est vraiment dommage que Jean-Claude Gaudin n’envisage pas, jusqu’à plus ample informé, de se présenter aux élections municipales de 2020 : il aurait au sein de La Provence un agent électoral de haut niveau.
FOG est en effet réputé pour le soutien sans nuance qu’il lui apporte. Marsactu en avait fait un article grinçant il y a déjà quelques années, à la suite d’un dossier fort peu critique paru dans Le Point (https://marsactu.fr/quand-franz-olivier-giesbert-se-fait-lhagiographe-de-jean-claude-gaudin/). Le même FOG avait remis ça, calmement, peu avant les municipales de 2014, toujours dans Le Point transformé en quasi-tract électoral (http://www.lepoint.fr/villes/jean-claude-gaudin-le-dernier-combat-11-03-2014-1799659_27.php) : “Que serait Marseille sans Gaudin ? Etc.”
Nul doute qu’avec une plume pareille, La Provence gagnera en objectivité dans sa couverture de la politique municipale et métropolitaine de notre Jean-Claude.
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Ce n’est pas avec FOG que la Provence sortira du brouillard !
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Pardon La (L MAJUSCULE) Provence. Y’en qu’une.
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Et si Tapie lance un crowdfunding pour relancer son canard boiteux, ça sera Tintin ! J’ai tout donné à Marsactu !
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Ce n’est pas une réelle surprise, mais pour l’objectivité, ce n’est pas à lui que j’aurais pensé !!
Mais au fait, il n’a pas ses 40 annuités ?? il ne peut pas prendre sa retraite ?
Il doit avoir 70 ans….au moins.
C’est dans les vieux pots qu’on fait de la bonne soupe, mais entre lui, duhamel, elkabach….et quelques autres..elle est rance.
Ca rajeunit d’un coup tous les vieux lecteurs !!
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Ça va faire mal à Marsactu ça. Quelle concurrence !
Non je déconne.
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Ce Tapie ne nous épargnera donc rien. Le fog tombe sur marseille…
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