Wattmobile : "offrir le complément avec le train" pour aller au travail

La route n’est pas encore toute tracée, mais Wattmobile roule toujours. En juin 2010, cette société marseillaise avait ouvert à Saint-Charles la première station de location (et désormais vente) de véhicules électriques intégrée à une gare. L’idée : « compléter le train avec des modes de déplacement doux », résumait Gilles Ballerat, directeur de l’agence Méditerranée SNCF. Le directeur de l’entreprise, Cyril Estrade, projetait un développement rapide à Marseille, avec plusieurs centaines de stations à l’horizon 2013. Un peu moins d’un an après son lancement, il fait le point sur le chemin parcouru, avec quelques virages…

Marsactu : comment s’est passé votre démarrage ?

Cyril Estrade : on est parti sur une période estivale, avec 150 locations en juillet, août et septembre, essentiellement des touristes et des scooters, quasiment pas de vélos électriques. Et puis l’hiver la partie occasionnelle est tombée complètement, et on a surtout loué à des Marseillais au mois. Et depuis mars on a de nouveau de la demande sur des courtes durées. Pour le vélo, je pense que les touristes sont en demande, mais que l’emplacement Saint-Charles, avec beaucoup de circulation autour, n’est pas adapté. Cela devrait mieux marcher au Panier par exemple.

Mais les centaines de stations ne sont donc pas pour demain…

On a pour l’instant notre agence de Saint-Charles, un point de location de vélos à la galerie d’art 31/13, au Panier et on va se lancer à Paris Gare de Lyon. Au départ, on est parti sur le mode guichet. Mais on va lancer avant l’été au parking Vinci Charles-de-Gaulle le scootpartage, qui sera le premier service de ce type en France, sur le modèle de l’autopartage : on paie un abonnement mensuel, puis soit à l’utilisation, soit avec un forfait (en plages horaires comme matin/soir et week-end ou en heures comme 10h/mois). C’est plus fluide, puisqu’il n’y a pas à chaque fois à signer un contrat, faire la remise des clés etc. Et c’est moins cher car plus souple, puisqu’ici les locations sont à la journée. Mais des centaines de station en 2013 on est revenus là-dessus : faire du Vélib sans soutiens des pouvoirs publics on ne peut pas. Aujourd’hui, le gros de notre business plan ce sont les entreprises.

C’est-à-dire ?

Les entreprises doivent faire des plans de déplacements d’entreprise (PDE, obligatoires pour les entreprises de plus de 250 salariés dans les Bouches-du-Rhône, ndlr), trouver des solutions pour que leurs salariés viennent moins en voitures, ce qui permet d’économiser des places de parking, souhaitent montrer qu’elle font des efforts pour le développement durable… Mais quand Quand vous regardez les études, beaucoup de gens disent qu’il ne prennent pas le train car ils ne savent pas comment faire les derniers kilomètres entre leur domicile et la gare ou la gare et leur lieu de travail. Nous on propose un complément avec le train intermédiaire entre les transports en commun et la voiture individuelle.

Et concrètement, en quoi cela consiste ?

La première chose c’est de mettre des prises électriques dans les parkings des entreprises. Ensuite, si elle ne peut pas acheter des scooters à tout le monde, elle peut en revanche en mettre quelques uns en partage, comme ça les salariés peuvent essayer puis acheter ou louer eux-mêmes, avec une aide de l’employeur. A St MicroElectronics (site de 2800 salariés implanté à Rousset), avec qui nous avons signé un contrat, il va y avoir pendant 3 mois deux scooters et un vélo en partage grauit pour tester la réaction. Enfin, s’il y a de la demande, l’idée est de faire des relais gare : aménager un endroit sécurisé avec des bornes où les salariés peuvent mettre leur véhicule par exemple le soir, et qui serait là aussi prise en charge en partie par l’employeur. En plus de St Microelectronics, nous sommes en discussion avec la CMA CGM, la SNCF en tant qu’employeur, Auchan Saint-Loup, qui ont des personnels en horaires décalés et donc qui ne peuvent pas prendre le réseau de la RTM…