V Marseille fait appel au "mécénat citoyen"

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par sazouaoui
le 11 Avr 2013
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V Marseille fait appel au "mécénat citoyen"
V Marseille fait appel au "mécénat citoyen"

V Marseille fait appel au "mécénat citoyen"

V Marseille fait aujourd'hui appel aux "super citoyens" mis à l'honneur à la une du dernier numéro pour sauver leur jeune mensuel. Après trois mois de parution, ce magazine généraliste peine à stabiliser son modèle économique. Toujours enthousiastes, les cinq fondateurs cherchent désormais des soutiens financiers par le biais du site de financement participatif Kiss Kiss Bank Bank. Ces contributions citoyennes leur permettraient de financer l'impression d'un nouveau numéro, chiffré à 6 000 euros en contrepartie de cartes postales, d'abonnements, etc. La démarche est à la mode et a fonctionné pour Yes we camp.

"Réussir à financer le prochain numéro devrait nous permettre de concentrer nos fonds propres sur le développement à moyen terme du magazine", formule Eric Besatti, l'un des fondateurs. Les cinq journalistes, issus de l'IUT de Lannion, se sont lancés dans cette aventure avec une idée un peu folle en tête : fonder un journal papier financièrement indépendant, qui puisse mettre en avant des valeurs démocratiques de transparence et ce, uniquement à partir de leurs économies personnelles (4 000 euros chacun) mises en commun dans une société coopérative.

En janvier, le premier numéro de 80 pages a été distribué en kiosques et librairies et vendu au prix de 3,50 euros. Le magazine bénéficiant d'un relais important auprès de médias locaux et nationaux, plus de 4 500 exemplaires sont vendus. La forme et le contenu de V Marseille, qui tente de "saisir les reliefs, fractures et richesses de la ville", suscitent alors clairement l'intérêt du public. Pour Éric Besatti, l'un des fondateurs, "le contrat est rempli au niveau du contenu rédactionnel". En revanche, les chiffres de vente se sont érodés numéro après numéro. Ce sont donc les difficultés à concrétiser ce modèle économique qui remettent en question l'avenir du magazine. Il se fonde sur un financement par les abonnements et les ventes pour les frais d'impression et les publicités pour les salaires.

Journalistes, pas bénévoles

Or, si, selon l'équipe de VMarseille, les ventes ont dépassé les attentes et l'augmentation quotidienne des abonnements est encourageante, "le chiffre d'affaire des publicités devrait être deux fois plus important pour stabiliser l'entreprise". Ces rentrées d'argent leur permettent pour l'instant de payer une commerciale mais pas de dégager des salaires pour les journalistes. S'ils sont fiers de leur bébé commun, ils n'entendent pas exercer leur activité à titre bénévole. Pour l'instant, la société ne perd pas d'argent mais les indemnités chômage des journalistes arrivent à leur fin. Par ailleurs, pour multiplier les publicités et espérer atteindre un équilibre financier, un deuxième commercial serait nécessaire.

Les fondateurs de VMarseille ne sont "pas prêts à abandonner ce beau rêve". Ils n'ont "pas voulu d'investisseurs et n'en veulent toujours pas, pour conserver leur indépendance". Difficile pour eux d'imaginer changer la forme juridique coopérative sans changer le concept du magazine, et décevoir "un lectorat certainement séduit par la cohérence du projet". Les journalistes se trouvent ainsi à "un moment crucial", les trois prochains mois étant déterminants. L'envie de continuer les force à réfléchir à un modèle plus efficace. En premier lieu, ils reconnaissent "un défaut de communication" : ils ont seulement investi un total de 700 euros depuis la création, pour des affiches et une soirée de lancement. Il faudrait donc "construire un nouvel argumentaire publicitaire qui se baserait sur une identification plus précise du lectorat".

Ouvrir aussi le contenu

V Marseille entend "toucher les citoyens actifs, ceux qui veulent faire bouger la ville" mais cette cible large complique le dialogue avec les annonceurs. Quant à l'appel sur Kiss Kiss Bank Bank, il s'agit de tester l'attachement du lectorat, "pour savoir s'il souhaite voir le magazine grandir et se stabiliser". Par ailleurs, s'ils n'ont pas demandé de subventions lors de la création de leur entreprise, les cinq associés envisagent de faire des demandes d'aides publiques, notamment dans le cadre de l'économie sociale et solidaire.

La dimension participative de leur démarche ne se limite pas au financier mais aussi à une nouvelle forme d'ouverture sur le contenu. L'idéal à terme serait d'introduire, des formes de concertation, en amont avec les Marseillais. Les fondateurs de V Marseille croient au "potentiel du magazine et espère stabiliser sa situation pour lui permettre de se déployer". Éric Besatti résume la situation ainsi : "V Marseille a les avantages et les inconvénients de notre jeunesse". En espérant que le projet ait le temps et les moyens de vieillir…

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Commentaires

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  1. nanette nanette

    au fond, quelle serait la différence entre un mécène, même citoyen, et un investisseur, même citoyen? l’un n’est pas plus désintéressé que l’autre, non?

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  2. cecile13 cecile13

    Bonjour,
    Je participerai volontiers (j’ai les premiers numéros), mais comme tous les mensuels/hebdos de Marseille, on ne voit tjs pas assez de sciences dans ce magazine. Alors que la Marseille Scientifique est superbe, pourquoi le cacher, pourquoi ne pas s’y intéresser ? Nous avons ici de grandes figures internationales (Ruffo en pedopsy pour le plus médiatique, mais y’en a pléthore d’autres). Osez, y’a un marché de lecteurs !

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  3. athe athe

    Il serait évidemment dommage de les voir disparaître. Mais il faudra absolument trouver un modèle économique viable. Le mécénat citoyen, ça ne marchera pas sur la durée. En France, on a pas la même culture de lecture de presse qu’en Allemagne par exemple, où la TAZ (quotidien alternatif) a réussi à trouver un équilibre économique sous forme de coopérative (elle appartient en fait à un certain nombre de lecteurs).
    Premièrement, on pourrait évidemment augmenter d’ 1€ ou 1,50€ le prix de vente; ça me paraît encore raisonnable pour un mensuel.
    Puis il faudra peut-être développer l’agenda culturel et miser plus sur la publicité des acteurs culturels. Et il y a l’économie locale: ça va de Maupetit, Lafitte, Actes Sud, en passant par Casablanca, Madame Zaza of Marseille jusqu’à Kaporal, Kult ou les Galléries Lafayette. Et puis pourquoi pas Orange, Apple ou Adidas, bref une boite qui aurait envie de communiquer sur l’image de Marseille.
    Mais, à mon avis, sans la publicité, un journal n’a aucune chance de survie en France.

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  4. Anonyme Anonyme

    “appel au mécenat citoyen” : ça tortille de la formule pour demander du pognon

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  5. athe athe

    Tout à fait d’accord avec @cecile, je pense qu’il faudra s’ouvrir un peu plus, sur le monde économique comme sur les sciences. Et surtout je pense qu’un jour, il faudra prendre en compte le caractère cosmopolite de Marseille. Marseille n’est pas une ville avec beaucoup d’immigration, mais, contrairement aux autres villes françaises, une ville d’immigration – ce sont les immigrés qui ont fait la ville.
    Ou pour le dire autrement, on s’intéresse toujours aux immigrés comme sujet, mais jamais, mais absolument jamais, comme lecteurs. Alors qu’à Marseille, trois quarts des gens ont des origines étrangères et s’intéressent à Marseille dans ses rapports avec le monde, et plus particulièrement le monde méditerranéenne. C’est tout simplement un constat de fait. C’est flagrant quand on descend n’importe quelle rue à Marseille, mais dès qu’on ouvre un journal local, on a l’impression d’entrer dans un monde parallèle. Au fond, il n’y a rien qui les distingue d’un autre quotidien de la PQR française: un petit monde fermé sur lui-même.

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  6. Aux frontières du monde soviétique Aux frontières du monde soviétique

    Il est très bien ce petit canard, et oui pour un mensuel payer un peu plus cher, ne me poserait pas de problème. ” … la valeur n’attend point le nombre des années !”

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