Zik Zac, le chemin de croix du festival
Zik Zac, le chemin de croix du festival
Vendredi et samedi se tiendra le festival de musiques actuelles/musiques du monde aixois Zik Zac. Quinze ans de concerts et autant d'années de lutte pour exister, depuis la création du festival par son directeur artistique Jean-Michel Lasserre. "On est des survivants" lâche-t-il dans un soupir trahissant son exaspération. Et pourtant. La programmation s'annonce de qualité, les soirées affichent complet. Pas moins de 6000 personnes se réunissent ainsi lors de l'édition précédente pour le concert de Massilia. Cette année, une fois encore, l'affiche est prometteuse: l'électro-hip-hop underground du Peuple de l'Herbe, le crooner rock indien Slow Joe, le reggae roots allemand Sebastian Strum, le duo rock déjanté israelo-palestinien Boogie Balagan, le buzz aixois Deluxe, le provençal Gari Greu, l'afro-folk-song Daby Touré, le militant Zebda et bien d'autres choses.
Zebda, vous avez dit Zebda ? Très engagé politiquement, soutien officiel de la gauche au moment des élections, "il n'y a pas d'ambiguïté possible", selon une source proche du festival. L'artiste et l'ensemble de la programmation ne seraient pas du goût de Maryse Joissains qui contestait voilà quelques mois la "légitimité physique" du président. Il était alors question, rappelons-nous, de "petits bras, agités lors des meetings". Notre source va plus loin, "c'est en plus une programmation populaire, c'est sûr que ce n'est pas le Grand théâtre de Provence ou Preljocaj. C'est une gageure de faire perdurer des événements de spectacle vivant sur le territoire de la dynastie Joissains."
"Des gens bruyants"
Le mot est lâché, alors qu'aucune attaque frontale ne peut être imputée à la mairie d'Aix (ump). Seulement des petites mesures vexatoires, tels des courriers régulièrement envoyés par Maryse Joissains pour se plaindre de nuisances sonores. "Certains riverains se sont plaints à la mairie. Ils nous considèrent comme des gens bruyants. Il suffirait que la mairie ait le courage de faire une pétition préventive adressée aux riverains pour annoncer qu'il y aura, deux jours par an, des concerts" regrette Jean-Michel Lasserre. Avant d'assurer, toutefois, que Sophie Joissains, adjointe à la mairie en charge de la culture "est un soutien fort et apprécié". Celle-ci explique que "dès qu'il s'agit de musique en plein air, les riverains se plaignent, du coup on essaie juste de ne pas surmultiplier ce genre d'événements". C'est peu de le dire.
Si soutien officiel il y a, il n'en demeure pas moins que les autorisations de la ville arrivent souvent au dernier moment, à trois ou quatre jours de l'événement. Quant à l'aide financière, réelle – sous forme de subventions versées chaque année – il s'agit toujours du minimum pour le directeur artistique qui se plaint de n'avoir "jamais droit à du matériel". Plus déplorable encore, au niveau de la sécurité, les appels répétés pour obtenir le renfort de quelques policiers l'an dernier alors que des milliers de festivaliers sont annoncés pour le concert de Massilia restent lettre morte. Cette année, Sophie Joissains ne peut affirmer que des renforts seront envoyés.
"Privilégier l'art lyrique"
Et si le festival s'implante, pour la deuxième année consécutive sous les arches du viaduc de l'Arc de Meyran, "un endroit magnifique, très fonctionnel et facile d'accès", il reste que c'est un terrain privé, dont la location revient totalement à la charge des organisateurs. "Il n'existe pas à Aix de terrain dévolu à ce genre d'événements. Ici on préfère privilégier l'art lyrique", ironise le directeur. La mairie d'Aix a pourtant bien proposé des sites. Un lieu superbe voilà cinq ans, dans le parc de la maison du Jas de Bouffan. Cette année-là, le lieu subit des inondations, mais n'est malheureusement pas classé "zone sinistrée". "On a dû démonter en une soirée, avec le moral au plus bas, ce que l'on avait mis une semaine à monter. Pour seul soutien, on nous a accusés d'avoir abîmé les pelouses…" poursuit, écoeuré, Jean-Michel Lasserre. L'année suivante, la mairie leur propose…un parking de boîte de nuit, tout en bitume, avec impossibilité de planter les chapiteaux. Le refus est net.
Malgré les difficultés, il apparaît hors de question pour Jean-Michel Lasserre de délocaliser le festival. Quelques années plutôt, "on nous a suggéré d'aller du côté de la communauté d'Aix, dans les petites villes". Mais le festival revient rapidement au bercail, à Aix. "Cela n'aurait pas de sens de quitter Aix, c'est une ville étudiante, le festival y a largement sa place" argue le directeur. Le Zik Zac n'a pas fini son chemin de croix.
Retrouvez toute la programmation du Zik Zac en ligne.
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