"Un extraordinaire mélange entre les politiques locaux et les multinationales de l'eau"

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le 21 Oct 2014
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"Un extraordinaire mélange entre les politiques locaux et les multinationales de l'eau"
"Un extraordinaire mélange entre les politiques locaux et les multinationales de l'eau"

"Un extraordinaire mélange entre les politiques locaux et les multinationales de l'eau"

Avec d'autres organisations, vous lancez la Gremme (Grande rencontre euro-méditerranéenne de Marseille sur l’eau). Trois ans après le forum alternatif mondial de l'eau, vous organisez un nouvel événement international à Marseille comme si la ville était devenue un symbole de votre combat. Pourquoi ?

Bernard Mounier : Parce que le moule n'est pas cassé. Eau bien commun PACA réussit à fédérer le CCFD-Terre solidaire [Comité catholique contre la faim et pour le développement, ndlr], les Amis de la Terre, Attac : les associations s'entendent bien sur cette question de l'eau. Depuis 2012, tous les réseaux constitués d'associations, de bénévoles sont toujours présents même s'ils ne sont pas forcément réactifs. Surtout parce qu'en face de nous, il y a le conseil mondial de l'eau et cet extraordinaire mélange entre les dirigeants politiques locaux, notamment à la communauté urbaine et les patrons des multinationales de l'eau comme Loïc Fauchon. Ce dernier a quand même une aura qui transcende Marseille puisqu'il est le conseiller du secrétaire général de l'ONU en charge des catastrophes naturelles dues à l'eau. On a donc un personnage-clé de la politique mondiale de l'eau face à nous avec une conception du développement et de l'accès à l'eau par diverses formes de privatisation dont nous contestons le bien-fondé et l'efficacité.

Au moment du forum alternatif mondial de l'eau, la gestion publique était déjà en germe à Aubagne. Depuis lors, vous n'avez pas remporté de combats politiques importants dans ce domaine. Les délégations de service public de Marseille ont été reconduites. Ne manquez-vous pas de débouchés politiques ?

Bien sûr. En face il y a une volonté politique qui ne se dément jamais et transcende le clivage gauche-droite. Ce sont eux qui ont le pouvoir : les élections ont placé une fraction de ce personnel politique encore aux manettes. Ce sont eux qui répondent aux lettres que l'on fait, de la même façon mais parfois avec plus de prudence que l'ancienne majorité parce qu'ils ne sont pas sûrs que les décisions qui ont été prises ne seront pas retoquées d'une manière ou d'une autre. C'est très difficile de sortir de cette idéologie selon laquelle l'eau de Marseille est très bonne, on la met en bouteille, on s'en sert pour le Marseille-Cassis… C'est un millésime, bientôt, qui sera apposé sur les carafes ! Et puis il y a cette conviction que les entreprises privées savent mieux faire que le public, qu'elles sont plus efficaces. Pour eux, c'est normal de les favoriser car elles sont nos championnes internationales sur l'eau et ici, à Marseille, nous sommes leur base arrière. Et en plus, elles nous le rendent bien puisqu'elles ont installé ici le siège du conseil mondial de l'eau. Je ne pense pas que ce soit de la mauvaise foi, ce ne sont pas des gens obligatoirement corrompus ou dans le conflit d'intérêts. Ils y croient avec la foi du charbonnier.

Mais force est de constater que vous n'arrivez pas à faire avancer la gestion publique malgré une structuration grandissante…

La période politique n'est pas très favorable. Les gens sont désenchantés. Le rapport à la jeunesse diffère de ce qu'il était avant. Les jeunes se mobilisent différemment, sont davantage sur des projets collectifs, associatifs, coopératifs. Ils sont occupés à mettre en place des alternatives concrètes par exemple sur l'agriculture urbaine et périurbaine, des choses qui les rapprochent des luttes pour l'accès à l'eau mais ça n'est pas leur priorité. Ça le devient quand il y a un événement comme la Gremme. Quant aux militants politiques, ils sont très peu nombreux et ils ne sont pas là hormis ceux d'Europe écologie-les Verts qui sont un peu plus faciles à mobiliser. Pour la régie publique, nous avions réuni le NPA, le MRC, le Modem, les écologistes, le Front de gauche mais aussi quelques socialistes. Mais c'est une question qui reste annexe, c'est un chapitre de leurs programmes qu'ils n'ont pas vraiment approfondi.

C'est pour cela selon vous que, même pendant les municipales, le débat sur les contrats de l'eau à 3 milliards de la communauté urbaine n'a pas existé ?

Des débats ont été organisés par le Front de gauche* mais ils se sont déroulés sur un mode complètement circulaire. On n'a pas touché les citoyens, les usagers, les électeurs. Un jour, j'ai interpellé Eugène Caselli qui était en campagne sur un marché place Cadenat au mégaphone. Il est parti. Il y avait une volonté de ne pas aborder cette question et ne pas défendre leur position. Pourquoi par exemple les contrats signés étaient moins favorables à la signature qu'au moment de la remise des offres ? Ils ne veulent pas rendre compte aux citoyens. Et pourtant, il existe une alternative : à Paris a été mise en place une démarche participative avec des budgets à gérer et une présence des usagers au conseil d'administration. Ça nous paraît aller dans le bon sens.

*Bernard Mounier est par ailleurs adhérent de la tendance Ensemble du Front de gauche.

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Commentaires

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  1. Trseorier Trseorier

    Peu importe quele chat soit rouge pourvu qu’il attrape des souris disait Deng Xiao Ping.

    En matiere d’eau, regie publique, concession, afermage, prestataire, peu m’importe.

    Toutefois, si l’eau est un bien collectif, elle a un prix. Son traitement, son acheminement, la securite de son approvisionnement, de sa qualite et de son volume ont un prix.

    Enfin, localement, les services publics ont montre toutes leurs lacunes et nombre de magouilles.

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  2. ZeCancre ZeCancre

    Et non l’eau n’a pas de prix elle a un coût d’acheminement et d’assainissement, je vous invite à voir ou revoir WATER MAKE MONEY film qui vous démontrera ce que sont les profits des Transnationale de l’eau sur ce bien commun essentiel à la vie. D’une manière générale sur toutes les Délégations de Service Public c’est le peuple qui perd ou encore mieux dans les Partenariats Public Privé les profits sont garantis mais la à Marseille depuis l’histoire du stade on a bien compris.
    HiHan

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  3. Anonyme Anonyme

    collusion, mélange des genres… vous dites? quoi quoi quoi? quand un dircom de la SEM/Loic Fauchon est également éminence grise du PDG de la SAFIM et conseil en com’ occulte du Maire de Marseille, etc, etc… heu, ça s’appelle comment déjà? le cumul-mélange de ces fonctions (très) privées et semi-publiques, c’est une vraie réalité ici à Marseille! en cherchant un peu vous saurez de qui je parle!

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  4. Anonyme Anonyme

    …@ZeCancre : toutafé, mais il va falloir s’y faire…Les Etats sont en faillite et n’auront de cesse d’aller de délégation en délégation..
    C’est un fait, alors autant faire avec et se concentrer sur le bout de la chaine : quand on se penche sur ces fameux appels d’offres, on constatera qu’effectivement le caractère financier n’est plus primordial, car on est passé du “moins disant” (porte ouverte à toutes les fraudes dans l’adjudication et prévalence du résultat low-cost) au “mieux disant”, avec un cahier des charges qui intègre des critères de pondération tels que le développement durable.
    Et c’est effectivement en bout de chaine qu’il y a une place pour ces fameux “jeunes” dont parle ce monsieur : le tissu associatif va avoir un rôle éminent à jouer, loin de ce monde politicien excécrable.
    Franchement, comment les gens du NPA peuvent-ils prétendre à mobiliser les “jeunes” avec des questions comme la retraite des cheminots ?
    Comment les “verts”, avec leur positionnement en faux-nez de l’extrême-gauche, peuvent-ils avoir prétention à rassembler ?…
    Qu’on le veuille ou non ce monsieur est le représentant d’une espèce à l’agonie; il est un dinosaure mourant : il le reconnait d’ailleurs, et on ne peut que s’en réjouir.

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  5. Anonyme Anonyme

    en 2014 l’eau est le 3em secteur le plus corrompu après l’armement et le BTP ! Alors que c’est une ressource vitale pour l’humanité. Que font nos gouvernants pour moraliser tout cela, où trempent-ils aussi dans cette corruption, ceci expliquerai cela ?
    Alors que l’on voit bien que la ressource eau va finir par se raréfier.
    pour info 60 millions de consommateurs teste des douchettes à économie d’eau et préconise la pose de matériel d’économie d’eau sur les robinets et WC.
    L’étude montre qu’une famille de 4 personnes peut réduire de 30% sa facture d’eau (de 150 m3 /an à 100 m3) soit 50 m3 d’économie d’eau par an, tout en gardant le même confort.
    Il est indiqué que ces matériels d’économie d’eau permettent au final une économie entre 217 et 267 € /an ce qui représente 45% de la facture d’eau (30% d’économie pour l’eau et 15% supplémentaire sur l’énergie).
    plus d’infos sur http://www.activeau.fr/test_60_millions_de_consommateurs.htm

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  6. Anonyme Anonyme

    je serais très curieux de savoir qui finance l’assos de ce mr mounier? la région? l’état, un parlementaire avec sa réserve? cela ne le gène visiblement pas d’être en plus au front de gauche… mélange des genres, non?
    que marsactu se renseigne et nous informe un peu sur ces financements

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  7. Anonyme6 Anonyme6

    Zemour à sûrement un avis

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  8. Martine Besseteaux Martine Besseteaux

    Avez-vous des informations détaillées sur le projet du bassin tampon Ganay , 13009 ?
    A l’origine, ce bassin devait se réaliser à St Marguerite. Il y a eu un changement pour le réaliser Bd Ganay sans une étude d’impact. Les résidants sont entrain de s’organiser pour faire savoir légalement leur désaccord. C’est un contrat qui lie MPM à la SERAMM.
    Dans l’attente de votre réponse.

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