Stéphane Ravier fait son show pour faire oublier les défections dans son équipe

Reportage
le 12 Jan 2017
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Devant un millier de personnes au Dôme, Stéphane Ravier a, chose inhabituelle, tenu à mettre en avant son équipe municipale. Il a aussi annoncé qu'il ne serait pas candidat aux législatives, pour pouvoir pousser un élu de son secteur. Histoire de tenter de stopper la longue liste des défections dans sa majorité.

Photo V. V.
Photo V. V.

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À 22 heures passées, Stéphane Ravier nous fonce dessus en mimant des cornes sur sa tête. Le DJ vient de pousser Highway to hell à fond dans le hall du Dôme. Le sénateur et maire Front national des 13e et 14e arrondissements de Marseille vient de terminer son show annuel et profite de l’after. Pour la deuxième année, il a choisi la salle de concert de Saint-Just pour se mettre en scène et présenter ses vœux à la population. Un millier de personnes a fait le déplacement. L’occasion pour Stéphane Ravier de tenter de tourner la page d’une année marquée par les départs dans sa majorité.

Alors, il force sur la mise en scène. Sur une musique haletante, les élus de sa majorité montent sur scène par grappe de trois à l’annonce de leur nom. Tous sont là pour applaudir leur maire qui descend quatre à quatre les marches depuis le fond de la salle et saute sur scène pour lancer un baiser énergique à la foule.

Ravier partagera-t-il le pouvoir ?

Deux heures plus tard, il conclura son propos par une reprise de Johnny Halliday, après avoir fait monter ses deux frères à ses côtés. “Plaisir égoïste”, dira-t-il lui-même. “Mégalo”, jugera Stéphane Mari, son opposant socialiste venu en curieux. Depuis deux ans et demi qu’il est devenu maire de secteur et sénateur, Stéphane Ravier goûte le pouvoir au point de peiner à le partager. “Orange, on t’emmerde”, lâche-t-il, lui l’ancien employé de France Télécom, quand un téléphone connecté à ce réseau s’apprête à le prendre en photo.

Mais en 2016, Ravier semble avoir compris que s’il voulait éviter de retrouver son employeur trop vite, il allait falloir jouer collectif. Un groupe dissident s’est créé au conseil municipal. Six membres de sa majorité dont sa première et son deuxième adjoints ont choisi de siéger parmi les non-inscrits au conseil d’arrondissements. Tous ont dénoncé l’autoritarisme d’un chef laissant peu de marges de manœuvre à ses élus, développant une conception égocentrée du pouvoir, l’affublant pour certains du sobriquet de “dictateur nord-phocéen”.

Alors, il en rajoute et tente de citer tous ses adjoints au gré des questions de son intervieweuse d’un soir : Mickaël Besnainou, adjoint à la culture, et la reprise en main de l’Espace culturel Busserine ou sa nièce Sandrine D’Angio, nouvelle première adjointe, chargée des questions éducatives et les écoles délabrées. Il veut montrer que la mairie de secteur agit, malgré son faible budget. Comme avec les activités gratuites pour seniors pensées aussi comme un levier électoral. “Les seniors, on le sait, ça parle beaucoup, ça raconte”, expliquera-t-il en aparté. Avec cet inventaire, il perd son public mais passe le message. “C’est un vrai chef, un leader”, s’extasie l’adjoint à la sécurité, Dany Lamy, à la sortie.

Pas candidat aux législatives

“L’origine de ces départs, c’est quand j’accepte de prendre la tête de liste des Bouches-du-Rhône aux régionales et que je dois choisir les candidats”, estime Stéphane Ravier, extirpé de la piste de danse pour un entretien. Pour lui, les défections ne sont que déceptions et ambitions refoulées. “On n’a jamais raison contre son parti. Certains vont s’en rendre compte en juin et goûter le résultat de leur mégalomanie”, assène-t-il, le sourire en dents serrées. Une référence à la candidature de son ancien lieutenant Antoine Maggio aux législatives dans la 3e circonscription.

Ravier n’en sera pas, a-t-il annoncé lors de son meeting après avoir longtemps hésité. Le début d’un partage du pouvoir ? “Si j’y vais, on me dit que je veux tout, que je suis mégalo. Si je n’y vais pas, que j’ai peur. Je ne serai pas candidat mais je serai à fond derrière celui qui le sera.” Plutôt qu’un parachutage, il préférerait “quelqu’un du cru, du 13/14” pour gagner “la meilleure ‘circo’ de Marseille”. Le nom de Cédric Dudieuzère, adjoint de secteur, revient avec insistance mais Ravier refuse de confirmer, tout en vantant les qualités de son fidèle adjoint. “Je ne suis candidat à rien, disponible pour tout”, sourit l’intéressé.  Reste à savoir si Ravier sera prêt à voir dépasser une nouvelle tête dans les rangs locaux du Front.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Le “dictateur nord-phocéen” aux idées courtes méritait juste une brève, non ?

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    • julijo julijo

      Oui ! méritait-il un article aussi long….. certes pas.
      Sa démagogie, sa mégalomanie est déjà suffisamment pesante dans le secteur. de même que la violence des choix qu’il fait.
      En même temps, c’est consternant de noter ses arguments….marrant aussi de l’imaginer “jalousé”…????
      Les élus fn où qu’ils sévissent sont franchement souvent à côté de leurs pompes.

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    • jo147 jo147

      Non désolé, je ne suis pas d’accord avec vous. Un simple brève signifierai que l’on considère que tout ceci n’est pas très important, périphérique. Non, il faut le marquer à la culotte, tout noter et tout signaler. Ainsi, nous voyons assez facilement la faiblesse des arguments et des justifications, l’incapacité à proposer des projets nouveaux, a défendre une nouvelle manière de faire de la politique (sa nièce première adjointe, l’histoire de son fils avec un emploi fictif, bref, on voit bien qu’il fait de la politique comme les autres …).
      Mine de rien, c’est important pour les acteurs de terrain du 13-14, cela leur donne des billes pour argumenter, au quotidien, face à des gens qui nous disent que,” finalement le FN, c’est pas si terrible que ça”, ou que “Ravier, il a ses défauts, mais c’est notre maire quand même”.
      Ce type d’argument, qui est en train de se répandre, amènera Ravier tout droit à la mairie centrale s’ils ne sont pas combattus. Et là, les amis, ils ne sera plus question de brèves …

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est surtout un vague fond de compassion qui me faisait suggérer la brève, après avoir lu cette phrase : “À 22 heures passées, Stéphane Ravier nous fonce dessus en mimant des cornes sur sa tête.”

      On sait que les journalistes de Marsactu sont (mal) payés pour travailler dur. Mais de là à passer toute une soirée avec le Gargamel des quartiers Nord, au lieu de lire un bon bouquin… par exemple celui-ci : http://livre.fnac.com/a9697716/N-Lebourg-Lettre-aux-Francais-qui-croient-que-5-ans-d-extreme-droite-remettraient-la-France-debout

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  2. veronique iorio veronique iorio

    Marsactu revendique leur indépendance politique, je ne vois pas pourquoi il ne passerait pas plus de temps chez les fronts de droite que les fronts de gauche!! Pour moi cela s’appelle la presse libre de sa parole!!
    Stéphane devrait juste arrêter de se prendre pour Angus !!
    Pour lui, toutes les personnes qui sont parties, ont démissionné pour les mêmes raisons qu’Adrien Mexis!! Et c’est complétement faux!!
    Il a juste le soutient de Marine parce qu’il passe bien à la TV mais je crois qu’il sait trompé de profession “comique” lui correspond mieux!!
    Aujourd’hui il paye sa surdité !!

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