Après un départ compliqué, la mairie tente de sauver son visa vert
Un an et demi après l'introduction du visa vert, la mairie s'apprête à adopter une nouvelle version, légèrement simplifiée. Alors que les pots ont germé aux quatre coins de Marseille, très peu de visas verts ont été accordés.
Chacun sa technique de protection contre les indélicats qui abîment les plantes ou y jettent leurs déchets
Visa ou pas, les pots de fleurs sur les trottoirs ont poussé comme des champignons dans les rues de Marseille. Il est bien loin désormais le temps où la “rue des pots bleus” ou la rue de l’Arc faisaient office d’exception, de pionnières. Les semis ont pris et les pots, sous toutes leurs formes, du plus discret au plus loufoque, se sont propagés. Au Panier, sur le boulevard National, à Noailles, à la Plaine, au Chapitre, des collectifs et des associations se sont créés autour de la végétalisation. Les jardiniers de trottoir s’y rassemblent, se rencontrent et échangent conseils et boutures. Une manière de lutter contre la grisaille, de mettre des fleurs là où la ville n’en met pas.
Après avoir regardé le phénomène avec perplexité, la municipalité tente désormais d’encourager ces initiatives. Depuis l’automne 2015, elle a instauré un “visa vert”, pour encadrer d’une autorisation d’occupation temporaire le fleurissement des bouts de rue. Mais vu le peu visas délivrés, le dispositif va être légèrement revu. C’est à l’ordre du jour du prochain conseil municipal qui se tiendra ce lundi.
Six mois d’attente
En juillet, seulement sept demandes avaient été acceptés contre quarante-neuf dossiers déposés. Combien à ce jour ? “Je ne saurais pas vous dire, répond Monique Cordier, l’adjointe en charge des espaces verts. Lors de la dernière commission, il y en avait une cinquantaine à examiner”. L’élue explique que les demandes sont étudiées chaque mois “par le service des emplacements, les pompiers, le service des espaces verts et la police municipale”. On comprend mieux le délai de traitement.
Dès ses débuts, le visa vert s’est révélé fastidieux à mettre en place et à obtenir. “J’ai déposé un dossier en avril, j’ai reçu une première réponse en juillet et le visa par recommandé en septembre, explique une habitante de Vauban qui voulait mettre deux jardinières avec des bambous devant chez elle. Pour la demande, j’ai fait des photos de l’emplacement puis avec logiciel de retouches j’ai rajouté des traits verts figurant les plantes. Comme une photo avant/après. Ils sont venus vérifier car j’ai reçu par mail une photo qu’ils ont prise en indiquant que les plantes ne devaient pas empêcher de voir la lumière du bas du feu tricolore”. Vu le nombre de pots, on imagine le temps nécessaire à la mise aux normes. Et la nécessité de simplifier la procédure.
“Pas la chasse aux sorcières”
Sur le fond, rien ne change. Toutes les règles édictées à l’automne 2015 sont maintenues. “Nous avons simplifié les choses, On ne se rend pas compte de toutes les contraintes, assure l’élue. Nous avons donc précisé, pour éviter de nombreux allers-retours avec les services, que les pots ne devaient boucher aucune trappe ni d’eau ni d’électricité etc”. Le passage des véhicules de pompiers, poursuit l’élu, ne doit pas être entravé surtout dans les rues piétonnes.
Cette simplification n’en est donc pas vraiment une, le dossier à remplir, pour l’autorisation d’occupation temporaire reste conséquent. “Mais on n’a pas fait la chasse aux sorcières comme certains l’ont craint lors de l’annonce du visa vert. On n’est pas là, comme avec les terrasses, avec notre mètre”. La Ville cherche actuellement des jeunes en service civique à rattacher au service en charge visa vert mais l’élue assure qu’ils ne seront pas chargés de contrôler les pots mis en place et leur conformité. “Je n’aime pas le mot contrôle, il faut laisser le côté libre, fou, de ce type d’initiatives. Si on a fait la remarque c’est que les pots gênaient et qu’on nous l’avait signalé”.
À rebours de l’impression cœrcitive qu’avait pu donner la création du visa vert, l’élue souhaite désormais surfer sur la vague de la végétalisation. “Nous avons beaucoup de beaux projets collectifs, se réjouit Monique Cordier. On fait des expériences. Aux allées Gambetta, quand on m’a demandé de mettre un composteur, j’ai dit “Banco”. Je n’avais pas le feu vert de tout le monde mais à mon sens, il faut utiliser cette énergie collective”. Le comité d’intérêt de quartier est même à l’initiative de ce projet soutenu par la mairie de secteur.
“Cela enlève toute spontanéité”
La ville a même ajouté une catégorie “végétalisation de trottoir” à son concours “Marseille en fleurs”. Problème : il faut avoir le visa pour participer. Et pour l’obtenir, il faut avoir une assurance responsabilité civile, ce qui est compliqué pour les collectifs sans structure juridique. C’est le cas pour un collectif d’habitants du boulevard National. “Nous voulions installer des jardinières au pied des arbres et on s’est rendu compte qu’il y avait une réticence des habitants à fournir une assurance pour parrainer un pot, raconte Sara Dupont qui souhaite étendre une action initiée par l’espace de co-working La Ruche. Finalement nous allons créer une association et faire une demande collective avec l’assurance de l’association”. Pas de conflit d’espace, en ce début du boulevard National où les grands trottoirs permettent sans problème de concilier pots de fleurs et piétons sauf quand les voitures montent sur les trottoirs.
Dans d’autres quartiers, la charte et ses règles notamment sur le positionnement des pots ont été plus fraîchement accueillis. “À Jardinons au Panier, nous avons unanimement refusé la charte, explique Dominique Jouan une de ses membres. C’est invraisemblable d’imposer de tels critères dans des rues comme les nôtres. J’en ai d’ailleurs parlé à la mairie. La charte va à l’encontre de ce que l’on faisait avec plaisir. Cela enlève toute spontanéité.” L’association redoute les contrôles à venir. Les pots “autorisés” auront-ils droit à leur petite étiquette de la Ville ?
Commentaires
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C’est assez effarant tout de même. Ces actions de végétalisation sont la conséquence directe de l’incapacité chronique de cette municipalité d’offrir aux marseillais un cadre de vie agréable (propreté, voirie, espaces verts entretenus, etc) et qui par-dessus le marché instaure un visa pour ceux qui souhaitent embellir leur quotidien. Ce visa “vise” donc à éviter que les équipements publics ou la sécurité ne soient pas affectés…Quand on sait que la plupart des équipements (regards pour le gaz, armoires téléphoniques, etc) sont défoncés ou béants et ne sont jamais remis en état, que le mobilier urbain (potelets, signalisation, feux tricolores) sont souvent endommagés, là encore sans être repositionnés pendant de longs mois, on reste pantois. De plus nous avons une nouvelle illustration de la compétence des élus face à une question précise sur le nombre de dossiers en cours: “je ne saurais pas vous dire…”, pour 49 dossiers? Heureusement qu’il n’y en a pas des centaines, burn-out assuré de madame Cordier.
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Je m’interroge. Ce commerçant a-t-il obtenu son visa vert (jaune, pourpre ?) pour sa terrasse ? https://goo.gl/maps/n8SUetNZaX22
(croisement rue Loo/bvd du Cabot, quartier du même nom).
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@Cehere : juste quelques mètres plus loin, celui-ci n’est pas mal non plus : http://tinyurl.com/zol7rxm
D’autant plus qu’il est assorti de la grosse bagnole garée juste devant un panneau B6a1, aussi appelé “panneau de signalisation d’un stationnement interdit”, dont on apprend la signification en général vers l’âge de 6 ou 7 ans…
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Trois #GCUM en dix mètres, pas mal.
On pourrait aussi parler des 17 cm généreusement et officiellement laissés aux piétons et autres personnes à mobilité réduite pour circuler sur le trottoir, à quelques mètres de là https://goo.gl/maps/fDESEuEgdJk (bvd du Cabot). Le tout après rénovation de la voirie et des trottoirs.
Non vraiment, elle est marrante Monique avec son visa là.
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Oui, effarant malgré tout !
Les remarques de “laplaine” sont justes.
Moi, ce qui me choque, c’est ce transfert de responsabilité… Le citoyen lambda souhaitant un visa vert, est tenu de signer une charte : en voici un bout de texte : “En acceptant cette Charte, le signataire participe activement à l’embellissement du cadre de vie par la végétalisation et le fleurissement, ainsi qu’à l’écologie urbaine” (le but des services municipaux des espaces verts, c’est quoi, alors ?)
Mais c’est génial !! le citoyen paye ses impots, fonciers et/ou locaux….accepte à ses frais, de fleurir ou végétaliser son bout de trottoir…qui ne lui appartient pas…sous contrôle de services municipaux DONT CA DEVRAIT ETRE LE BOULOT !!!! Ils sont, eux payés pour ça !
Sérieusement, l’idée est sympa, mais les incompétents patentés, élus autour de Gaudin ont bien compris tout le bénéfice de ce visa vert…..on comprend vite le refus de “jardinons au panier”…..
Ils auraient pu, nos services municipaux que nous payons avec nos impôts, envisager de fournir des plantes aux citoyens contribuables….que nenni….filer un coupe de main….que nenni ! Cordier se préoccupe de la gène et la charte à accepter décline toute responsabilité municipale.
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Plutôt que de m’étendre sur tout ce que je trouve consternant dans cette démarche municipale, je profite du sujet pour adresser, au nom de toutes celels et ceux qui fréquentent les trottoirs et pas seulement la chaussée, de très vifs remerciements à toutes celles et ceux qui rendent nos rues plus belles !!
Nous aimons beaucoup ce que vous faites et si la Mairie fait un jour l’erreur d’interdire UNE plante quelque part, je pense que vous pouvez compter sur une mobilisation massive, et inter-quartiers (ça rappellera des souvenirs à Monique…).
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Épatant de se dire qu’il y a une élue en charge des “pots de fleurs” dans la deuxième ville de France…
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Bonjour,
Monique Cordier est en charge des espaces verts en général, ce qui englobe les parcs ainsi que les jardins partagés.
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Je découvre avec ravissement (et surprise, il faut bien le dire) que la ville de Marseille se préoccupe de faciliter la circulation des piétons sur les trottoirs…
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Dans une ville aussi peu pourvue en espace vert, être adjointe attitrée à cette fonction est proche de l’emploi fictif…
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Espaces pots de fleurs ou poubelles à l’air libre? quelle charte pour les crottes de chiens, les cartons de pizza, les canettes,les cartons d’emballage des épiceries ( rue de Ruffi etc…?
Quelle farce pré -electorale !! Commencez par assurer un service de nettoiement digne de ce nom ,avec plusieurs passages par jour, et vous pourrez ensuite obtenir la contribution des habitants.
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Bravo a toutes ze tous pour ces opérations de vegetalisation de nos rues. Elles viennent compenser la vente des derniers espaces verts par la mairie aux promoteurs immobiliers., meme s il n y a pas de.relation de cause a effet cote mairie.
Que sait on de la cohabitation entre les pots de fleurs sur des trottoirs parfois etroits et les PMR ?
Marseille etant deja parmi les cancres au niveau national, elle ne peut faire pire ???
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