Tonon et Frisoni couvent dans le nid du coucou

Tonon et Frisoni couvent dans le nid du coucou

Les oreilles du coucou – sobriquet du candidat PS aux législatives dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône Olivier Ferrand – ont dû siffler ce mardi. Dans leur local socialiste de Salon-de-Provence, pas très loin du Portail Coucou (ça ne s'invente pas), le maire de la ville Michel Tonon et le premier adjoint à la mairie de Berre l'Etang Gérard Frisoni ont officialisé leur candidature dissidente. "Une démarche normale et légitime", a assuré le premier, avant d'insister sur "la proximité" et "l'expérience" dont ils bénéficient, étant "tous les deux élus locaux depuis de nombreuses années".

Olivier Ferrand n'ayant lui "pas la connaissance" des problématiques du terrain pour le second, qui proclame que "la vraie réalité, c'est l'enracinement local". Et Michel Tonon de lancer

 nous, nous vivons les mains dans le camboui

Le ton était donné, et dans son style sans ambages Gérard Frisoni a enfoncé le clou :

Sauf que Solférino, qui avait pris la main sur les investitures dans les Bouches-du-Rhône, a fait une autre analyse, préférant la candidature du patron de la boîte à idées Terra Nova, par ailleurs bien vu des écologistes, heureux de soutenir ce marqueur de "rénovation". Le 9 février, François Lamy, bras droit de Martine Aubry, a d'ailleurs adressé à Michel Tonon une fin de non recevoir à un réexamen de l'investiture dans cette circo.

Je suis très heureux d'apprendre qu'une lettre a été envoyée, cela montre qu'on est pris en considération 

a réagi l'intéressé, feignant de ne pas avoir reçu la missive. Avec au passage une petite pique sur le cumul des mandats, un des arguments avancés pour lui refuser le siège :

François Lamy, c'est celui qui est député, maire et président d'agglomération ? Le cumul des mandats, j'ai toujours dit que j'étais contre, mais je jouerai avec les règles.

Pas décidé à abandonner le bras de fer, le ticket Tonon-Frisoni se lance donc, tout en se disant prêt à une version locale de la primaire PS. Qui nationalement avait été portée à l'origine par Ferrand, soulignent-ils. Pas sûr que les instances socialistes acceptent, la voie de l'exclusion étant en théorie au bout de leur démarche, comme l'avait affirmé le mois dernier le premier secrétaire des Bouches-du-Rhône Jean-David Ciot lors de ses voeux à la presse.

Insistant sur leur soutien à François Hollande dans la bataille présidentielle, les deux dissidents espèrent au contraire que celui-ci aura besoin d'eux pour construire sa majorité présidentielle, surtout si ses scores locaux sont bons. "Quand vous gagnez, vous n'êtes pas exclu", a résumé Gérard Frisoni, pour qui le PS ne s'est pas toujours montré très ferme en la matière. Se gardant bien d'afficher des logos à la Rose sur leur matériel de campagne, ils multiplient en revanche les référence à François Hollande (photos, logo FH2012, appel aux guillemets flottants "avec Michel Tonon et Gérard Frisoni, je vous demande d'être mes relais vers la victoire en 2012").

Bravaches jusqu'au bout, les compères de l'Etang de Berre appellent même Olivier Ferrand à se montrer "responsable" face au risque d'élimination au premier tour qui qualifierait le FN…

Campagne compliquée annoncée pour Ferrand

Exclus ou pas exclus, Gérard Frisoni est formel : "on sera devant" Olivier Ferrand. "Nous avons le soutien d'une majorité de sections", explique-t-il, et celui d'élus comme le conseiller général Mario Martinet et la conseillère régionale François Floupin. Ce qui promet pour la campagne de Ferrand "lorsqu'il va arriver dans les quartiers, sur les marchés", glisse-t-il. Du côté de l'Etang de Berre, d'aucuns prédisent même quelques initiatives zélées même si non adoubées officiellement. Version Patrick Mennucci à la cité Felix Pyat ?

Cela rappellera en tout cas des souvenirs à celui qui se déclarait lors de ses voeux "blindé" après sa campagne législative dans les Pyrénées-Orientales. Un tract reprenant l'hebdo catalan Le Petit Journal qui a fait le tour des boîtes à lettres de la circo rappelle d'ailleurs cet épisode bouillant, avec notamment feu le président du conseil régional du Languedoc-Roussillon Georges Frêche lui lançant en face :

ici les parachutés on les tire en plein vol.

Malgré le soutien d'un Jean-Pierre Maggi local, il avait fini derrière son dissident. Une histoire que le duo Tonon-Frisoni, tout en niant être à l'origine du tract, semble apprécier. Notamment parce qu'elle revient aussi sur le mandat qualifié de "fantôme" de celui qui se présente en homme neuf en politique : auparavant adjoint à la mairie du 3e arrondissement de Paris, il a ensuite brillé par son absence à Thuir, dont il est adjoint depuis 2008 en même temps que vice-président de la communauté de communes des Aspres.

Si du côté des dissidents, on dit vouloir mener une campagne propre, une présence au local socialiste salonais ne manque pas d'étonner : Jo Condé, ex-président de la fédération des chasseurs des Bouches-du-Rhône, condamné pour corruption comme Marsactu l'a raconté dans une enquête en partenariat avec Mediapart. "C'est un ami de longue date, sa vie privée ne me regarde pas", répond celui qui accueillait sa femme comme suppléante lors de la course à l'investiture. Oui, mais c'était dans le cadre de ses activités à la fédération, dont il est toujours secrétaire… "Si les chasseurs l'ont élu, c'est qu'ils considèrent qu'il fait bien son boulot".

Peut-être Condé fera-il aussi bien son boulot de soutien vis-à-vis des chasseurs qui, rien que pour le gibier d'eau, représentent 500 pratiquants, dixit Gérard Frisoni dans une tirade sur la nécessité de "prolonger les dates d'ouvertures". En aparté, il glisse :

c'est aujourd'hui un soutien amical, on verra en marchant si nos thèmes conviennent aux chasseurs…

Malgré nos efforts, nous n'avons pas réussi à joindre Olivier Ferrand, le PS restant lui muet face à nos demandes.