Un pilote marseillais prend le patron de Ryanair à son propre jeu

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le 15 Sep 2010
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Un pilote marseillais prend le patron de Ryanair à son propre jeu
Un pilote marseillais prend le patron de Ryanair à son propre jeu

Un pilote marseillais prend le patron de Ryanair à son propre jeu

Tous les médias en font des gorges chaudes ce matin : un commandant de bord de Ryanair basé à Marseille propose que la compagnie « remplace le PDG par un membre stagiaire de l’équipage de cabine, gagnant actuellement 13.200 euros net à l’année » ce qui permettrait de réaliser « des millions d’économies en salaire et en stock-options » et « ne nécessiterait aucun feu vert des autorités« , lance-t-il dans une lettre au Financial Times.

Pas de besoin de copilote

Une réponse coup pour coup, comme on les aime dans la région, à la nouvelle lubie de son boss Michael O’Leary : supprimer tous les copilotes dans ses avions. « Vraiment, un seul pilote suffit ; laissons ce satané ordinateur faire voler l’appareil », s’emporte-t-il dans Business Week, expliquant qu’« un membre du personnel de cabine sera formé pour faire atterrir l’appareil. En cas d’urgence, le pilote déclenchera l’alarme pour faire venir l’hôtesse. »

Qu’importe le fait que ce soit contraîre à la réglementation d’après Direction générale de l’aviation civile rappelle Le Monde… Et que, comme le fait remarquer Cédric Maniez, secrétaire général du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), au quotidien du soir « lorsqu’un patron dévalorise à ce point ses pilotes, on peut s’interroger sur sa vision de la sécurité ». Car n’avoir qu’un seul pilote dans la cabine permettrait « d’économiser une fortune« .

Les clients suivent

Et ça, les passagers apprécieraient peut-être, qui sait. Après tout, se soucient-ils des entorses au droit syndical et des employés sous-payés ? Des questions que l’on devine en filigrane dans la remarque du commandant de bord marseillais, qui est bien placé pour le savoir. D’ailleurs O’Leary, « le consommateur européen ramperait nu sur du verre cassé pour avoir des billets pas chers ». Alors la sécurité… Grâce à sa « politique de prix bas qui a accru l’écart de tarifs » avec la concurrence, dixit le directeur de la communication de Ryanair Stephen McNamara, la compagnie a justement pulvérisé tous les records européens cet été avec près de 8 millions de passagers transportés annonce l’AFP.

Et ce malgré (ou à cause ?) les saillies controversées et à répétition de Michael O’Leary. « Les injures désinvoltes sont le fond de commerce d’O’Leary« , résume le Guardian dans un portrait consacré à l’homme d’affaire irlandais. « Il a assimilé la Commission européenne à des « abrutis », le gestionnaire d’aéroports BAA à des « violeurs qui font payer trop cher » (overcharging rapists). Le service de contrôle britannique du trafic aérien est « minable » (poxy), British Airways de « coûteux bâtards » et les agences de voyages des « fuckers » qui devraient « être sortis et flingués »« , détaille le journal.

En froid avec les écolos

Un sens du respect inné donc. Idem pour l’environnement : Michael O’Leary clame à qui veut l’entendre que Ryanair est fier d’augmenter ses émissions de CO2 à l’avenir.  »Son mépris pour les conséquences de ses actions sur le climat mondial montre à quel point il est important que l’industrie de l’aviation soit mise sous contrôle« , assure au Guardian Richard Dyer, des Amis de la Terre.

Les écolos qui sont désormais ses nouveaux amis, depuis qu’il a déclaré dans The Independent que le réchauffement climatique est « de la merde de cheval« , ressortant les arguments les plus classiques de Claude Allègre et consorts. Mais comme les pilotes marseillais, les « putain d’éco-guerriers » ont du répondant : « Personnellement, je ne ferait pas confiance à O’Leary pour me donner le prix d’une place sur un vol de sa propre compagnie, mais pour être juste, ce point de vue à le soutient de poids lourds intellectuels comme Nick Griffin (le Jean-Marie Le Pen britannique, ndlr), Sarah Palin et George W. Bush« , a réagi Joss Garman de Greenpeace.

Condamnation en Espagne

Bilan des courses : Ryanair réussit une fois de plus à faire parler de lui. Et il y a fort à parier que Michael O’Leary soit plus plié en deux que furieux de la rebuffade de son pilote. Mais cette prise de parole montre que malgré sa santé commerciale insolente, la compagnie n’est pas à l’abri de déconvenues. Une instruction judiciaire, dont les suites devraient être connues en novembre, sur son application du droit irlandais, au lieu de notre bon vieux code du travail, lui pend par exemple au nez.

Au début du mois, la justice espagnole l’a condamnée à 40 000 euros d’amende dans la bataille qui l’opposait à Atrapalo.com, un comparateur de prix à qui Ryanair voulait refuser le droit de distribuer ses billets. Face à ces « bâtards nuisibles à ses clients », le site Econostrum note que « Ryanair n’a pas seulement perdu son procès,mais aussi son crédit ». Elle avait eu le culot d’annoncer dans un communiqué que la justice lui avait donné raison. On a beau avoir le verbe haut, on ne peut pas tout se permettre…

Un lien Ryanair à Marseille : vol au-dessus d’un nid de cocus, sur Marsactu

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