1er mai très suivi à Marseille : tour de cortège entre colère et ambiance festive

Actualité
le 2 Mai 2023
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Ce 1er mai 2023, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Marseille. Un record comparé aux années précédentes. Si tous les ingrédients pour une fête des travailleurs réussie étaient là, un léger goût amer persiste. Reportage en sons et en images.

Photo : VA
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Du soleil, des banderoles colorées, de la musique rebondissante, des têtes connues et des sardines. Pas tout à fait une “mobilisation historique”, mais presque. Inscrite dans un contexte social particulier – contestation contre la réforme des retraites oblige – la journée du 1er mai 2023 a rassemblé entre 130 000 manifestants selon l’intersyndicale et 11 000 selon la police. Autant de personnes opposées à la politique du gouvernement, et prêtent à faire la fête.

Si ces chiffres sont finalement assez proches de ceux des journées de mobilisations précédentes, voire inférieurs (le 23 mars dernier, ce sont par exemple, toujours selon l’intersyndicale, 230 000 qui auraient battu le pavé), ils sont bien supérieurs aux rassemblements du 1er mai de ces dernières années. D’autant plus que d’autres manifestations ont été organisées dans plusieurs autres villes du département, comme Martigues, Aix-en-Provence, Aubagne…

Les ingrédients habituels d’une fête marseillaise pour les droits des travailleurs réussie étaient en tout cas bien présents. De la porte d’Aix à la Plaine, Marsactu a fait un tour de cortège en sons et en images. Avec une musique de fond qui oscille entre colère et festivités.

Vieille sono et chants désinvoltes

Avec un départ porte d’Aix, ce sont les militants de la CGT, en tête de cortège, qui sont arrivés en premiers sur le Vieux port. Des drapeaux rouges qui flottent dans le mistral et la vieille sono qui crache des “on lâche rien” à s’en faire péter les tympans : les dockers munis de boules Quies connaissent la chanson.

Leur leader, Pascal Galéoté, secrétaire général CGT du Grand port maritime de Marseille, a de son côté un discours bien rodé. Pour le représentant du premier syndicat du port, “c’est un 1er mai particulier, avec des tensions supplémentaires”. La réforme des retraites est passée, et la colère grandit, explique-t-il en substance. “C’est un processus de mobilisation de plus de trois mois. On a un gouvernement et surtout un président de la République qui est méprisant. Ce 1er mai est une façon de plus d’exprimer notre colère.”

Pascal Galéoté, secrétaire général CGT Grand port de Marseille. Photo : VA

Quelques dizaines de mètres plus loin, l’ambiance est moins ferme, mais plus désinvolte. Les bras moins costauds et les visages plus poupins. Ils sont collégiens, lycéens ou étudiants et entonnent des chants visant directement Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. L’idée est de contester les violences policières qui sévissent ces derniers mois, notamment lors de répression de mouvements sociaux ou de défense de l’environnement. Parmi les manifestants, Carmen, qui du haut de ses 14 ans, se questionne sur fond de tintements de casseroles sur le rôle de la police dans cette société.

Manifester, si jeune contre des réformes qui ne la concerneront que dans des dizaines d’années ? “Justement !”, répond du tac au tac la jeune fille qui a fait trois heures de route pour venir manifester avec sa grande-sœur. Carmen vient de terminer son stage de 3e dans l’éducation mais elle dit le dit sans détours, elle a du mal à envisager son avenir dans une société où certains devront travailler “jusqu’à la mort”.

Speaker pour écharpes tricolores

Derrière elle, des têtes connues surgissent. Les partis politiques de gauche font acte de présence. Ils sont locaux, comme le Printemps marseillais avec quelques élus municipaux, ou nationaux. La France Insoumise a ainsi son camion dans le cortège, que suivent quelques-uns de ses députés, comme Henrick Davi et Manuel Bompard. Ce dernier espère toujours un retrait du texte de la réforme des retraites. “Cette bataille continue jusqu’au retrait de ce texte ou sa non-application, ça reste notre revendication et il y a plein de gens dans la rue pour le dire aujourd’hui”, défend-il. Devant le député, un speaker tente de chauffer ces insoumis à coups d'”anticapitaliste ah-ah”.

Sardinade et reggae

Pour un tour complet de ce 1er mai marseillais, difficile de quitter la rue sans savoir les doigts qui sentent la sardine. C’est, comme souvent, à la Plaine que se poursuit la manifestation. Dans la fumée des barbecues et les chansons de Massilia Sound System cette fois-ci. Collé aux baffles, Janvié, clavier du célèbre groupe local était, lui aussi, dans le cortège avant de s’offrir une bière bien fraîche. “On a l’impression que ça ne sert plus à rien de travailler, j’ai 61 ans, j’en ai encore pris pour 2 ans”, lâche-t-il, dépité. Avant de rappeler les valeurs du Massilia qui, dit-il, ont d’autant plus besoin de s’exprimer dans le contexte social actuel.

Mais pas de quoi empêcher la fête de battre son plein. À coups de pastaga et de fumigène. Comme un 1er mai en forme d’exutoire.

 

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Commentaires

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  1. Andre Andre

    Beaucoup de monde, une atmosphère sympathique, pas de violence ni de “blocs noirs” fascisants, tout s’est très bien passé comme chaque fois à Marseille. Les terrasses de bars pouvaient rester ouvertes sur le passage du cortège qui leur a sans doute aussi apporté des clients assoiffés par la chaleur.
    Je note que la presse nationale jamais ne le signale alors que notre ville constitue un contre exemple par rapport à Paris, Lyon, Nantes, Bordeaux, Rennes qui connaissent en marge de chaque manif des émeutes de plus en plus violentes…
    Mais sans doute n’est ce pas assez croustillant. On préfère associer Marseille aux règlements de compte entre trafiquants de drogue.
    Ah, c’est vrai, j’oubliais, quelques manifestants ont renversé des fauteuils à l’intérieur d’un hôtel de luxe…

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  2. mrmiolito mrmiolito

    Réponse à André : rentré hier soir à Marseille, quand même constaté une poubelle renversée sur une piste cyclable ! (donc oui, vous avez raison, ça s’est très bien passé manifestement 😉
    Message personnel à Janvié : votre retraite dans Massilia Sound System ? Jamais ! désolé 😉

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