Un an après les violences sexuelles au club de foot, Port-Saint-Louis se déchire toujours
En juin 2019, des parents ont signalé les agissements d'un entraîneur du club de foot vis-à-vis de leurs enfants. Pendant que l'enquête judiciaire avance, Port-Saint-Louis est encore secouée par l'impact des révélations. Des familles de victimes dénoncent un climat d'omerta dans le huis clos de cette petite ville.
Un an après les violences sexuelles au club de foot, Port-Saint-Louis se déchire toujours
Le stade Georges-Taberner a des airs de bel endormi. Depuis la rentrée, les entraînements n’ont pas repris pour les petits Port-saint-louisiens, contrairement à la plupart des autres communes alentours où on se débrouille pour faire un peu cavaler les minots malgré la pandémie. Les terrains municipaux dorment donc d’un sommeil lourd, où seuls quelques adultes viennent fouler la pelouse. Ce matin de septembre ensoleillé, on n’aperçoit guère que le gardien qui fait des jongles en solitaire. Pour comprendre cette trêve forcée, il faut remonter des mois de tensions et de non-dits.
Juin 2019. L’affaire explose à la face de la petite ville de 8449 habitants, isolée aux confins des Bouches-du-Rhône, entre le grand port maritime de Marseille et la Camargue. L’entraîneur du groupe des U15, âgés de 14 et 15 ans est incarcéré pour des faits de violences sexuelles envers ses joueurs. Depuis des mois, Michel K., 28 ans, avait instauré dans les vestiaires des gestes, des rites, menant soit à la violence envers certains joueurs, soit à des jeux aux visées clairement sexuelles. La justice n’hésite pas. Le parquet de Tarascon ouvre une information judiciaire. L’entraîneur est mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs, atteinte à l’intimité de la vie privée et tentative de corruption de mineurs.
Le tremblement de terre aurait pu en rester là : une ville unie et meurtrie par les atteintes sexuelles vécues par ses enfants, une justice qui mène l’enquête. Pourtant, de semaines en semaines, tabous et soupçons ont fait le travail inverse et implacablement contaminé l’atmosphère, comme autant de répliques au séisme qu’ont été ces révélations.
En interrogeant des protagonistes de cette affaire, une description revient, comme un mantra. “Vous êtes déjà allée à Port-Saint-Louis ? Il faut voir ça, ça vous posera le décor. On est loin de tout, c’est un peu insulaire…”. Ou encore : “À Port-Saint-Louis il y a une omerta, c’est le bout du monde. On ne peut pas tout dire, tout faire”. Ou le plus classique : “Port-Saint-Louis, c’est un village, tout le monde se connaît…” Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en dehors de l’entraîneur incriminé, originaire de Marseille, tout ce petit monde se connaît, bien souvent depuis l’enfance.
L’emprise d’un entraîneur sur ses jeunes joueurs
Seules deux routes mènent à Port-Saint-Louis. Celle de l’Est est une longue ligne droite qui trace une frontière entre industries portuaires et marais, côté Camargue. Sylvie et Lionel Grach vivent dans un lotissement à l’entrée de la ville. Elle est enseignante au lycée professionnel local, il travaille au port, comme beaucoup d’hommes ici. En juin 2019, c’est ce couple qui s’est rendu chez les gendarmes “sans réfléchir, tête baissée” après avoir appris qu’une vidéo d’un camarade de foot de leur fils aîné en train de se faire fesser par l’entraîneur, short baissé, avait circulé sur le réseau de vidéos instantanées Snapchat, l’application dont raffolent les ados. Ils parviennent à convaincre leur fils de coucher par écrit ce dont il a été témoin et parfois aussi victime au cours de l’année scolaire écoulée : humiliations et insultes pour certains, gages consistant à se déshabiller ou à envoyer des photos dénudées à l’entraîneur pour d’autres, promesses de cadeaux en échange d’images, vidéos tournées dans les vestiaires ou encore invitations à venir chez lui.
Le témoignage de leur fils constituera le point de départ de l’enquête et la matière première des auditions menées par la suite. Au moins six familles se sont ensuite jointes à leur plainte. Pour chaque jeune concerné, les atteintes sont détaillées, précises. Les perquisitions montreront que l’entraîneur stockait toutes ces images sur son ordinateur, à son domicile. Dès son audition par les gendarmes, Michel K. reconnaît les faits. Les expertises psychiatriques réalisées ont confirmé un comportement pervers vis-à-vis des enfants qu’il entraînait.
Mère de joueur elle aussi, Stéphanie Chabassieu se repasse le film en boucle de ces mois où son fils a été au contact quasi permanent de l’entraîneur. Via les réseaux sociaux, ce dernier maintenait un lien continu avec l’équipe, à l’abri du regard des parents. “Les phrases c’était du genre « une photo osée de tes fesses contre un cadeau »“, lâche encore écœurée cette énergique blonde qui travaille “dans le social”. Elle qui ne ratait pas un déplacement sportif parle aujourd’hui “d’emprise” et de “manipulation” pour décrire la relation entre Michel K. et ses joueurs, qui le voyaient comme “un mentor”.
Une alerte sans effet
C’est la fille aînée de Stéphanie Chabassieu qui a découvert, la première, la vidéo de fessée sur le téléphone de son petit frère. C’était en septembre 2018, des mois avant que les Grach n’aillent déposer plainte. Elle avait pourtant immédiatement eu le réflexe de le signaler aux responsables du club. “C’est moi qui alerte en premier le président du club. Je l’ai appelé et au retour d’un déplacement on s’est retrouvés directement au club à 21 h. J’ai demandé qu’il fasse le nécessaire, qu’il alerte le père de l’enfant sur la vidéo. Je ne savais pas à ce moment là que mon fils aussi était victime”.
En portant plainte contre le club, on nous accuse de foutre la merde. Notre vie depuis un an, elle est pourrie par ces gens.
Sylvie Grach, mère de joueur et plaignante
Selon Stéphanie Chabassieu, son signalement serait resté lettre morte durant des mois. “Ça a été terrible parce que par la suite, j’ai pu être accusée de ne pas avoir alerté. C’était une culpabilité horrible, invivable au début.” L’instruction toujours en cours doit déterminer si le président du club, Hahia A., a voulu étouffer l’affaire ou s’il n’a tout simplement pas pris la mesure de la gravité des faits. Deux mois après l’incarcération de l’entraîneur, il a été à son tour mis en examen pour non-dénonciation d’un crime ou d’un délit, suite à des plaintes déposées par plusieurs parents.
De son côté, le principal accusé, l’entraîneur, ne fait à ce jour plus parler de lui. Il a été libéré sous contrôle judiciaire en l’attente de son procès en décembre 2019, après six mois d’incarcération. “Il y a deux aspects dans cette affaire, décrypte l’avocat de ce dernier, Tom Bonnifay. Un aspect plus personnel et psychologique de mon client qui reconnaît les faits et qui essaye de comprendre comment cela a pu arriver. Et l’autre, plus politique qui ne le regarde pas : celle de la politique interne au club, la question des responsabilités et de ce qu’il aurait fallu faire, et de comment cela aurait pu être empêché.”
Les auditions ont en tout cas confirmé que le président du club avait bien échangé avec Stéphanie Chabassieu au sujet de la vidéo. Sollicitée, son avocate n’a pas souhaité répondre aux questions de Marsactu, reconnaissant un climat de tension et ne souhaitant pas “ajouter de l’huile sur le feu”. Entre vieilles connaissances, en ville, mais aussi sur les réseaux sociaux, des étincelles ravivent à échéances régulières les tensions et des clans se sont formés. Avec le club qui ne rouvre pas ses portes, ces dernières semaines, les esprits s’échauffent, notamment sur une page Facebook comptant plus de 500 membres, baptisée “Tu es de Port-Saint-Louis”, ou encore sur celle du club.
“J’ai donné ma confiance au début, je ne le referai plus, assume désormais Stéphanie Chabassieu. Je vais aller jusqu’au bout. Sylvie et moi, on est celles qui vont au front”. Et le front, c’est donc pour ces deux femmes épaulées par leurs époux, interroger les responsabilités de chacun, de ceux qui n’ont pas vu, pas voulu voir, c’est aussi demander à ouvrir le débat, les portes et les fenêtres, sur un sujet que tout le monde condamne mais sur lequel chacun préfère regarder ailleurs. “Il y a des familles qui peuvent être tentées de tourner la page, de dédramatiser ou qui peuvent subir des pressions sociales. Mesdames Chabassieu et Grach se font les porte-drapeaux des autres, mes clients sont tous derrière elles”, appuie leur avocat, Christian Bellaïs, qui défend six familles dans ce dossier.
Mais de parents de victimes, ces deux mères sont passées lanceuses d’alerte. Avec le cortège de ricochets qu’implique ce statut. “En portant plainte contre le club, on nous accuse de foutre la merde. Notre vie depuis un an, elle est pourrie par ces gens”, résume lapidairement Sylvie Grach. Pour elles, au-delà même de la vidéo, l’encadrement du club aurait dû réagir ne serait-ce que devant les propos violents que tenait selon elles l’entraîneur dans les vestiaires en direction des ados. “On m’a répondu : “dans le monde du sport ça se dit”. Pour eux, je ne sais pas si c’est grave”, s’interroge Sylvie Grach.
Le président de club, mis en examen, est sur le départ depuis des mois
Plus d’une année s’est écoulée et Hahia A. est toujours président de l’Étoile sportive malgré sa mise en examen. Alors que, dès l’automne 2019, des articles de presse annonçaient sa démission, il a finalement conservé ses fonctions jusqu’à ce jour. Une situation que les deux familles lanceuses d’alerte ont du mal à accepter. Toutes deux ont retiré leurs enfants du club. Dans son entourage, on assure que la passation à une nouvelle équipe dirigeante serait “imminente”, ce qui explique le fait que les entraînements n’aient pas repris. Mais d’autres accusent le président de “laisser traîner”, pour “garder la main” sur un club que ce personnage charismatique, incontournable à Port-Saint-Louis, aurait du mal à lâcher.
Au sein de l’Étoile sportive, la petite équipe dirigeante fait bloc autour de son président. “Quand il y a des affaires comme celles-là, tout le monde est victime. Au club il n’y a que des bénévoles, on donne tout notre temps libre, on fait tout pour que ça se passe bien, que ce soit convivial. On est un dommage collatéral”, défend Bruno Sollier, secrétaire du club depuis 10 ans. Pour sa part il assure n’avoir “strictement rien vu”, des agissements de l’entraîneur. S’il dit “comprendre” que les familles cherchent des responsabilités, il regrette avec une réelle amertume les accusations formulées contre le club :
“Quand on remonte, après coup, on se dit toujours qu’on aurait dû voir. Eux ils se disent qu’ils auraient mieux fait, on peut toujours essayer de reconstituer le film. Des choses anodines deviennent sujettes à interprétation. Mais nous on se connaît. On est tous abattus, mais on sait ce que l’on a fait, notre conscience nous dit qu’on a été, entre guillemets, irréprochables. Je ne suis pas dans la situation de ces familles. On comprend tout, mais on n’excuse pas tout. C’est malheureux pour tout le monde, mais on ne peut pas accuser les gens d’être les instigateurs de ce qui s’est passé. Chacun doit faire sa propre introspection.”
“Le président se considère comme la victime”, souffle de rage Sylvie Grach. Elle décrit des pressions régulières, une ostracisation par des amis de longues date. Marsactu a recueilli les témoignages de deux de ses proches qui expliquent avoir reçu des intimidations directes ou indirectes sur le ton de “tu ne devrais pas te mêler de ces affaires”. “D’une dénonciation pour pédophilie, on en arrive à une persécution personnelle. Socialement, c’est difficile”, confie la native de Port-Saint-Louis.
Effets collatéraux
En mars dernier, l’affaire s’est transposée jusque sur le lieu de travail de Lionel Grach, salarié de Gemfos. Et là aussi, le contexte en “huis clos” de Port-Saint-Louis est criant. Manutentionnaire sur le port, Lionel Grach est amené à travailler régulièrement dans la même entreprise que Hahia A., sachant que son patron n’est autre que… Bruno Sollier, secrétaire du club. Après des tensions, le président du club a exercé son droit de retrait et Lionel Grach n’est plus autorisé à travailler sur ce même site. L’entreprise employant Hahia A. a estimé “que pour éviter les tensions, c’était mieux que M. Grach n’aille plus sur son site”, confirme Bruno Sollier. La famille Grach a en tout cas décidé de porter l’affaire devant les prud’hommes. “Tout mes interlocuteurs estiment qu’il s’agit d’une affaire privée, mais personne ne voit que mes droits de salarié sont bafoués”, lâche le quadragénaire, visiblement éprouvé.
Autre exemple de pressions concrètes décrites par la famille, quelques semaines après l’incarcération de l’entraîneur, leur fils aurait été vivement pris à partie par des camarades. “Ils lui ont dit : “il t’a fait quoi ?”, rapporte la mère de famille toujours sous le choc. Pour les autres joueurs, comme il a été le premier à parler, c’est forcément qu’il a subi pire que les autres. La parole n’a jamais été libérée, et nous, on est accusés de semer la zizanie”. À de nombreuses reprises, le tandem a sollicité la mairie pour qu’elle mette en place des actions de prévention ou intervienne dans la gestion du club. Si elles ont bien été reçues, la mairie est toujours restée à distance du dossier.
La mairie observe une distance pudique
Aux questions de Marsactu, la mairie de Port-Saint-Louis, dirigée depuis 2014 par Martial Alvarez (divers droite), lui-même ouvrier docker, a choisi de répondre par écrit, invoquant les “investigations [qui] sont en cours”. Concernant les actions mises en place suite au scandale qui a touché le club de foot, la Ville explique avoir “sollicité en urgence l’association d’aide aux victimes l’APERS (…) afin d’assurer un accompagnement psychologique à la fois des enfants mais aussi des familles car toute la cellule familiale est impactée”. Pour les familles interrogées par Marsactu, cette association agréée par la justice, a simplement proposé une prise de contact, devant donner lieu à des rendez-vous dans une autre ville pour ceux qui souhaiteraient poursuivre le suivi.
Par ailleurs, toutes les associations partenaires de la ville doivent désormais “s’assurer que les éducateurs (…) disposent de toutes les autorisations nécessaires pour pouvoir encadrer des activités auprès des enfants”. Ce qui était le cas de Michel K., qui n’a jamais été condamné pour de tels actes par le passé.
Enfin, concernant le fait que le président de l’Étoile sportive, mis en examen, soit toujours à la tête de cette association, subventionnée et bénéficiant d’équipements municipaux, la municipalité se retranche derrière les choix de l’instruction : “La municipalité a été informée de la mise en examen du président de l’Étoile sportive. Le procureur n’a pas prononcé de mesures restrictives, ni aucune mesure l’empêchant d’exercer la présidence du club”.
Il n’y a pas d’un côté les viols et de l’autre les jeux de vestiaires ou je ne sais quoi. Il n’y a pas de zone grise, on est clairement du mauvais côté de la barrière dès lors qu’un adulte utilise son autorité pour obtenir des faveurs de ses joueurs.
un représentant de la FFF
Un argument également mis en avant par la Fédération française de football (FFF), qui n’a pas demandé au président de ce club amateur affilié de se mettre en retrait. “Nous n’avons pas la possibilité de prendre des sanctions avant une condamnation. Quand il y en a, toutes les mesures préventives et définitives sont suivies d’effet”, nous répond Pierre Samsonoff, directeur général adjoint de la FFF et directeur de la Ligue du football amateur. La fédération s’est en revanche portée civile pour le procès à venir. Et son représentant l’assure : “Nous n’avons aucune ambiguïté sur la condamnation de ce type d’agissements”.
Pendant que la justice suit son cours, le tabou grandit
Mais de quel “type d’agissements” parle-t-on au juste ? Avec le temps, un brouillard aussi épais qu’une entrée maritime semble avoir empli les esprits. À la mairie de Port-Saint-Louis, on explique ne pas disposer “d’éléments précis” à commenter. Au sein du club, Bruno Sollier, le secrétaire, répète “ne pas connaître la nature des faits exacts”. C’est en effet à l’enquête toujours en cours, mais bientôt bouclée selon nos informations, de déterminer ce qui relève ou non de condamnations pénales. Mais l’accusé, Michel K., a bien reconnu les faits qui lui étaient reprochés.
Les gens disent “ils n’ont pas été violés, ils n’ont pas été touchés, pourquoi on fait un tel bruit ?”
Lionel Grach
Marsactu a aussi pu consulter certaines photos d’enfants dénudés dans les vestiaires, versées au dossier, ne laissant guère de place au doute quand à l’intention de celui qui les prenaient. Le cours lent de la justice permet pourtant aujourd’hui encore de laisser le doute circuler et aux différents acteurs de ne pas prendre position. La libération sous contrôle judiciaire en l’attente de son procès de l’entraîneur, fin 2019, a, aux yeux des familles, amplifié le trouble. “Ce qu’on entend dire c’est “ils n’ont pas été violés, ils n’ont pas été touchés, pourquoi on fait un tel bruit ?”, rapporte Lionel Grach. Alors qu’on a sûrement évité que pire arrive”.
Comme souvent dans les affaires de pédocriminalité, le poids accordé à la parole des enfants divise. Surtout quand ces derniers peuvent varier de version selon leurs interlocuteurs, ou même ne pas voir “ce qu’il y a de mal” dans les agissements de l’adulte. Entre parents et enfants, on a appris à ne plus évoquer le sujet que lorsque c’est incontournable, quand bien même les premiers y pensent sans arrêt. Une des deux mères admet par exemple que son fils “le considère toujours comme le meilleur entraîneur qu’il ait jamais eu”, malgré tout.
Il s’agit là d’une configuration classique dans ce type d’affaires confirme Pierre Samsonoff de la FFF. Des affaires qui apparaissent en France “une ou deux fois par saison, malheureusement”. “C’est ce type de comportements qui est le plus souvent remonté à la fédération. Notre rôle c’est de n’avoir aucune ambiguïté, il n’y a pas d’un côté les viols et de l’autre les jeux de vestiaires ou je ne sais quoi. Il n’y a pas de zone grise, on est clairement du mauvais côté de la barrière dès lors qu’un adulte utilise son autorité pour obtenir des faveurs de ses joueurs.”
Un contexte national de “libération de la parole”
Pour l’avocat de six familles partie civile, c’est bien un des enjeux de cette affaire. L’attitude sans ambivalence des adultes doit servir de repère aux enfants victimes, même quand ils relativisent eux-mêmes la gravité des faits :
“Si on n’apprend pas à un enfant ce qui est bien ou mal, dès son jeune âge, cela peut entraîner des dysfonctionnements sur l’adulte qu’il sera. On n’a pas le droit d’être abusé. Ils étaient sans défense, et sous emprise de la toute puissance de l’entraîneur, ils ont subi des choses qu’ils n’auraient jamais accepté de quelqu’un d’autre. C’est la responsabilité des parents de ne pas laisser les enfants dans l’absence de réaction. L’omerta obère une partie de la réaction de certains. Peut être que d’autres parents n’ont pas agi. Pour moi c’est de la complicité passive. C’est une question de choix de société. L’enfant abusé deviendra adulte”.
Christian Bellaïs, avocat de six familles de victimes
Tom Bonnifay, l’avocat de Michel K. sait que l’affaire arrive à “une époque de libération de la parole autour des violences sexuelles dans le sport, un moment où l’on brise le silence” et qu’il aura à manier cette matière sensible pour défendre son client. Après la publication en décembre 2019 d’une enquête de Disclose recensant 77 affaires marquées par des dysfonctionnements (défense de l’agresseur, défaut de signalement…), et de nouvelles révélations entraînant ensuite les démissions de deux présidents de fédérations sportives, la ministre des Sports a organisé une convention sur le sujet. “C’est très bien, mais je ne voudrais pas que le cas personnel de mon client en pâtisse, et viennent occulter le contexte personnel”, prévient-il.
Plus d’un an après les premières révélations et l’incarcération du principal accusé, la population de Port-Saint-Louis est toujours secouée par ces questions de société qui la dépassent largement. Les Grach sont à bout de nerfs. À plusieurs reprises, amis, conseillers, et même représentants de la justice leur ont suggéré avec bienveillance de quitter la ville où ils ont toujours vécu. Cela voudrait dire abandonner la petite maison au bord de la digue, construite par le grand-père décédé, patiemment décorée d’année en année de jolies couleurs fantaisies par la famille. “On y pense fortement”, admet Sylvie d’une voix blanche. Le fils de Stéphanie a quant à lui décidé d’arrêter le foot, la plus grande passion de son enfance. “Il veut rester loyal à sa ville, pour lui, il ne se voit pas jouer pour un autre club que Port-Saint-Louis”.
Commentaires
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Un article complet qui fait le tour des protagonistes pour une affaire révélatrice de tant de choses… le poids d’un club de foot dans une commune (ailleurs ce sera le rugby ou autre), les liens club-mairie-employeurs, la minoration voire le déni des faits, l omerta et la pression, le harcèlement,
voire les menaces sur ceux qui ont osé parler.
C’est grave. Car tout cela imprègne les mentalités, profondément, pour longtemps… c’est, à l’échelle d’une commune, ce qui se passe dans une famille, ou une communauté religieuse… toujours les mêmes ressorts dans ce type d’affaires d’atteintes sexuelles sur mineurs.
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Merci donc pour cet article qui doit tous et toutes nous faire réfléchir .
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Merci pour votre article. J’espère qu’il sera relayé par d’autres médias qui ne laisseront pas tranquilles la municipalité de Port-Saint-Louis qui protege le président du club de foot et ses autres 9 dirigeants qui essaient d’étouffer l’affaire. Ils ne feront croire à personne qu’ils n’étaient pas au courant, vue la taille du club et des 8000 habitants de la commune “où tout le monde se connait depuis l’enfance”.
L’entraineur marseillais de 28 ans a une longue “carrière” de pédophile maintenant devant lui vu qu’il est en liberté depuis un an et qu’il a toute la vie pour abuser d’autres enfants. La science démontre que les pédophiles ne guérissent jamais. En prenant des medicaments pour contrôler leurs pulsions sexuelles, à condition qu’ils soient forcés de les prendre qu’ils détestent faire, ils peuvent continuer à vivre très loin de là où il y a des enfants. Quand ils se marient, ils abusent leurs propres enfants. Aux Etats-unis, la rue où habite un pedophile condamné est en accès libre et permet aux gens de choisir leur lieu d’habitation loin de ces personnes. Ils portent tous un bracelet électronique pour faire respecter la distance aux écoles et autres réseaux d’enfants où ils adorent roder. On les supporte pour ne pas les condamner à l’emprisonnement ou à la mort s’il y a eu décès d’enfants. On sait aussi que les pédophiles sont attirés et fascinés par les métiers en contact avec des enfants, d’où les problèmes de l’Eglise, les clubs de sport, les enseignants, qui sait peut etre les pédiatres???
Il était du devoir du club de foot, recrutant un nouvel entraineur, de le garder sous observation discrete et permanente le temps qu’il fasse ses preuves, et surtout de protéger les enfants et les familles qui sont venus leur signaler ces faits. Ils devraient tous dégager. S’il n’y a pas de volontaires pour les remplacer, tant pis, ils feront un autre sport, ça ne manque pas. Qu’ils mettent une école de musique à la place ou autre chose.
Le plus grave, c’est que cette mentalité de petit village reculé où on étouffe les affaires pour garder la paix ambiante, étouffe beaucoup d’autres affaires qui touchent aux personnes vulnérables qui n’ont pas droit à la parole. Il est fort possible que des viols d’enfants par leurs parents aient cours sans que quiconque n’ose porter plainte. Le depart rural et peu peuplé de la Mayenne est officiellement le département de France où il y a le plus d’incestes, déclarés et portés devant la justice. Ce qui se passe partout ailleurs dans le silence des chambres de ces maisons la nuit par le père, l’oncle, les cousins, les voisins, personne ne le dit car celui ou celle qui subit est un enfant corvéable et abusable à merci. Qui va se décider à défendre le droit des enfants? Je trouve admirables ces mères de familles qui ont osé tout risquer dans leur vie pour arrêter le cycle de violence, et ce père de famille qui maintenant va être licencié parce son patron est secrétaire du club de foot ayant certainement étouffé l’affaire avec son président. Est ce que quelqu’un réalise qu’ils subissent tous un harcèlement de quelques personnes de la commune, qu’ils vont perdre leur propriété ancestrale à un prix plus bas que le marché s’ils sont forcés à déménager? J’espère que Marsactu et d’autres medias ne lâcheront pas cette affaire, jusqu’a ce que ces gens retrouvent leur maison et leur ville, et que les vrais coupables dégagent.
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C’est un formidable travail d’enquête, bravo Lisa!
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C’est un formidable travail d’enquête, bravo Lisa!
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