Sur la Canebière, les apprentis professeurs bloquent sur la réforme
Sur la Canebière, les apprentis professeurs bloquent sur la réforme
Au dessus de la porte décorée de banderoles, le nom de l'établissement n'a pas été changé. Depuis la rentrée, l'IUFM – Institut universitaire de formation des maîtres – s'appelle Espé pour École supérieure du professorat et de l'éducation. Comme le veut la réforme nationale mise en place depuis septembre. À Marseille, celle-ci passe mal, provoquant grève et blocage de l'établissement.
Dans le hall, un petit groupe d'étudiants se presse pour rejoindre l'amphithéâtre Lacydon. La salle est pleine mais pour une fois, c'est une élève qui prend la parole. Quelques profs sont dans l'assistance. Les étudiants se sont réunis ce mardi midi pour faire une assemblée générale. Depuis vendredi, ils manifestent. Et s'ils boycottent les cours, ce n'est pas pour anticiper sur les vacances de Noël mais pour défendre leur formation, pour que le nombre d'heures de cours ne soit pas réduit et les groupes arbitrairement mélangés.
"Une oreille attentive et inquiète"
Au premier rang, un de leurs professeurs, Gérard Geron, démêle la situation : "Avec la réforme mise en place à la rentrée, les étudiants passent désormais le concours à la fin du master 1 au lieu du master 2. Cela a entraîné une hausse considérable du nombre de candidats. Mais il n'y a pas plus d'enseignants". Pour lui, c'est ce qui a poussé la direction de l'établissement à prendre un certain nombre de mesures : réduction du nombre d'heures de cours par unité d'enseignements, transformation de travaux dirigés en cours magistraux, suppression de groupes d'enseignement impliquant une augmentation de l'effectif moyen.
Pour avoir plus d'effets et bloquer l'établissement, ils décident de quitter les strapontins de l'amphi pour les marches du hall d'accueil. La veille, une délégation a été reçue par le directeur de cabinet du recteur à Aix-en-Provence. "Ils nous ont écoutés d'une oreille à la fois attentive et inquiète", lance Charlotte, l'étudiante qui anime l'AG.
Continuer ou réviser
Au rectorat, on fait une passe à l'aile : "Ils ont été reçus et écoutés mais ce n'est pas au rectorat seul de prendre une décision. Nous ne sommes que partie prenante. Les étudiants doivent rencontrer le directeur de leur établissement". La visite au rectorat était une manière pour les étudiants de faire comprendre au ministères de Vincent Peillon et Geneviève Fioraso que cette réforme, ou du moins sa mise en oeuvre, ne leur convient pas comme l'explique Anaïs, en master 1 : "Elle nous paraissait intéressante sur le papier mais le budget n'a pas été adapté". Même s'ils remettent en cause la mise en oeuvre de la réforme, les étudiants grévistes considèrent que la direction est directement responsable. "Pour faire des économies, ils auraient pu faire des coupes sur d'autres postes que celui de l'enseignement", commente un enseignant. "Le job de la direction est d'aller voir Aix-Marseille université pour demander des heures et des moyens en plus", poursuit-il.
En effet, c'est Aix-Marseille Université qui alloue les budgets à l'Espé. En mai dernier, il était décidé lors du conseil d'administration de l'université qu'"Amu affecte à l'Espé l'ensemble des moyens et des ressources humaines affecté actuellement à l'IUFM", conformément aux dispositions nationales. Selon la direction de l'établissement, l'Etat apporte lui aussi sa contribution puisque l'académie finance 9% du coût de formation.
Pendant trois heures et demi mardi après-midi, la direction a reçu une délégation d'élèves. Il s'agissait, selon le directeur de l'école Jacques Ginestié, de "leur expliquer les engagements pris dans le cadre de la réforme des Espé". Il admet que "ces changements peuvent être anxiogènes pour les étudiants et qu'il est plutôt sain qu'ils se mobilisent". Selon lui, "ces modifications n'ont rien à voir avec une quelconque restriction budgétaire. Si le nombre d'étudiants a augmenté de 30% cette année, le budget a lui aussi été revu à la hausse" sans suivre pour autant l'augmentation des effectifs.
La réunion ne semble guère avoir convaincu les étudiants : "Ils doivent nous donner une réponse mardi, précise Jeanne, une étudiante de l'Espé, mais on est très sceptiques sur le fait qu'ils répondent à nos demandes. Ils essaient de jouer la montre". Les premiers concours étant en avril, beaucoup d'étudiants n'ont pas envie de se passer des deux semaines de cours qui les séparent des vacances.
Commentaires
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vaste escroquerie financière que cette pseudo formation ,vacuité intellectuelle totale ,imposture sans communes mesures des dirigeants de l’éspe ,plus intéressés par le maintien de leur primes que par une refondation effective de la formation des enseignants…formation que bon nombre de ces bras cassés aurait du mal à valider en parallèle de concours enseignants…
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