Trois pincettes pour prendre le sondage du JDD par le bon bout

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le 9 Sep 2013
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Trois pincettes pour prendre le sondage du JDD par le bon bout
Trois pincettes pour prendre le sondage du JDD par le bon bout

Trois pincettes pour prendre le sondage du JDD par le bon bout

Le maire n'a pas encore officialisé sa candidature, même si elle ne fait plus guère de doute, le nom du prétendant socialiste est suspendu aux primaires d'octobre, la physionomie des autres listes de gauche reste à préciser… Sans parler de la place du FN, que d'aucuns craignent de voir remporter la mairie du 13/14, surfant sur les affaires et un débat fortement axé sur la sécurité. Avec toutes ses inconnues, les municipales à Marseille intriguent. L'Ifop y consacre un troisième sondage en sept mois, dont deux commandés par le Journal du Dimanche. Pour coller à la ligne de conduire prudente que nous nous sommes fixés, Marsactu tâche de vous en livrer quelques enseignements, tout en soulignant les limites des chiffres.

1 Pas de nouvelle poussée du FN

L'idée revient comme une antienne : dans la foulée d'un été marqué par le retentissement médiatique de quelques faits-divers, le parti d'extrême-droite ne pouvait que grimper dans les intentions de vote aux municipales de mars. "Les violences à Marseille profitent au Front national", résume ainsi le Figaro. Un appel de une heureusement contrebalancé par cette précision dans l'article correspondant : son score est en fait "inchangé par rapport à juillet", le précédent sondage Ifop, réalisé cette fois-ci pour l'UMP. Il y a deux mois, le FN pointait d'ailleurs déjà devant le PS. Il y a bien eu une poussée, mais elle a été réalisée entre les enquêtes Ifop de février – pour le JDD à nouveau – et juillet : cet hiver, la liste emmenée par Stéphane Ravier n'était créditée au mieux que de 20% au premier tour et 19% au second. Et difficile de démonter la mécanique de cet engouement.

L'édition de septembre confirme certes une tendance forte en faveur du parti de Marine Le Pen. Il profite notamment de la porosité des électorats de droite. 26% des électeurs du ticket Gaudin-Muselier en 2008 – 18% de ceux de Nicolas Sarkozy en 2012 – se disent prêts à voter Ravier en 2014. En revanche, l'Ifop souligne la capacité de l'UMP "à attirer une part non négligeable des électeurs FN de premier tour (environ 15%)". "Le FN perd trois points entre les deux tours, alors qu'on avait plutôt tendance à observer un maintien voire une progression, comme aux législatives. Il y a peut-être un réflexe du vote utile chez les électeurs de droite, une vraie volonté de faire barrage à la gauche au niveau municipal", commente Damien Philippot1, directeur des études politique de l'institut.

1 Damien Philippot est le frère de Florian Philippot, vice-président du Front national [Retour]

2 Gaudin devant, c'est sans compter la marge d'erreur

La dynamique de l'été est plutôt à chercher du côté du maire sortant, qui ne boude pas son plaisir dans La Provence. Jean-Claude Gaudin récolte sur son nom deux points de plus au premier tour, +1 au second. Une évolution exactement inverse de celle du PS. Même si la tête de liste n'est pas identifiée, source "peut-être d'un léger handicap" admet Damien Philippot, ce recul correspond à celui observé récemment "dans d'autres grandes villes comme Paris ou Lyon. Il y a un phénomène de sanction du gouvernement".

Les chiffres sont loin de donner Gaudin vainqueur, comme on a pu le lire ici et là. D'abord parce qu'"en aucun cas, ils ne constituent un élément prédictif des résultats le jour du vote", avertit l'Ifop. Ensuite parce que son avance – 40% pour la liste UMP/UDI, 38% pour le PS/FdG/EELV – est trop faible pour sortir de la marge d'erreur (entre 3,5 et 4 points). "Le faible écart entre les listes du PS et de l’UMP d’une part, et le score élevé du Front National d’autre part, laissent planer une incertitude forte sur l’issue du scrutin", confirme l'Ifop. "Il faut garder en tête que l'élection se fait sur des secteurs, avec des variations de la situation politique de l'un à l'autre", ajoute Damien Philippot. De ce point de vue, le nombre de secteurs où le FN se maintiendra jouera un rôle important.

Lecture du graphique : il y a 95% de chances que le score des listes se situe dans le rectangle bleu, qui représente donc la fameuse "marge d'erreur".

3 "On ne connaît pas l'électorat des primaires"

La phrase de l'Ifop a le mérite de la clarté. Comme pour la primaire présidentielle il y a un an, il est impossible dans ce cas de figure d'apporter un échantillon représentatif. Tout simplement, car on ne sait pas de quoi il doit être représentatif : cette élection est une première. Demander à un certain nombre de gens s'ils comptent voter à la primaire et, le cas échéant, leur demander  vers qui leurs suffrages se porteraient ne présente aucune garantie de refléter les futurs votants pour désigner le candidat socialiste à la mairie.
Dès lors, les questions posées tournent autour de cette interrogation impossible à formuler. Il s'agit de demander aux sympathisants de gauche puis aux sympathisants socialistes quel candidat ils aimeraient "voir désignée comme tête de liste". "On pose traditionnellement la question de cette manière quand il y a des primaires internes. On recherche plus un souhait, une préférence que des intentions de vote", justifie l'auteur de l'étude. À ce petit jeu, Marie-Arlette Carlotti et Samia Ghali sont plébiscitées dans la première catégorie alors que MAC se détache dans la seconde.
Il faut pourtant relativiser. On parle alors de 337 personnes dans le premier cas avec une marge d'erreur importante, de l'ordre de 4 à 4,6 %. Concernant les sympathisants socialistes, la fourchette flirte avec les +/- 6 % de marge d'erreur pour le score de MAC selon les indications de l'institut de sondage (plus que le score est proche de 50%, plus la marge est grande). A ce niveau-là, on parle de fourche.
 

 

Le sondage Ifop-JDD en intégralité :

2323 1 Study File by marsactu

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Commentaires

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  1. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Ce sondage est effectivement à prendre avec des pincettes car je doute fort que les électeurs des quartiers populaires surtout ceux des cités aient été sondés .Sans compter ceux qui donnent une fausse réponse.
    En plus le JJ est un journal dirigé par J.BELLAY qui aime bien GAUDIN;
    Personnellement , je suis convaincu que vu le système de la loi PLM GAUDIN est déjà battu.
    Un élément est en tout cas intéressant dans ce sondage c’est le sort réservé par l’électorat de gauche à MENNUCCI et CASELLI qui font l’objet d’un net rejet malgré toutes les campagnes médiatiques qu’ils ont menées à grand frais.
    Sans doute un encouragement pour la démocratie!

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  2. annnieday annnieday

    Merci de ces explications techniques de grande qualité sur le plan méthodologique. J’aimerais tellement que ce travail de formation/information des citoyens soit fait de manière plus systématique. Mon prof de stats autrefois disait toujours : “les statistiques c’est comme les bikinis, ça cache l’essentiel et ça montre l’accessoire”

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  3. savon de Marseille savon de Marseille

    Les mêmes INSTITUTS prédisaient un certain Edouard BALLADUR (!?!) largement vainqueur des PRESIDENTIELLES de 1995.
    Depuis , j’ai appris que les sondages ne sont là que pour flatter l’égo de ceux qui les commandent.
    Donc je ne les lis plus.

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  4. Anonyme Anonyme

    Merci pour les précisions . J avais effectivement des interrogations sur l ‘ interprétation de ce sondage .

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  5. Electeur du 8e Electeur du 8e

    40 % pour la droite, 38 % pour la gauche au deuxième tour, avec une marge d’erreur qui avoisine 4 points et ne permet donc pas de tirer de conclusions : ça n’empêche pas La Provence (et quelques autres), d’écrire “Un nouveau sondage Ifop pour le JDD donne [M. Gaudin] vainqueur aux prochaines municipales”, et de donner au même M. Gaudin une tribune où il s’est appliqué à ne pas répondre aux questions qui lui étaient posées.

    Au même instant, les pimprenelles de l’équipe Gaudin et M. La Voix de son Maître accusent La Provence d’être un journal “de gauche”. Même pas peur d’être ridicules…

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  6. julijo julijo

    Et si pour une fois on en parlait plus des sondages, généralement payés par ceux ou celui qui veut en profiter ??
    On peut disserter longtemps sur ce sondage là, comme on a pu le faire sur d’autres et se faire un opinion provisoire…
    Mais, le plus important est le PROGRAMME que ces prétendants vont proposer, non ?
    Ils font a priori tous partie d’un sérail, d’un clan, d’un groupe…et on est quasi unanime qu’il faut en finir avec les clans, les groupes…..alors, on oublie tout, et on recommence ?

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  7. Vieux-Port Vieux-Port

    D’autant que l’élection se joue par mairie de secteurs, donc ce type de sondage est totalement à côté de la plaque.

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  8. Anonymefs Anonymefs

    le directeur de l’IFOP, Damien Philippot, est donc le frère de Florian Philippot, vice-président du Front national? voilà une info!
    pauvre Front National dont le discours sur la collusion entre le monde politique et les médias est une base de sa stratégie de victimisation permanente… pourquoi on ne fait pas un foin là-dessus? quelle est l’impartialité de l’IFOP aujourd’hui?

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  9. Pedro Pedro

    je suis d’accord pour dire que ce sondage ne nous donne pas d’éléments tangibles, mais tout de même, il y a quelques tendances qui sont intéressantes et significatives. Par exemple, ne peut-on pas dire que ça s’annonce vraiment mal pour Caselli ? Même avec une marge d’erreur de 6%, il est aux fraises. A 1 mois de primaires, je vois mal comment il peut rattraper cela. Idem pour Menucci, dans une moindre mesure.

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  10. Anonyme Anonyme

    Ces primaires sont une véritable ânerie. Les gens ont besoin de voir une tête qui dépasse et donne le cap. Du coup Gaudin peut être réélu en jouant le capitaine seul dans la tempête et il l’a bien compris

    Le manque de lisibilité créé par les primaires créé un handicap fort pour n’importe quel socialiste

    C’est cela que montre ce sondage

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  11. Dessinateur de BD Dessinateur de BD

    IFOP a sonde les 38 % d’électeurs vote Gauche au second tour et annonce que son échantillon primaire est de 48% donc dans les répondants il y a 20% de l’échantillon qui vote Gaudin ou FN .Bizzare non

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  12. Anonyme Anonyme

    Que Carlotti ait le plus gros score, bon… C’est la candidate-ministre, celle qui a la plus grosse exposition médiatique… Ça ne fait ni un programme ni des capacités de gestion, mais si c’est ça qui comptait en priorité dans une élection, ça se saurait depuis le temps.
    Mais que Ghali arrive deuxième… comment peut-on voter pour quelqu’un comme ça ? Ça me dépasse. Et me fait penser que Marseille n’a que ce qu’elle mérite, si ces chiffres disent vrai.

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  13. Anonyme Anonyme

    Contrairement aux forumeurs de Marsactu (qui me semblent pour nombre d’entre eux bien loin d’être objectifs mais plutôt animés par des intérêts particuliers : soutenir leur candidat Ps préféré pour les primaires), ces sondages me paraissent refléter la pensée actuelle de la majorité des marseillais : raz-le bol des magouilles et de l’insécurité, donc un vote de protestation favorisant le FN au premier tour, peut-être moins au second parce que de là à avoir un frontiste maire …
    Si Marsactu nuance l’avance de Gaudin par le jeu des secteurs, je crois que leur aversion à l’égard du maire sortant les aveugle. Même au coup à coude, Gaudin gagnera sauf coup de trafalgar ses 4 secteurs de base (Gilles, Gaudin, Teissier et Blum sont a priori imbattables dans leurs fiefs), alors imaginez si Gaudin prend de l’avance dans les sondages sur l’opposition au second tour … Qaunt au PS, bon courage pour conserver le 13/14 … parce que les 56 % de 2012 aux présidentielles pour ce secteur sont loin d’être garantis ! Et Ravier est très implanté dans les noyaux villageois.
    Enfin, en ce qui concerne les primaires PS, Carlotti et Ghali sont celles qui passent effectivement le mieux, le fait d’être une femme d’apparence (j’ai bien dit d’apparence !) courageuse et hors système paraissant un atout au regard du paysage sinistré du PS local, Mennucci étant surtout le favori de certains journalistes (en tout cas au moins 2 à la Provence, Marsactu ?…) et Caselli celui des fonctionnaires de MPM.
    Enfin, il est évident que la gauche va prendre une sacrée raclée aux municipales en 2014. Souvenez vous en sens inverse des élections régionales de 2004 … Mêmes sondages, mêmes résultats.

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  14. PourVoir PourVoir

    C’est un plaisir que de lire un article clair sur ce qu’est la lecture rigoureuse des sondages.

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  15. Marius Marius

    Excellent article, félicitations au journaliste !

    La majorité des Marseillais a envie de tourner la page de 18 ans de gaudinisme.

    On a même vu récemment des UMP qui en ont marre du gaudinisme.

    Gaudin peut gagner en surfant sur les difficultés du gouvernement, bien que son parti l’UMP soit responsable et coupable de ces difficultés, vu l’énormité de la catastrophe léguée par Sarkozy et son clan (dette gigantesque, des gouffres financiers creusés partout, licenciements reportés après les élections, etc. etc.)

    Mais même si les problèmes qu’on reproche injustement au gouvernement font perdre des voix à la gauche, je ne crois pas que Gaudin puisse gagner les municipales.

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