Une dizaine de tsunamis recensés à Marseille
Une dizaine de tsunamis recensés à Marseille
27 juin 1812. La mer se retire violemment du Vieux-Port, faisant baisser le niveau de près d’1,50 m pendant 45 minutes, cassant les amarres des bateaux, qui sont entraînés au milieu du port, avant un flux qui inonde les quais. Un événement « que l’ignorance et l’amour du merveilleux » ont à l’époque « dénaturé » précise l’Académie des Sciences, qui ironise sur les « contes » répétés par les « gazetiers » : « le port à sec, les poissons pris à la main, les eaux montées de 10 à 12 pieds, la perte de navires et d’hommes ». Mais un phénomène qui constitue à ce jour le plus important tsunami connu en France métropolitaine, avec une intensité de 4 sur une échelle allant jusqu’à 6. Pas de quoi dévaster le littoral comme au Japon, mais suffisant pour secouer sérieusement notre ferry boat flambant neuf…
C’est l’un des enseignements du travail de Jérôme Lambert, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui a recensé 36 tsunamis en France métropolitaine et 25 dans les DOM-TOM, et a mis les données mais aussi les cartes et les témoignages en ligne. Et c’est dans les Bouches-du-Rhône qu’il en a identifié le plus : 12. Une recherche qui passe « par le dépouillement d’archives, il faut lire des centaines de coupures de journaux pour arriver à trouver quoi que ce soit », avant de s’assurer qu’il s’agit bien d’un tsunami et non d’une simple tempête, explique-t-il.
Système d’alerte méditerranéen
« On s’est rendu compte grâce à la base que Marseille était exposée alors que vu le contexte géologique ce n’était pas évident », contrairement aux trois zones à risque du Languedoc-Roussilon, de la côté varoise et des Alpes-Maritimes, commente sa collègue du BRGM Monique Terrier qui l’a secondé dans la réalisation du site. Dans ce domaine longtemps négligé, ces trois zones ont été sélectionnées pour être les pilotes d’un système d’alerte du ministère de l’Intérieur, lui-même branché sur un réseau qui doit voir le jour en Méditerranée et dans l’Atlantique Nord en 2012.
« La prise de conscience a été assez tardive », confirme Didier Reault, conseiller municipal délégué au Littoral (UMP), qui explique avoir reçu une note des ministère de l’Ecologie et de l’Intérieur suite au tsunami du Sud-Est asiatique en 2004. « Le risque maximum est une vague de trois mètres, ce qui peut-être assez destructeur. En période estivale, on peut alerter la population et évacuer les plages, du moins là où il y a des postes de secours. Les premières analyses montrent que l’on aurait un temps de réaction de 30 minutes, sachant que l’objectif est de moins de 15 minutes. Mais par exemple s’il y a un séisme le long de la côte algérienne, cela laisserait 30 minutes. »
Si, à terme, des sirènes et autres panneaux d’informations sont évoqués, pour l’instant à Marseille « on est encore dans une phase de construction, de savoir comment appréhender le phénomène. Nous nous inscrirons dans le dispositif de l’Etat », poursuit-il. Dans les trois zones pilotes, « des simulations sont actuellement faites pour calculer précisément en fonction d’un événement donné quelle sera l’ampleur de l’inondation, la hauteur de l’eau, la vitesse, la durée« , explique de son côté Monique Terrier. Ce qui permettra « en parallèle d’analyser les éléments exposés : hommes, bateaux, maisons, infrastructures ». Encore une fois, aucune risque d’un tsunami comme celui qu’a connu le Japon, mais même une vague de 50 centimètres, si elle arrive suffisamment vite, peut emporter un homme d’1,70 m, prévient-elle.
Urbanisation et tourisme de masse
Et, si les événements recensés par Jérôme Lambert n’ont fait pour la grande majorité que des dégâts minimes, « le contexte socio-économique a beaucoup évolué depuis 50 ans, avec des plages pleines l’été. On ne peut pas se caler sur les dommages passés ». Les premiers résultats montrent d’ailleurs que la date a une grande importance dans les risques encourus, en particulier au niveau humain. Au lieu d’un mort, le tsunami de 1979 a Nice, qui a résulté d’un glissement de terrain causé par un chantier sur l’aéroport, « aurait fait jusqu’à 300 victimes s’il s’était produit un 15 août », annonce-t-elle.
Mais pour Marseille, difficile de savoir quels sont les risques sans une analyse approfondie de la configuration des fonds marins, « qui peuvent amplifier ou au contraire arrêter un tsunami ». D’après les récits historiques, le Vieux-Port serait le principal concerné, mais les plages du Prado n’existaient pas à cette époque… »De part leur largeur, les plages du Prado amortiraient le choc. Par contre, pour des zones plus urbanisées comme la Vieille Chappelle, la Pointe-Rouge ou Malmousque, on aurait plus de difficultés », analyse Didier Reault.
Appel à témoignages
Tout comme la prise en compte du risque, les recherches historiques n’en sont qu’à leur débuts, la base étant appelée à s’enrichir. « L’histoire ne s’écrit pas en un jour, vu la masse de documents à traiter », glisse-t-il. « Un séisme, beaucoup de gens le ressentent et vont en parler. Une vague d’1 m sur les plages du Prado, si ça se passe la nuit, cela ne va inquiéter personne.«
Du coup, « même si on connaît le séisme, il n’est pas évident que l’on connaisse le tsunami ». Il soupçonne par exemple un tremblement de terre en 1963 dont l’épicentre était situé entre la Corse et le continent d’avoir pu causer un tsunami. Mais « il n’est pas obligatoire que l’onde parvienne sur les côtes », et il n’en a pour l’instant pas trouvé la trace. Et de lancer un appel aux témoignages, « même des souvenirs de marins », histoire d’enrichir son catalogue. Et de permettre en retour à Monique Terrier de « caler ses modèles numériques » et de mieux connaître la fréquence de ces événements.
Le site Tsunami.fr
Le risque de tsunami vu d’Alger, chez nos confrères marseillais d’Econostrum
Un rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques s’alarmait en 2007 de « l’attentisme inacceptable de la France »
Une présentation sur le réseau d’alerte Cratanem et sa déclinaison française
Un projet de démonstrateur, cette fois-ci sur les tsunamis arrivant très rapidement sur les côtes
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
A priori en 2014 il devrait y avoir une vague rose ou assimilée du côté du quai du Port
Se connecter pour écrire un commentaire.
@lucide
L’article dit que ce tsunami à fait se retirer l’eau du port … curieux non ?
Disons que la prédiction qu’on peut faire c’est une vague bleu Marine qui aille jusqu’au bateau bleu à l’ancre à St-Just … bleu, bleu, bleu comme le ciel de Provence.
Extra-lucide
Se connecter pour écrire un commentaire.
Je signale deux abus (commentaires ci-dessous) …
Faut arrêter de boire, les gars, ou vous allez finir par prendre vos désirs pour la réalité. Et vos désirs, sachez le, sont loin d’être ceux de la majorité !!!
Se connecter pour écrire un commentaire.
Le très grand scientifique Haroun Tazieff estimait que le littoral méditerranéen français n’est pas à l’abri d’un tsunami “moyen”, c’est-à-dire quand même assez destructeur, généré par un séisme à proximité de l’Italie ou de l’Algérie, pays à forte sismicité.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Marius,Marius!
Notre qualité de français,nous met à l’abri de tout…!
Allons!vous ne savez pas…
Des vrais poètes les gars!
Ce doit être le printemps..
Ma très chère Casanovette,très,très bien vu.
Se connecter pour écrire un commentaire.
La vague la plus en vue sur les Catalans est la vague de béton que nous concocte notre cher Jean-Claude.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Tsunami !!!
On a eu un mort en un siècle (Nice aéroport) et peu de morts dus à eux dans l’histoire.
On ferait mieux de s’intéresser aux innondations, incendies, avalanches, glissements de terrains.
La oui, il y a des morts, et chaque année.
Se connecter pour écrire un commentaire.