Sur la vidéosurveillance, les écologistes assument leur opposition au Printemps marseillais
Dans l'hémicycle municipal ce vendredi 19 avril, il n'y avait que le groupe écologiste pour voter contre l'enveloppe de 15 millions d'euros afin d'investir dans 500 caméras de vidéosurveillance supplémentaires. Une nouvelle fissure, assumée, au sein de la majorité.
Le conseil municipal du 19 avril 2024. (Photo : PID)
“Enfin”, “Mieux vaut tard que jamais !” Au conseil municipal de Marseille ce vendredi 19 avril, les groupes d’opposition de droite et d’extrême droite se satisfont du vote d’une délibération pour une enveloppe de 15 millions afin d’accompagner la pose de 500 caméras de vidéosurveillance jusqu’à la fin du mandat. Un investissement qui devrait être pris en charge à 80% par l’État, via notamment le plan Marseille en grand.
La droite formule tout au plus voter “avec un goût amer”, nuance Jean-Baptiste Rivoalan qui siège aux côtés de Martine Vassal. Avec comme unique critique de ne pas avoir été assez vite sur ces installations. 55 caméras ont été installées depuis fin 2022. La remarque évacuée, les porte-paroles de la droite de l’hémicycle se succèdent pour affirmer qu’ils appuieront de leurs votes favorables.
En guise de seule opposition sur cette question, c’est donc le groupe écologiste et pluriels qui s’affirme. Ce hiatus dans la majorité n’est pas passé inaperçu. “Vous nous faites la promesse d’augmenter les caméras alors qu’une partie de votre majorité pense qu’elles sont inefficaces, persifle Aurore Bruna du groupe de Lionel Royer-Perreaut. Alors ne vous inquiétez pas, s’il vous manque des voix, nous serons à vos côtés pour voter ce rapport.”
Les écologistes ont assumé leur volonté de voter contre ce déploiement dès la réunion de régulation des trois groupes de la majorité qui a lieu avant chaque conseil municipal. “Cela n’a pas suscité de débat”, nous précise l’écologiste Sébastien Barles. En séance, seul Benoît Payan a répondu au groupe, tandis que plusieurs élus de droite ont qualifié l’intervention de leur coprésident, Fabien Perez, d’“aberration”.
Les caméras n’ont “jamais fait baisser la délinquance”
L’argumentaire de l’écologiste, avocat de profession, prend des airs de plaidoirie. “Les Marseillais et les Marseillaises aspirent légitimement à plus de sécurité. Et leur sentiment accru d’insécurité requiert une action efficace en la matière”, amorce-t-il. Avant de distinguer deux approches. L’une sur la présence humaine, avec de la “police de proximité”, de “l’ilotage de la police municipale” dans les quartiers et “des actions éducatives et sociales”. L’autre, “qui consiste à se doter d’outils opérationnels, notamment la vidéoprotection”. Une solution “porteuse électoralement”, mais “qui n’a jamais fait baisser la délinquance et d’ailleurs Marseille en est un bel exemple puisque la délinquance s’est accrue au fur et à mesure que l’on installait des caméras de vidéosurveillance”, argue-t-il.
Ce qu’on aurait souhaité, c’est que cet argent-là soit affecté à une politique sociale qui existe, qui est forte, mais qui soit renforcée.
Fabien Perez, groupe écologiste et pluriels
Pour Fabien Perez, la raison principale qui devrait acter l’absence d’investissement dans les caméras est leur coût jugé prohibitif. Une fois installées, c’est à la Ville de prendre en charge le coût de fonctionnement et d’entretien, ce qui représente aujourd’hui 8 millions d’euros par an. “Ce qu’on aurait souhaité, c’est que cet argent-là soit affecté à une politique sociale qui existe, qui est forte, mais qui soit renforcée”, conclut-il.
“Le groupe des écologistes est dogmatique. Il ne veut pas sortir de son dogme pour agir dans l’intérêt de tous. Moi, je n’ai jamais lu une étude qui montrait l’inefficacité de la vidéoprotection”, grince un élu du Printemps marseillais auprès de Marsactu. Peut-être a-t-il oublié le programme de son mouvement, qui exposait en 2020 que “quatre études nationales ont démontré l’inefficacité des dispositifs de vidéosurveillance, qui sont très coûteux (installation, fonctionnement, personnel mobilisé)”.
La majorité n’en est pas à se fissurer, même si les coups ont fusé ce vendredi. “J’imagine que pour Madame Chaboche c’est toujours un plaisir d’être applaudie par la droite et l’extrême droite. Et je ne peux pas m’en lasser”, taclait un peu plus tôt le maire Benoît Payan à l’encontre de son ancienne adjointe, qui a rejoint le groupe écologiste. L’élue fustigeait le choix de l’implantation des policiers municipaux sur la Canebière comme répondant à ” probablement à un effet vitrine pour les Jeux olympiques, à quelques dizaines de mètres” du commissariat Noailles. Ce qui a déclenché les applaudissements à la droite de l’hémicycle, décidément volatile.
Justifications féministes et sociales
Benoît Payan ne mâche pas ses mots non plus à l’encontre de Fabien Perez. “C’est un sujet complexe. Probablement, ce qui vous a amené à voter contre n’a pas été éclairci, pose-t-il d’un ton surplombant. Et je vous invite les uns et les autres à venir au CSU [centre de supervision urbaine, où se fait le visionnage des images tournées par les caméras, ndlr] pour voir comment fonctionne le centre, comment fonctionne une caméra, quelle est la réglementation, comment fonctionnent les réquisitions, une enquête judiciaire”, enjoint-il à l’avocat pénaliste.
Dire qu’une caméra va arrêter la délinquance, ça, c’est hors de propos.
Benoît Payan, maire
Le maire s’écarte néanmoins des arguments de la droite, qui affirme que les caméras empêchent la commission d’actes délictueux, pour converger sur un point avec les écologistes. “Sur le fond de cette espèce de chimère qu’une caméra va arrêter la délinquance, ça, c’est hors de propos. Toutes les études ont démontré que l’implantation d’une caméra dans un endroit donné n’avait jamais donné de résultat sur l’acte délictueux”, concède-t-il.
Toutefois, estime Benoît Payan, “les caméras sont des outils, qui, quand ils sont bien placés servent à des officiers de police judiciaire pour constater des faits délictueux, remonter une enquête (…). Quand il y a des agressions, notamment la nuit et notamment sur les femmes”, assure le maire. À la justification féministe, il ajoute une justification sociale : “Le CSU travaille avec le SAMU social. Quand il y a une femme seule avec son enfant à la rue, c’est souvent le CSU qui dit là, il y a un problème. De la même manière, avec l’AP-HM ou l’ARS pour des problèmes de violence, de toxicomanie, de personnes à la rue, le CSU aujourd’hui sert à ça”.
Les écologistes souhaiteraient pourtant que le moratoire amorcé en 2020 subsiste. “Un moratoire s’éteint avec la preuve d’une efficacité. Aucun argument ne plaide aujourd’hui pour l’efficacité de la vidéo surveillance”, insiste Sébastien Barles auprès de Marsactu. Au sein de l’hémicycle, la conseillère régionale museliériste Aurore Bruna n’a pas manqué de rappeler que c’est sous la pression“des propositions de cofinancement de caméras par l’État et les collectivités, l’insistance persistante du ministre de l’Intérieur”, que le Printemps marseillais s’est converti à la vidéosurveillance, avec in fine “une délibération qui semble découvrir la pierre philosophale.” L’adjoint à la sécurité Yannick Ohanessian ne répond qu’aux critiques de la droite. “Vous devriez applaudir des deux mains”, lance-t-il, avant qu’Olivia Fortin, maire des 6ᵉ et 8ᵉ arrondissements ne lui souffle : “et nous encourager”.
Commentaires
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Fabien Perez ne fait que redire la position du Printemps Marseillais en 2020. Il est donc constant dans son opinion, validée par une majorité de Marseillais.
Étonnante est la position de Benoit PAYAN qui lui reprend les arguments de la droite gaudiniste reniant ainsi ses engagements passés.
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Pas étonnant de la part du maire divers gauche/droite/macroniste il pense à son bilan pour sa réélection la mise place des caméras ne lui enlèvera pas de voix mais il espère en gagner vers les divers droite/renaissance …..
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Un certain soir , j’ai vu à Noailles des jeunes gens qui allumaient des mortiers , ou des fusées, encapuchonnés pour éviter les caméras de surveillance, avaient le visage couverts pour éviter l’objectif des caméras, alors je me suis fait ma morale, SI TU SORTS LE SOIR, SORTS COUVERT.
Bien sur c’est une comédie électorale… pour rassurer les petits vieux qui votent quand même…!!
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Preuve de l’efficacité douteuse de ces très chères caméras ? Quand le 8 décembre 2018 une horde de policiers masqués lynche la toute jeune Angelina, qui sort d’une boutique de la rue Saint-Ferréol où elle travaille, hop, la vidéosurveillance est malencontreusement en panne. Même topo pour la mort de Zineb Redouane, cette vieille dame atteinte une semaine avant par un tir tendu de grenade lacrymogène alors qu’elle ferme ses volets rue des Feuillants. Le CRS qui tire depuis son poste devant les magasins C&A n’a jamais été inquiété.
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Ce qui est vrai en 2020 pour le PM dans l’opposition ne l’est plus en 2024 … un classique de l”exercice du pouvoir et de la politique. De reniements en contradictions c’est le chemin emprunté par la plupart des hommes ou femmes politique qui s’accrochent au pouvoir. Mme Chaboche ne fait pas partie de ceux là, c’est tout à son honneur, malheureusement comediante-tragediante, Payan, Fortin et quelques autres n’ont pas les mêmes convictions.
Et sur le fond disons qu’installer des caméras est une chose qui rassure le ” bon peuple”; en assurer le bon fonctionnement en est une autre. La maintenance coûte cher et surtout il faut du personnel pour visionner . Bref sur la durée le fonctionnement est onéreux et nécessite des moyens importants. Dans les faits : les caméras tombent en panne trop souvent et le personnel n’est pas assez nombreux pour visionner, contrôler etc. C’est ce que m’a dit un policier du commissariat de la Canebière il y a quelques mois dont le sentiment était : ” on nous demande d’écoper l’océan avec une épuisette …”
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Jusqu’au jour (peut-être pas enviable) où une “intelligence artificielle” pilotera l’analyse des images filmées et dira aux policiers ce qu’ils doivent faire, ce n’est pas le nombre de caméras qui sera significatif, mais le nombre d’yeux et de cerveaux humains derrière les écrans.
Tout le monde se souvient qu’avant l’attentat de Nice, le camion mortel a pu circuler pendant plusieurs jours dans des rues où sa présence était interdite. Des rues équipées de caméras.
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“pose-t-il d’un ton surplombant.” comme cela est élégamment dit pour exprimer le fait que ce maire répond de plus en plus à ses contradicteurs de manière arrogante, méprisante et dédaigneuse
quand il ne reste plus que ça….
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Le maschere sono cadute !
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Combien de vrai policiers ou samu social de nuit pour 8 millions par an ?
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Pour avoir visité le centre de visionnage avenue Roger Salengro, j’ai pu constater que les caméras servent surtout à verbaliser les véhicules en stationnement interdit. Si la plaque n’est pas visible, le zoom permet de lire la vignette d’assurance sur le pare brise.
Si par ailleurs les enregistrements de ces caméras peuvent être très utiles dans le cadre d’une cenquête, leur installation ne dissuadera jamais les brutes décérébrées qui agressent les gens dans la rue.
Il est impossible de visionner.toutes ces caméras simultanément et le chef du centre doit choisir quotidiennement la petite partie qui le sera.
Rien effectivement ne pourra remplacer des effectifs humains qui patrouilleraient dans les endroits sensibles.
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Donc, l’évolution de le vidéosurveillance en ville ne peut déboucher que sur l’intelligence artificielle et la reconnaissance faciale pour être efficace. Pas très réjouissant, tout ça.
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Va falloir vous y faire ,car vu la dégradation du ” savoir vivre ensemble ” qui n’est qu’un mot au passage, vu le nombre de décérébrés en circulation , vu le ” je m’en tape” du marseillais pour rester poli, vu les incivilités élevés au stade culturel dans cette ville , vu l’insécurité qui n’est pas un sentiment dans cette ville mais une réalité contrairement à ce que nous raconte l’adjoint .
Alors oui, il va falloir y passer.
Ceux qui n’ont rien à se repprocher pas de problème, les autres tant pis.
Et puis le discours sur les libertés fondamentaux…..
La principale liberté c’est celle de se balader sans qu’un scooter avec deux voyous vous agressé,ou qu’une maman se fasse agresser par des “courageux “.
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Libertés fondamentales .scusi.
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