Touchée par le coronavirus à son plus haut niveau, la région ferme ses services
Pour la première fois en France depuis le début de l'épidémie, une collectivité publique ferme ses portes pour lutter contre le coronavirus. Contracté par des membres hauts placés de l'administration en trois jours, le virus a contaminé sept personnes au sein du conseil régional.
L'hôtel de région. (Photo : LC)
L'enjeu
Le directeur général des services et la directrice des ressources humaines, en contact avec de nombreux agents de par leur fonction, ont été testés positifs.
Le contexte
Sept agents de la collectivité sont porteurs du coronavirus. 2136 fonctionnaires en poste dans les différentes antennes sont concernées par la fermeture et sont contraints au télé-travail.
Ce jeudi matin, les grilles de l’hôtel de région sont baissées. Elles le resteront jusqu’à lundi, au moins. Le président de la collectivité Renaud Muselier (LR) vient de prendre une décision inédite : “Dès ce jeudi, l’accès à l’ensemble des bâtiments des services de la région sera interdit, fait-il savoir par voie de communiqué. Avec une période de transition de 12 heures pour permettre aux agents de récupérer leurs effets personnels et leurs moyens de communication permettant la poursuite d’une activité en télétravail.” Le coronavirus, responsable d’une épidémie mondiale, et de la fermeture de l’ensemble des établissements scolaires à partir de lundi, est passé par là.
Lors d’une conférence de presse, Renaud Muselier précise : “Nous avons découvert que nous avons un élément contaminateur, très haut placé dans la hiérarchie, et dont le père vient de décéder ce matin. Nous avons suivi cette contamination au fil du temps parmi nos agents. Sur les 46 contaminés des Bouches-du-Rhône, nous en avons sept chez nous.” Autrement dit, 15 % des personnes contaminées par le coronavirus dans le département travaillent pour la collectivité qui devient la première institution publique à fermer ses portes pour contrer l’épidémie. La première aussi touchée avec une telle ampleur.
L’“élément contaminateur très haut placé” n’est autre que la directrice des ressources humaines. Durant les quelques jours qui viennent de s’écouler, l’agenda de cette dernière a permis au virus de se propager à une folle allure dans les services. Sans que personne ne s’inquiète de rien.
Réunions en série
En cette fin de semaine, l’agenda de la DRH est bien rempli… pour définir les mesures de prévention contre l’épidémie.
Mercredi 4 mars : réunion du comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail. Jeudi 5 mars : groupe de travail avec les syndicats et les représentants du personnel. Vendredi : comité technique. En cette fin de semaine, l’agenda de la DRH est bien rempli. Et pour cause, certaines de ces réunions ont précisément pour but de définir les mesures de prévention pour faire face au coronavirus. Sauf que le sujet n’a jamais été aussi proche : fiévreuse ou en tout cas fatiguée, la directrice des ressources humaines assiste à chacune d’entre elles. “Elle s’est tenue à distance, relate Frédéric Quet, secrétaire général de la FSU PACA. Mais par exemple, pour la réunion à laquelle j’ai assisté jeudi, il y avait trois syndicats, une dizaine de représentant du personnel, plus l’équipe de l’administration de cinq ou six personnes, donc en gros une quinzaine de personnes. (…) Et moi j’ai fait le tour des bureaux pour rassurer les gens.” C’est là que la prévention se transforme en propagation.
Après ce marathon de réunions, la cadre profite du week-end pour aller voir ses parents à Paris. Elle y apprend que tous deux sont touchés par le virus. Lundi, elle fait elle aussi le test… qui se révèle être positif. Elle en informe donc sa direction et le lundi 9 mars, un mail intitulé “1er cas avéré, consignes à appliquer” arrive dans la boîte de l’ensemble des agents de la région. “Elle est placée en quatorzaine et, pour l’instant, son état correspond à celui d’une grippe « classique »“, peut-on y lire. Les consignes sont les suivantes : les personnes qui ont été en contact avec la porteuse du virus et qui présentent des symptômes grippaux doivent se placer en “quatorzaine” et appeler un médecin, tout comme les femmes enceintes et les personnes ayant une pathologie particulière.
“Capacité de dissémination importante”
Le mardi 10 mars, un nouveau mail est envoyé aux agents : “Plusieurs cas de Covid-19 sont aujourd’hui avérés dans notre collectivité. Les agents ayant été en contact direct et prolongé avec les cas avérés Covid-19, ou testés « positif » depuis, ont été identifiés et sont placés en « quatorzaine » avec télétravail.” Contacté par Marsactu, Jean-Philippe Ansaldi, directeur de cabinet de Renaud Muselier, confirme : “Nous avons effectivement eu beaucoup de réunions et sommes pas mal a avoir eu des contacts avec elle. À elle seule, elle a eu une capacité de dissémination importante, qui a impacté trois personnes. Ce qui fait quatre cas avec elle.” Le tout sur une trentaine de personnes qui ont été en contact avec elle. Le lendemain, un nouveau mail, signé du président, adopte un ton beaucoup plus alarmiste.
Même le directeur général des services est positif. De part sa fonction et sa capacité à être de partout, il a été en contact avec beaucoup de monde.
Le directeur de cabinet du président
“Je veux vous annoncer – avant toute chose – que nous comptons aujourd’hui quatre cas confirmés au sein de la collectivité, écrit Renaud Muselier. Ce sont nos collègues de travail et parfois même nos amies qui sont directement touchées.” Le service de communication, notamment. Sur un ton globalement grave, le président poursuit : “Je ne suis pas insensible à l’inquiétude, voire à l’angoisse, qui peuvent vous saisir aujourd’hui.” Dans les services, le sujet est en effet au cœur des discussions. “Ça a créé la panique, c’était l’apocalypse. Je passait mon temps à rassurer, on ne comprenait pas pourquoi il n’y avait pas de décision. Finalement, le président a été réactif”, estime Frédéric Quet.
2136 agents en télétravail
“Rapidement, on a découvert qu’il y a avait un cinquième, un sixième puis un septième cas. Même le directeur général des services (DGS) est positif, poursuit Jean-Philippe Ansaldi. De part sa fonction et sa capacité à être de partout, il a été en contact avec beaucoup de monde.” Difficile aujourd’hui d’évaluer le nombre de personnes ayant été en contact avec des sujets porteurs du virus. Quoi qu’il en soit, dans la nuit de mercredi à jeudi, en concertation avec l’agence régionale de santé, décision est prise de fermer l’ensemble des services. Chaque agents qui a été en contact avec l’un des sept potentiels contaminateurs doit prendre ses dispositions. Les autres doivent rester chez eux, en télétravail. Cela concerne 2136 agents en poste dans les différents bureaux de l’institution régionale.
Une cellule de crise a également été mise en place. Un point doit être fait ce dimanche pour évaluer la situation et décider de la prolongation ou non de la fermeture. “Sept cas en trois jours, c’est beaucoup. L’ARS doit déterminer si la région est une sorte de mini cluster ou non. Dimanche, on verra si on a réussi à stopper l’explosion ou si d’autres cas ont été déclarés”, résume Jean-Philippine Ansaldi. Une situation qui découle d’un manque de discernement de la part de la direction ? “La DRH était fatiguée mais n’était pas pour autant dans un état grippal. Ce virus est particulier, les sept personnes positives vont très bien, certains ont quelques symptômes, d’autres pas. Le DGS n’a que 38 de fièvre. Ce n’est pas palpable, et c’est pour cela que nous avons du fermer boutique.”
Pour le moment, la fermeture ne devrait pas avoir trop d’impact sur le fonctionnement de l’institution, assure le président : la plupart des agents continuent leur mission depuis chez eux. “Même les agents contaminés continuent de travailler, ajoute Renaud Muselier. Sauf qu’ils ne peuvent pas signer [les actes administratifs].” Heureusement, le président au grand cœur qui, pour le moment, est négatif au coronavirus, a promis de s’occuper lui même des fiches de paie. Avec le stylo de la DRH ?
Commentaires
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Vous êtes sur que ça ne fait qu’une semaine ?
Moi j’aurais dit quelques années…
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Les chefs qui se croient indispensables…
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Taper sur des gens de bouts peut être amusant. Taper sur des gens à terre pour cause de maladie l’est beaucoup moins.
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Faut-il que nos dirigeants soient “victimes” pour que les réactions se fassent?
Jusqu’ici ils devaient considérer appartenir à la classe des “intouchables”, épargnés des relents issus de la cour des miracles. Leur sensibilité au virus les a tous ramenés sur terre. Une période de contraintes commence mais ce sera aussi une période d’observations sur la réalité fonctionnelle de certains services.
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Ne soyez pas inquiet sur l’appréciation lucide qu’on les gens sur la nécessité réelle de certains services de la région, du département, de la métropole ou encore de la mairie. Mais bon quand les gens sont malades………
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L’Épidémie doit être considérée sans excès de panique ni de relativisme.
Les consignes du GVT s’appuie sur des avis scientifiques avérés.
Donc faisons attention à ne pas suréagir comme à dénier.
Donc tout le monde en quarantaine pour les positifs et respectez les consignes…
Non?
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