48 heures à l'Holiday Inn, épisode 3 : "le speed-dating"

Au moins on ne pourra pas reprocher à Alain Richard et à ses commissaires, de ne pas avoir fait le job. Peoples et  journalistes partis, le défilé des militants socialistes bucco-rhodaniens a pu se poursuivre à l’Holiday Inn. Et à première vue, la proportion de 2/3 de socialistes légitimistes (pro-JNG) contre 1/3 de révolutionnaires qui avait été pronostiquée au départ par Jean-David Ciot, premier secrétaire fédérale et proche de JNG, semble avoir été respectée.

Invité surprise

Parmi ceux qui veulent renverser la table de la fédé rue Mongrand, les activistes de Renouveau PS13 ont évidemment fait le déplacement, et l’ont fait aussitôt savoir par un communiqué. Dommage que nous n’ayons pas eu accès aux annexes « confidentielles ». Dans un autre style,  quelques proches de Michel Vauzelle ont également été auditionnés. Bernard Morel (conseiller régional) ou Frédéric Rosmini (ex-député européen, une figure du parti, compagnon de route de Defferre et de Pierre Mauroy, et fondateur des centres Léo Lagrange). Les mots de cet historique du socialisme marseillais auraient marqué les jeunes apparatchiks de la commission.

Le sociologue et vice-président de MPM Jean Viard  est également venu dire tout le bien qu’il pensait de la gestion de son ex-ami Guérini. Un invité mystère surprenant dans la mesure où il n’est pas encarté , mais ce qui n’a pas empêché Alain Richard de recevoir l’habitué des plateaux télé pendant plus d’une heure. C dans l’air à l’Holiday Inn. « On a parlé politique« , nous a déclaré en sortant tout sourire de son audition, l’auteur de « Marseille une ville impossible« .

Dans le clan des légitimistes, pas de surprise. C’est JNG et ses spin-doctors qui s’étaient chargés du casting et du coaching. Des Marseillais, et des élus ruraux. Des vice-présidents du CG et des petits maires. Des femmes, des jeunes. Ils ont tous défilé à l’Holiday Inn avec souvent les mêmes éléments de langage. « Oui tout n’est peut-être pas parfait à la fédé, mais il faut voir d’où on vient. Defferre, Pezet, Bernardini , ont laissé à Jean-Noël un terrible héritage« . Ou encore : « à Marseille et autour de l’Etang, la vie est dure, les gens ont besoin de nous, le PS est pour eux souvent comme une deuxième famille, comme dans le Nord Pas de Calais » (eh,eh), « ce grand déballage aujourd’hui ,ne sert qu’à faire monter le front, et Montebourg a été manipulé par ceux qui veulent juste devenir calife à la place du calife« .

Recettes de cuisine

Pas dupes, les « poètes de la commission  » ont sagement écouté. Richard s’est parfois agacé devant ces beaux discours et a demandé  des précisions, notamment sur cette particulière recette de la bouillabaisse socialiste locale qui fait qu’avec une poignée de sections à sa botte on puisse tenir la troisième fédération de France. L’ex-patron des armées sous Jospin a obtenu la plupart du temps des réponses à la Fernand Reynaud : « combien de temps faut-il pour réchauffer le fût du canon ? » « Un certain temps mon Adjudant« . On lui a également gentiment répondu que du côté de Lille, les camarades cuisinaient la carbonnade flamande un peu de la même façon.

Et ceux qui se sont risqués à évoquer les affaires, la commission leur a bien indiqué que ce n’était pas son job – « nous ne sommes pas missionés pour ça » – et que si ils avaient quelque chose à dire ils n’avaient qu’à écrire au procureur de la République. Pas fou le Richard, il ne va pas aller mettre les pieds non plus sur ce champs de mine. Sa mission c’est de contrôler le fonctionnement du PS local. Pas le fonctionnement des appels d’offres des collectivités locales. Même si pendant les deux jours que la commission a passés à Marseille, ils ont eu le droit à 3 perquisitions au conseil général et dans ses filiales. Ils ont dû prendre ça pour une coutume locale.

Nouvelle salve d’auditions en vue

Après ces 48 heures en immersion dans la fédé locale, le président et les derniers commissaires (certains avaient déjà filé à l’anglaise le matin même), sont repartis à Paris. Comme ils étaient arrivés, sans un commentaire. On vient, on écoute et on s’en va. Expliquant simplement qu’ils n’avaient de toute façon pas terminé leurs auditions, et qu’ils devaient entendre d’autres élus, mais cette fois à Paris. Des personnalités socialistes comme Patrick Mennucci, Michel Vauzelle, Henri Jibrayel, Eugène Caselli ou Michel Pezet, qui semblent préférer la tranquilité de Solférino à l’Holiday Inn de la gare Saint-Charles. Peur des micros ?

En tout cas, malgré la présence de très nombreux journalistes le premier jour, une situation qu’a su parfaitement bien gérer Jean-David Ciot, la commission n’a pas fait trop de vagues. Ce qui a bien évidemment du réjouir Martine et Jean-Noël. Monteboug qui surveillait tout ça de loin, a juste envoyé deux scuds, un sur BFM TV chez Bourdin, et l’autre au Figaro, histoire de montrer au cas, bien évidemment improbable , où Richard et ses hommes auraient oubliés leur rapport à la consigne de la gare Saint Charles, que le bourguignon saurait se rappeler  à leur bon souvenir. On peut lui faire confiance.

Relire l’épisode 1 48 heures à l’Holiday Inn : le casting

Relire l’épisode 2 : le story-telling

Prochain et dernier épisode à suivre : l’épilogue.