Un squat de mineurs isolés dans un bâtiment municipal oblige la Ville à se positionner

Actualité
le 30 Juil 2020
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Face à un manque de place dans les lieux d’accueils idoines, des mineurs isolés ont investi mi-juillet des bâtiments municipaux inoccupés dans le 1er arrondissement. Alertée de leur présence par un voisin, la police a été mobilisée sur place. Sommée de se positionner par un réseau de solidarité, la mairie promet de ne pas expulser les occupants pour le moment.

Militants et riverains patientent devant une des entrées du squat rue Flégier. (Photo: Elhia Pascal-Heilmann)
Militants et riverains patientent devant une des entrées du squat rue Flégier. (Photo: Elhia Pascal-Heilmann)

Militants et riverains patientent devant une des entrées du squat rue Flégier. (Photo: Elhia Pascal-Heilmann)

Massées devant le 43 rue Flégier, dans le quartier du Chapitre (1er), une vingtaine de personnes fait corps aux abords du bâtiment. Présents depuis le matin, militants, riverains et délogés témoignent leur soutien envers les jeunes mineurs isolés, installés dans les deux bâtiments municipaux désaffectés. Mobilisés, les militants tentent d’éviter la confrontation avec les forces de l’ordre, dépêchées sur place ce jeudi. Un riverain mécontent et craignant pour sa famille aurait appelé la police pour se plaindre de nuisances sonores.

Il y a un problème de place à Marseille

En cause, la vingtaine de jeunes mineurs isolés installés depuis le 20 juillet dans ces immeubles, une vieille textilerie aux accès condamnés et l’ancienne école des abeilles, inoccupées depuis plusieurs années. “Ils sont arrivés depuis plusieurs semaines à Marseille, mais ils ne sont pas pris en charge car il y a un problème de place à Marseille” explique Mani, un militant proche du collectif Saint-Just. Une habitante des lieux, qui craint une expulsion, témoigne d’un défaut de prise en charge des services départementaux : “aujourd’hui les structures institutionnelles ne sont pas suffisantes pour héberger tous les gens à la rue donc malheureusement il faut trouver d’autres moyens. Alors quand on voit des bâtiments vides, où il n’y a pas de mise en péril, on y va”.

Le collectif Saint-Just, qui soutient l’occupation, a précédemment géré le squat du même nom, dont des mineurs isolés ont été délogés après un incendie, comme le rappelle la banderole installée rue Flégier. (Photo: Elhia Pascal-Heilmann)

Face à cette nouvelle occupation, le réseau solidaire d’entraide présent sur les lieux réclame le concours des services habilités. Une militante déclare : “On a ici des jeunes qui ne sont pris en charge ni par les services de l’aide sociale à l’enfance, ni par l’Addap13”, le prestataire qui est chargé de la prise en charge de mineurs isolés par le conseil départemental des Bouches-du-Rhône. En parallèle, les collectifs s’organisent pour aider ces mineurs “dans leurs démarches administratives et surtout pour leur scolarité” précise Romain, qui fait partie du groupe de soutien.

“Il n’y aura pas d’expulsion”

Face à la dizaine de policiers en tenue d’intervention, les militants sont confiants. Mani indique que “le bâtiment est squatté depuis plus de 48 heures, donc ils ne peuvent pas intervenir sans procédure judiciaire spécifique, sinon c’est une expulsion illégale”. En l’occurrence, ce serait au propriétaire, la Ville de Marseille, d’initier cette procédure. Du côté de la municipalité désormais à gauche, on se veut rassurant. “Il n’y aura pas d’expulsion” assure Sophie Camard, la maire des 1/7. Affirmation que corrobore Audrey Garino, adjointe à la mairie de Marseille en charge des affaires sociales, de la lutte contre la pauvreté et de l’égalité des chances.

Saisie du dossier dans la matinée, celle-ci veut “identifier les publics présents sur place et leurs besoins alimentaires, en eau”. Pas question de “laisser ces mineurs dehors en pleine chaleur, la municipalité travaille à une solution acceptable et viable pour tout le monde”, ajoute-t-elle. Néanmoins, Clara*, du réseau de solidarité, s’impatiente : “Après les annonces générales sur l’occupation du foncier vacant, on attend une cohérence entre les discours et le soutien à des actions concrètes sur la réalité de terrain”.

“Une volonté politique d’agir”

Seul hic, les bâtiments sont visés par un projet de transformation. La délibération du conseil municipal du 25 juin 2018, consultée par Marsactu, acte en effet la démolition du 23, rue Farjon et du 42, rue des abeilles. Démolition devant laisser place à un nouvel édifice relié au 43, rue Flégier qui serait réhabilité. La mesure répond à la saturation des écoles du secteur et vise à la création de sept nouvelles classes en élémentaire. Une voisine, résidente de longue date du quartier déclare à ce propos avoir reçu la visite de l’architecte de la Ville un mois plus tôt. Le projet semble bien avancé.

Malgré une “volonté politique d’agir” pour ces mineurs isolés, il n’est pas du ressort de la municipalité de trouver des solutions sur le long terme. Audrey Garino plaide pour une action concertée avec les services départementaux, compétents pour la protection de l’enfance. En cas de blocage, sauf à revenir sur sa promesse de ne pas expulser, la Ville pourrait être contrainte de passer de la concertation à la pression. Un temps permise par le diocèse, l’occupation du squat Saint-Just a ainsi duré 17 mois et a vu se succéder les arrivées, les mises à l’abri et les décisions de justice.

Contacté par Marsactu, le département n’a pas donné suite à nos demandes dans les délais impartis à la publication de cet article. Régulièrement, la collectivité dirigée par Martine Vassal (LR) est condamnée par la justice pour le non respect de son obligation à prendre en charge les mineurs. C’est notamment le cas pour 50 mineurs isolés étrangers qui occupaient Saint-Just, pris en charge en avril.

Dans le brouhaha, certains jeunes attendent, accoudés aux rambardes. Parmi eux, deux Gambiens, arrivés à Marseille il y a quelques semaines et à la rue depuis. “Abandonné” des services officiels, le plus jeune d’entre eux souhaite “vivre plus dignement”. Avertis par les militants d’une “ouverture officielle” du lieu aux personnes isolées, ils espèrent pouvoir y trouver refuge. Au moins un temps.

*Le prénom a été modifié à la demande de la militante.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Et celle qui après être passée à l’hôpital a pris conscience à 58 ans de la difficulté de certains et de la misère du monde, que fait-elle à part se contempler le nombril béate d’admiration. Cela est vrai les maisons du “bel âge” c’est plus rentable et cela vote.
    Vassal ou l’humanité sélective

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    • Vitamines Vitamines

      Le voyage de Gambie jusqu’à Marseille coûte très cher. Ce ne sont pas les “miséreux” d’Afrique qui émigrent, mais les enfants d’une certaine bourgeoisie africaine.
      Quant au qualificatif de “mineur”, renseignez vous un peu….
      A part les enfants du quartier, privés d’extension de l’école, où sont les “victimes”?

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  2. jasmin jasmin

    Le premier travail du futur nouveau Directeur General des Services devrait consister à faire un état des lieux des bâtiments et terrains appartenant à la mairie de Marseille. Pour chacun, identifier les projets éventuels d’utilisation et travaux engagés et déterminer leur échéance. Ce bâtiment est destiné à une extension de l’école (pour la rentrée prochaine?) et travaux bien engagés. Un chantier qui démarre doit être marqué et sécurisé pour éviter le retard dans les travaux, les accidents sur le lieu, les vols d’outils de chantier etc. Tout est tellement lent ici que tout le monde s’autorise à en faire usage. Ca va être une gymnastique cocasse d’afficher comme objectif la lutte pour l’habitat indigne et l’amélioration de l’état des écoles, et empêcher ceux fuyant l’habitat indigne pour aller habiter dans une école..

    En fait, squatter des écoles alors qu’elles se préparent à une rentrée compliquée avec le coronavirus, la distanciation, les temps aménagés etc, ce n’est vraiment pas une bonne idée. L’idée a dû être avancée par les associations et militants d’aide aux réfugiés. Je suppose que la nouvelle municipalité va engager une reflection avec eux, pour les faire participer à des décisions responsables pour tout le monde?

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  3. Orsu Orsu

    l’ amusant dans cette histoire , le fait que nombre de mineurs ne sont plus mineurs
    A quand une enquête de Marsactu sur ces réseaux spécialisés dans les jeunes migrants .

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  4. pas glop pas glop

    Le squat est en cours d’expulsion. La police dit qu’elle agit sous ordre de la maire de secteur

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  5. ANGIE13 ANGIE13

    par mesure humanitaire nous avons proposé à la nouvelle élue Mme GARINO en charge du sujet d’apporter une aide alimentaire ponctuelle à ces jeunes migrants..pas de réponse au bout de 3 jours, cela commence bien pour la solidarité…sans autres commentaires..

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