Villa Méditerranée : "Il y a un côté fou dans ce bâtiment"

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le 5 Avr 2013
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Villa Méditerranée : "Il y a un côté fou dans ce bâtiment"
Villa Méditerranée : "Il y a un côté fou dans ce bâtiment"

Villa Méditerranée : "Il y a un côté fou dans ce bâtiment"

Le geste est simple, presque épuré. Il dessine un C blanc dont une partie est sous-marine et l'autre tutoie le ciel dans un porte-à-faux hardi qui se reflète dans l'eau. Quand on évoque sa signature architecturale, spontanément, le nom de Stefano Boeri est cité en premier. Pourtant c'est l'architecte marseillais Ivan Di Pol qui, il y a dix ans, répondait à l'appel d'offres concernant ce projet. Il explique la lente genèse de ce centre dédié à la mer et aux pays qui la bordent. "En 2004, paraissait l'annonce pour la villa Méditerranée. Donc, il y a dix ans on a constitué une équipe pour répondre à ce concours. En milieu d'année, on a l'a gagné. Ensuite un long processus a commencé avec quelques temps d'arrêt". Le point final de ce processus a lieu dimanche avec l'inauguration officielle.

Trois cabinets avaient à l'époque répondu au "marché d'étude de définition" initial : le cabinet de Stefano Boeri, l'architecte marseillais Jean-Pierre Manfredi "qui a, depuis, arrêté son activité" et Ivan Di Pol. "A l'époque la rumeur disait qu'il y avait la volonté de faire une consultation internationale donc, c'est vrai que j'avais pensé à l'époque m'associer à un architecte étranger pour me donner plus de chance de participer. Je connaissais Stefano Boeri. Je lui ai proposé de répondre à ce concours. Des concours, on en fait plein, on en perd plein, celui-là, on l'a gagné, on a l'a construit"

L'America's cup versus la villa Vauzellia

Le concours était plus ouvert et plus libre que la procédure habituelle "anonyme et figée". "Il s'agit d'une procédure plus malléable, non anonyme qui permet d'instaurer un dialogue avec le maître d'ouvrage. Et même de discuter avec les autres équipes même si c'est un peu contre la culture des archis qui n'aiment pas montrer ce sur quoi il travaille. Souvent j'explique que cette forme un peu hardie – il y a quand même un côté un peu fou dans ce bâtiment – est issue d'une certaine liberté qu'on avait par rapport à ce programme".

Le temps et les délais ont joué un rôle dans cette liberté de conception. Un temps, l'esplanade devait devenir un port pour les bateaux de l'America's cup. Marseille était candidate pour accueillir cette course et la villa de Vauzelle n'était plus prioritaire. C'est l'année européenne de la culture qui a relancé le projet régional en même temps que le Mucem et les deux bâtiments ont poussé côte à côte. Le projet a également beaucoup évolué dans son contenu. D'une villa Médicis pensée pour la Méditerranée, le projet est devenu un temple du "softpower" dédié aux échanges.

"La mer est au coeur du projet architectural"

Si l'image persistante de la Villa Méditerranée reste ce pont interrompu dessiné par l'immense porte-à-faux, le projet est plus complexe et comprend une part opaque. "Il y a toujours une idée qui permet d'écrire un projet. Même si programme a beaucoup évolué dans son contenu au fil du temps, on savait que la Méditerranée serait au centre, explique Ivan Di Pol. Le bâtiment devait exprimer cette idée sans passer par l'allégorie ou le symbolisme de l'olivier, du vin. Non. On voulait quelque chose avec une évidence, une clarté du projet. La mer est au coeur du programme. Nous voulions aussi que la mer soit au coeur du projet architectural"

Si la forme émergée apparaît de conception brutaliste, presque abstraite, le bâtiment lui-même est d'une conception plus complexe. "Le porte-à-faux est l'aspect le plus emblématique. C'est quelque chose de positif, une espèce d'élan, d'élévation. Il y a aussi une partie beaucoup plus introvertie, la partie sous la mer. Pour cela, c'est un bâtiment surprenant. En superstructure, au dessus du niveau zéro, il n'y a qu'un tiers des surfaces. Les deux-tiers sont sous la mer". En effet, sous le miroir d'eau, le bâtiment comprend une grande agora avec une salle de spectacle.

Cela crée un effet de contraste surprenant qui provoque parfois des remarques plutôt drôles : "Certains visiteurs ont comparé la Villa à la trilogie de Dante: il y a l'enfer dessous, le purgatoire au milieu et le paradis au sommet. Ce bâtiment très abstrait dans son écriture qui donne lieu à beaucoup d'interprétations, y compris symboliques. On parle d'architecture de bateau, d'ouvrage d'art. Chacun se l'approprie."

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Commentaires

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  1. savon de Marseille savon de Marseille

    L’audace de l’architecture du CEREM est inversement proportionnelle à la vacuité de son utilisation.

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  2. Bénédict SL Bénédict SL

    Je suis atterré par l’absence de projet fonctionnel derrière ce beau geste architectural. Il semble qu’il fallait surtout ne pas laisser seul Gaudin avec son MUCEM. Mais était-ce une raison, dans une ville pauvre et en crise, de casser notre tirelire collective pour une inutile agrafeuse de luxe? Le J1 (malgré sa fermeture estivale) me semble bien plus astucieux que la casquette de Vauzelle. On a besoin de tramways à Marseille, de cinémas, de crèches…

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  3. le français est raleur le français est raleur

    je vois que le français ne sait faire qu’une chose c’est râler, les americains ont tous raison de dire que le français est comme un coq en pâte un gros enfant gâté qui chiale et râle tout le temps jamais content. bien vu les yankees.

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  4. benoit campion benoit campion

    La villa méditérannée est peut être une prouesse archicturale, mais non seulement ce bâtiment ne sert à rien, non seulement, d’un point de vue urbain, il n’a rien à faire là où il est (Il est incompréhensible que les Architectes de Bâtiments de France aient laissé faire cela), mais encore, c’est un gaspillage d’argent public qui aurait bien pu servir à d’autres choses.
    La villa méditérannée, c’est le prochain bâtiment qu’il faudra détruire sur le site (même si ce n’est, hélas, pas pour tout de suite.
    Benoit Campion
    architecte – urbaniste.

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  5. Finitions Finitions

    On juge souvent une construction à la qualité de ses finitions.
    Eh bien, lors d’une visite dominicale dans cette “villa”, j’ai été frappé de découvrir les piètres qualités des finitions. Personne n’accepterait ça chez soi. A la place de Michel VAUZELLE, j’aurais honte d’accueillir les grands de ce monde dans ce lieu. Ce n’est pas faire la pub de Marseille.
    Dommage, parce que ce bâtiment est une prouesse architecturale.

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