[C’est mon data] Plus mobilisé, le centre-ville de Marseille porte Benoît Hamon

Relevé de participation dans le bureau de vote du 3e arrondissement ce dimanche. Photo JML

En parcourant la ville du nord au centre ce dimanche, la différence sautait aux yeux. Les scrutateurs guettaient l’électeur au groupe scolaire Sinoncelli (14e) quand ils étaient débordés dans l’école Chave où votaient les habitants des 4e et 5e arrondissements. Les tableaux de résultats – encore non officiels, dans la foulée du rocambolesque cafouillage de lundi – de la primaire à gauche que nous avons récupérés le confirment. Le centre-ville et les quartiers Sud ont fait l’élection à Marseille où 3,24 % des électeurs inscrits, soit 16 024 personnes, ont voté. Cette moyenne masque d’importants écarts puisque la participation atteint 6,7 % dans le 1er arrondissement mais plafonne à 1,38 % dans le 14e.

À l’arrivée, 10 000 électeurs ont disparu depuis la primaire 2011 mais les résultats restent très proches des scores nationaux, à Marseille comme dans le département, avec Benoît Hamon en tête et Manuel Valls second, tous deux au-dessus des 30 %. À 20 % dans le département mais à 16 % dans la ville centre, Arnaud Montebourg ne réédite pas sa percée marseillaise de 2011 quand, porté par sa dénonciation du système Guérini, il avait réalisé un de ses meilleurs scores nationaux.

Malgré le soutien des députés Patrick Mennucci et Marie-Arlette Carlotti, Vincent Peillon n’observe qu’un léger frémissement dans le département (7,31 %). Quant à Jean-Luc Bennahmias, sa qualité d’ex élu local ne l’a pas porté, avec un seul bureau où il dépasse les dix voix. Sylvia Pinel, guère mieux lotie in fine, peut elle dire merci à son soutien, la maire des 2e et 3e arrondissements Lisette Narducci, puisqu’elle réalise dans ce secteur 92 de ses 310 voix marseillaises.

À regarder de plus près la géographie électorale, les sphères d’influence de Manuel Valls et Benoît Hamon se détachent clairement. Le représentant de l’aile gauche du PS l’emporte avec plus de dix points dans tous les arrondissements allant du 1er au 7e, soit dans le centre-ville et autour. Voilà qui devrait inciter les députés PS de ces quartiers Patrick Mennucci et Marie-Arlette Carlotti, ex ministre de François Hollande, à soigner leur profil gauche en juin lors des législatives. Hamon dépasse aussi la majorité absolue dans le 16e arrondissement avec 54 % des voix. De manière générale, il ne descend jamais en-dessous de 25 %.

Manuel Valls séduit quant à lui les quartiers Sud et Est en l’emportant dans les 8e, 9e, 10 et 11e arrondissements. Il réalise son meilleur score (45 %) dans le 13e arrondissement où de nombreux élus, des proches de l’ex députée Sylvie Andrieux au conseiller départemental Christophe Masse, le soutenaient. Cette masse de bulletins récoltée dans les quartiers périphériques très peuplés lui permet de limiter l’avance de Benoît Hamon.

À l’extérieur de Marseille, difficile de détacher des tendances puisque certaines communes n’avaient pas de bureau de vote et que les résultats sont encore incomplets. Tout juste notera-t-on une affluence inférieure à la moyenne départementale dans les deux plus grandes villes socialistes, Vitrolles et Miramas. À Aix en revanche, la participation a été plus forte avec 4,7 % des inscrits qui se sont rendus aux urnes.

^{De nombreux bureaux de vote melangeaient des électeurs inscrits dans plusieurs communes. Les résultats présentés dans la carte regroupent donc la plupart du temps plus d’une commune.}

Ce sursaut aixois ne suffit pas à sauver la comparaison avec la primaire de la droite qui avait réuni trois fois plus de votants dans les Bouches-du-Rhône à l’automne. Il ne permet pas non plus d’atteindre les 45 000 votants qu’espérait le PS 13. Avec 3,08 % et sous réserves des chiffres définitifs, la participation est inférieure de 0,7 point à celle enregistrée en France. Plus que jamais, la “varisation” du département, soit la disparition progressive du parti socialiste dans ce département comme l’a connu son voisin, est d’actualité.

Jean-Marie Leforestier et Julien Vinzent