Yvan Bourgnon un Cap Hornier à Malmousque

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le 18 Fév 2012
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Yvan Bourgnon un Cap Hornier à Malmousque
Yvan Bourgnon un Cap Hornier à Malmousque

Yvan Bourgnon un Cap Hornier à Malmousque

 

Il débarque au "Sunlight Social Club" à Malmousque, les mains dans les poches, le sourire en coin, look de surfeur endimanché. Il est venu en voisin, de Montpellier, où il réside aujourd'hui, rencontrer son ami le photographe de mer Antoine Beysens, avec qui il vient de vivre un incroyable exploit " tiens c'est vrai on va boire un coup, on n' a jamais encore fêté ça"

Il ? c'est Yvan Bourgnon, un skipper suisse professionnel qui, avec son frère Laurent, a gagné pas mal de chose dont entre autre la transat Jacques Vabre en 1997 sur Primagaz. Quand il y avait encore beaucoup d'argent avec de nombreux sponsors aux poches pleines. Depuis, les temps ont changé. Mais Bourgnon n'a perdu ni son sourire ni la foi. Sur l'eau, il en a vu d'autres. Il s'est adapté, et il est passé des multicoques de 60 pieds au catamaran de 20 pieds. Des engins de plage, comme ceux qu'on peut louer à la pointe rouge. Avec l'idée de les barrer comme les trimarans géants. A l'arrache. Conduire une 4 L comme une Ferrari. Et tomber des records, ouvrir des voies.

Yvan Bourgnon a justement commencé à Marseille en 2010 par une petite promenade de santé. 480 miles en 53 heures entre Marseille et Carthage, sur un Hobie Cat. Record de la Méditerranée. De la petite bière par rapport à ce qu'il vient de faire, et qu'il est donc venu fêter cette semaine à Marseille. Le Cap Horn en cata de plage. Une première. Yvan Bourgnon et son coéquipier Sébastien Roubinet ont dû négocier dur avec les autorités chiliennes qui ne voulaient pas laisser partir ces grands malades dans les eaux les plus dangereuses du monde, avec un bateau de 6 mètres. Une houle de la même taille, mais en hauteur, des vents à 50 noeuds, une eau à 7 degrés, et l'obligation de raser les falaises, avec des cailloux partout. La moindre faute et c'est fatal. Pas le droit à l'erreur. C'est sans filet. Et tout ça pendant 3 jours quasiment sans dormir. Une petite pause après le Cap Horn :

 On a dormi 4 heures avec Sébastien, on n'en pouvait plus, j'étais trempé, ma combi avait pris l'eau, on s'est roulé dans la voile, se réveillant en sursaut toutes les 3 minutes, grelottant de froid

 Son coéquipier aura les mains gelées. Heureusement il n'y laissera que ses ongles. Bourgnon est un marin et un suisse. Donc plutôt à ranger dans la catégorie pudique et taiseux. Mais on a quand même compris que les 20 dernières minutes avant de passer le Cap Horn ont été très, très chaudes. Partis de Puerto Williams ( en face d'Ushuaïa ) 48 heures plus tôt, les 2 marins avaient une fenêtre météo très courte et devaient franchir le Cap Horn avant la nuit, au risque de rencontrer ensuite des vents de plus de 100 km/heure. Et histoire de rendre la croisière plus facile, ils ont perdu pas mal de temps au début dans les "canaux", où il y avait pétole, avant d'arriver dans le pacifique, où là la vraie partie de rigolade a pu commencer. Ils ont dû aller donc très, très vite pour refaire leur retard. Jusqu'au moment, où plus très loin du but, ils ont manqué de faire demi-tour " ça ne passait pas". Le risque que le bateau chavire dans une houle monstrueuse, avec la mort assurée. C'est Bourgnon, qui après avoir hésité 2,3 minutes a néanmoins décidé de continuer :

Sébastien m'a fait une confiance totale, j'ai vécu les 20 minutes les plus dangereuses de ma vie 

Et puis c'est passé. Le Cap Horn derrière eux, après leur nuit de rêve, les marins ont pu revenir vers leur point de départ, dans "une mer magnifique, on a barré comme dans les livres ". 800 kilomètres, 3 jours sans dormir, et les premiers à passer le Cap Horn sur un cata de 20 pieds. Yvan Bourgnon nous a laissé là, il est allé boire une bière au Sunlight, Antoine nous a passé quelques photos et ce petit film. Et on a repris le 83 pour rentrer à la maison. Chacun sa vie. 

 

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=hQkO5ixsEVk]

 

 

 

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Commentaires

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  1. PeeWee PeeWee

    C’est gars là sont des “allumés” complet!!
    Merci pour cet article! Cela fait rêvé et par les temps qui courent, ouf, un bol d’air glacé, un régal!

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