Tout faire pour contourner la carte scolaire
Tout faire pour contourner la carte scolaire
Une file d'attente à proximité de Saint-Charles loin de toute station de bus, curieux. Pas plus de monument historique à contempler pour d'éventuels touristes. En fait, la cinquantaine de personnes fait le pied de grue devant l'inspection académique. Elèves et parents d'élèves mêlés. Leur but ? Obtenir une dérogation, dernier moyen de passer au travers de la carte scolaire après le refus de leurs trois voeux d'inscription par les établissements demandés. Armés de leurs dossiers, les parents espèrent ici obtenir une affectation dans le collège ou lycée le plus proche de chez eux. Ou celui à la meilleure réputation. Ou les deux.
Certains sont là depuis 8h du matin parfois en vain. L'accueil n'ouvre que de 8h30 à 11h30. A partir de 10h30 un employé de l'académie, parti vaillamment à la rencontre des parents d'élèves, prévient : "tout le monde ne pourra pas être reçu". Si la voie administrative ne marche pas, reste pour les parents d'élèves à parler de leur situation "scandaleuse" en espérant qu'elle rencontre un écho médiatique. Tous viennent avec une pochette remplie de documents, carte, notes ou lettres. Parfois les enfants accompagnent.
Stylo et bloc-notes ne passent pas inaperçus, aussitôt les parents se regroupent, les témoignages abondent et les revendications fusent. "J'ai un gamin dans un collège, et l'autre n'est pas dans le même", interpelle une mère, parcours google map à l'appui. "On m'envoie dans une lycée qui n'est même pas dans mon secteur", se lamente une élève. Une mère au look de lycéenne est venue sans son fils. Elle s'étonne : "on m'a refusé un établissement que je n'ai pas demandé". Traduction : dans la réponse aux trois voeux d'établissements que les parents formulent, l'administration a opposé un refus à un voeu jamais émis. Il y a donc bien quelques incohérences…
"On fait du tourisme"
Certains viennent avec une question qui concerne directement l'orientation scolaire de leur progéniture. Une mère s'inquiète de l'avenir de sa fille sans établissement fixe : "Elle a 13,5 de moyenne et aucun de ses trois voeux en filière d'aide à la personne dans un lycée professionnel ne sont acceptés. On nous dit de choisir une autre filière". Certains prennent le ton de l'humour : "S'ils envoient nos enfants dans des lycées aussi loin, c'est pour nous promener, on fait du tourisme" mais le rire est jaune.
D'autres ont bien dans l'esprit un contournement de la carte scolaire et plaide le bon droit du parent responsable. Déconcerté, un père brandit un bulletin de notes et raconte "ma fille n'a que des félicitations, j'ai toujours tout fait pour qu'elle travaille bien comme la changer de classe. Et là, elle doit intégrer une collège pas terrible alors qu'il y en a un autre mieux en face de chez nous. J'aimerais voir le responsable pour qu'on m'explique".
Ce choeur de protestations est soudain coupé par l'intervention du secrétaire général de l'inspection académique. Peu à l'aise avec la foule, il peine à hausser la voix : "Ceux qui n'ont pas de tickets ne pourront pas rentrer". Tollé général : "on est là depuis 8h", ou encore : "on va dormir là pour pouvoir rentrer". Un mécontentement balayé avec un ton toujours aussi timide : "personne ne devrait être ici, on vous reçoit parce que vous êtes là..." Un discours peu audible pour les parents d'élèves : " on en a marre de l'histoire du serpent qui se mord la queue. L'académie nous dit de voir avec les chefs d'établissement qui finalement nous redirige vers l'académie".
"Pas de recours possible"
Joint par nos soins, un interlocuteur de l'inspection académique répond sèchement : "Ces personnes ne viennent pas pour des dérogations, ils viennent parce qu'ils ne les ont pas obtenues. Et il n'y a pas de recours possible". Un discours clair qui visiblement ne parvient pas aux oreilles des parents d'élèves qui vont continuer à venir toute la semaine "on prend en compte leurs demandes en cas de refus catégorique d'inscription dans l'établissement du secteur de domiciliation". Dans cette situation c'est la règle de la file d'attente qui fait loi. Mais l'académie reconnaît sa responsabilité dans les affectations et dissipe le malentendu du serpent qui se mord la queue : "on renvoie uniquement vers le chef de l'établissement dans lequel ils sont acceptés".
Dans cette situation pas de clivage Nord Sud "vous avez tous les arrondissements ici", mais une différence entre les établissements que l'administration est censée corriger : "Les bons sont toujours pleins et les mauvais vides". D'évidence, la carte scolaire continue de faire l'unanimité, mais appliquée aux autres.
Commentaires
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Moi je n ai jamais vu un pauvre ou un ouvrier essayer de contourner la carte scolaire.Je vois des moralisateurs,des journalistes,des chefs d entreprises,des fonctionnaires faire le forcing pour que “le petit” ne soit pas dans ces classes trop grises,trop noires,trop différentes à eux.
C est les même qui font tout pour doubler les autres pour passer un scanner ou un examen médical et faire recruter leurs belles filles.
C est les même qui nous parlent de république et de laïcité.
Plutôt que le patrimoine des politiques je préfère savoir ou vont leurs enfants en classe,çà donne plus d indications sur les individus.
Ricou 24.
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@Ricou24
bien dit. Donc, je ne rajoute rien.
SAuf, qu’il est “compréhensible”, car c’est dans la nature humaine, de vouloir le “mieux” pour sa progéniture. Petite anecdote que j’ai personnellement entendu à la sortie d’une école primaire la semaine dernière: une mamie, un peu soixante huitarde sur le retour, disant “ceux qui veulent contourner la carte scolaire ne jouent pas le jeu”. Un parent de lui répondre: “je ne noue pas avec l’avenir ou la sécurité de mon enfant”. Tout est dit
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Le service public d’éducation développe des principes d’affectation discriminatoires depuis toujours finalement. Quelques textes des lois surgissent pour tenter de réguler la mixité sociale, mais quelle mixité ??? Quand des parents ont la possibilité de payer des établissements privés sous contrat avec l’état (financement public ), quand ils ont le réseau dans l’éducation nationale pour avoir la place dans le lycée qui “convient” ou que les résidences changent en fonction de l’affectation…toutes les impostures existent pour faire en sorte de ne pas sacrifier l’éducation de son enfant dans des établissements ghettos ou des filières sans issues professionnelles…Que faire ??? Il semble de plus en plus difficile d’avoir une visibilité par rapport à l’offre éducative et aux lieux où elle se pratique !!!
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Si l’Etat et les collectivités territoriales pouvaient faire en sorte que tous les établissements scolaires se retrouvent dans une situation équitable en termes de moyens, et que l’on arrêtait cette dérive de classement des meilleurs établissements, peut être que l’on favoriserait un peu plus la mixité sociale et qu’il y aurait moins de tension autour de cette sectorisation, particulièrement dans cette ville.
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En complément, tant que les établissements privés sous contrat n’ont pas d’obligation en matière de mixité sociale, je ne vois pas comment, sur Marseille où le privé est très présent, on peut s’en sortir.
Cela va de paire, bien sûr, avec un minimum de mixité sociale dans l’habitat (mais là, Gaudin-Bertrand veillent).
Pour l’instant, on se contente de constater les bouchons dans la ville, dont une part non négligeable est liée :
– aux trajets que font les parents pour aller dans la bonne école, dans l
– à l’inadéquation des lieux de logements par rapport aux lieux d’emplois,
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On en revient toujours au même problème celui des transports en communs insuffisants et couteux et de l’emploi Leur absence dans certains quartiers a transformé ceux-ci en ghettos ! Le bon “chrétien Gaudin ” ,pilier de sacristies, chevalier de l’ordre pontifical de Grégoire le Grand devrait apprendre par cœur l’évangile des Béatitudes de l’apôtre Mathieu :” J’avais soif ,vous m’avez donné à boire, j’avais faim vous m’avez rassasié ,j’étais en prison vous m’avez visité, j’étais un étranger vous m’avez accueilli “
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