Les usagers de l’Alcazar
Les usagers de l’Alcazar
De prime abord, on ne relie pas les livres aux corps. La compagnie de l’écrit est affaire de pur esprit, pense-t-on. Fréquenter l’Alcazar suffit à se persuader du contraire. La bibliothèque offre un corps-à-corps constant entre les lecteurs et les livres que le lieu leur offre en pâture. Ils se plient, se tordent, s’agenouillent devant les rayonnages. Plus jeunes, ils se lovent, se couchent, se bousculent. L’esprit accaparé dans l’ailleurs des pages ouvertes, les corps s’oublient et se livrent.
Les nombreux usagers qui viennent là travailler, consulter internet ou trouver un toit se prennent la tête, s’alanguissent et glissent, murmurent et rient. Ce petit monde uni par un usage commun est un théâtre parfait pour un croqueur qui veut exercer sa plume ou son pinceau.
Je fréquente ce lieu depuis son ouverture et, avant cela, j’allais jusqu’au blockhaus de Saint-Charles, voire même au Merlan où les BD notamment avaient l’avantage de moins sortir. Mais aucune de ces bibliothèques municipales n’offrait le confort et l’attrait de celle du cours Belsunce. En pleine lumière, elle offre une galerie vivante où les modèles ont l’intérêt de se mouvoir avec lenteur.
J’y ai donc rempli des carnets et des carnets de dessins à l’encre de Chine croqués sur le vif. Un jour, un vigile est venu me voir pour me dire que je n’avais pas le droit d’utiliser de l’eau ou un autre liquide à l’intérieur de la bibliothèque. J’ai eu beau louer ma prudence, il a refusé de décamper avant de voir encre et godet rangés. Peu à peu, j’ai cessé d’amener mon carnet à la bibli. Je fréquente sans croquer. Les images sont restés enfermées. Cette première chronique leur donne une vie publique inédite.
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De ces croquis, j’ai tiré un court récit paru dans La Marseillaise, en août 2011. Le quotidien offrait la possibilité de peupler ses pages en toute liberté durant l’été. Les revoilà réunies ici pour ceux qui les avaient ratées.
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Ben 8
Commentaires
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Bravo Ben8, je suis un usager régulier avec mes deux filles et cet espace est pour moi un très bel exemple de ce que peut donner à voir le meilleur de notre ville…un savoir être et vivre ensemble, toutes générations et toutes origines au contact du savoir sous toutes ses formes. Chaque fois que que j’y suis, je me nourri d’une belle énergie au delà de plaisir de voir mes filles lire, et sourire, devant des BD ou mangas. Tes dessins donnent une nouvelle forme à la mémoire de ce lieu, merci.
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Très chouette, merci pour cette belle chronique Ben 8.
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