Soulagement des enseignants à Istres et Fos après la mise à l’écart d’une inspectrice
Après la forte mobilisation de professeurs des écoles du secteur couvrant Istres et Fos, l'académie a déchargé de ses fonctions l'inspectrice accusée de harcèlement. Soulagés, les enseignants espèrent tout de même que l'enquête administrative aboutira à des sanctions. En septembre, une de leurs collègues avait tenté de mettre fin à ses jours à Fos.
Soulagement des enseignants à Istres et Fos après la mise à l’écart d’une inspectrice
La nouvelle a été accueillie par “un grand ouf”. Après la mobilisation des dizaines de professeurs des écoles de la circonscription qui couvre Istres et Fos, ces derniers ont appris la semaine dernière le remplacement de l’inspectrice incriminée. Depuis plusieurs années, des enseignants se plaignaient de relations plus que tendues avec leur supérieur hiérarchique, jusqu’à la tentative de suicide d’une enseignante à Fos en septembre (Lire notre enquête sur le malaise dans les écoles du secteur). L’événement, qui aurait pu virer au drame, a déclenché l’ouverture d’une enquête administrative. Vendredi 11 octobre, la direction académique a confirmé à Marsactu que la fonctionnaire en question ne serait plus en charge d’inspecter ou de superviser les enseignants.
Il ne s’agit toutefois pas d’une sanction, insiste-t-on. “Compte tenu de la nécessité d’un travail approfondi sur les évaluations 6eme et des compétences numériques et pédagogiques de [Mme X] nous l’avons déchargée de ses missions d’inspection pour lui confier ce travail d’analyse”, explique l’Éducation nationale. Ni punition, ni promotion, l’inspectrice a opportunément été “déchargée” de son travail d’inspection, pour se consacrer à des missions qu’elle poursuivait déjà.
Un déplacement, mais pas de sanction
“Une nouvelle inspectrice a été nommée, les collègues vont pouvoir respirer, avoir des relations normales avec leur hiérarchie”, se réjouit Frédéric Brun, du syndicat SNUIPP-FSU. Le syndicaliste reste tout de même mesuré : “elle est déplacée pour l’année et on ne sait pas du tout ce qu’elle fera après, ce n’est pas un blâme”. Mêmes interrogations chez UNSA : “on ne sait pas si la décision est ferme et définitive, se demande Franck Deletraz. On avait demandé des mesures conservatoires. Pas de sanction, mais une suspension le temps de l’enquête, ce n’est pas le cas. Mais au moins elle n’est plus au contact des enseignants”.
L’information du remplacement a été communiquée aux syndicats par un mail, évoquant à la fois l’ouverture de l’enquête administrative et la décharge accordée à l’inspectrice. “Le directeur d’académie ne va pas se justifier, on ne s’attendait pas à ce qu’il dise “je vous ai entendus”. Mais pour avoir l’habitude de ce langage, c’est ce qu’il faut comprendre. Cela nous semble être une mesure d’apaisement, et ce n’est absolument pas une promotion”, décrypte Franck Deletraz.
“Il a fallu presque un drame”
“On a été surpris que l’administration réagisse aussi vite, alors que l’enquête n’est pas terminée. On a la sensation d’être enfin entendus”, s’étonne un enseignant sous couvert d’anonymat. Ayant été témoin de “scènes d’humiliation” envers plusieurs de ses collègues de la part de l’inspectrice, il avait par le passé alerté la direction des ressources humaines ainsi que la psychologue de l’Éducation nationale, sans succès. “Il a fallu presque un drame”, s’étouffe-t-il.
Alors que la première cellule d’écoute a vu près de 90 professeurs des écoles se présenter pour témoigner de leur expérience avec cette inspectrice, la question du temps de réaction de l’administration reste pendante. “Ils ont appuyé sur le bouton eject parce qu’ils n’avaient pas le choix face à la mobilisation et à l’actualité nationale [une directrice d’école a mis fin à ses jours en région parisienne en septembre, ndlr]. Mais il y a huit-neuf ans, lorsque les premiers faits se sont produits, s’ils avaient été pris en compte, si la situation avait été encadrée, on n’en serait pas arrivés là”, déplore Frédéric Brun du SNUIPP-FSU, qui compte poursuivre la mobilisation pour dénoncer la souffrance engendrée par le management en cours au sein de l’Éducation nationale.
“Ce déplacement du problème ne compense pas les dommages psychologiques causés aux personnels, on ne peut pas complètement être satisfaits”, estime pour sa part l’enseignant cité plus haut. “J’espère qu’il y aura sanction, et même au pénal, parce que ce qu’on a vécu c’est du vrai harcèlement”, avance-t-il en souhaitant que “les choses s’apaisent” avec l’arrivée d’une nouvelle cadre. Parmi les témoignages recueillis par Marsactu, une enseignante indiquait avoir déposé plainte contre l’inspectrice il y a plus d’un an, sans suite. Une nouvelle séance d’écoute organisée par l’académie doit se tenir mercredi, pour recevoir les enseignants qui n’avaient pas assisté à la première séance du fait d’une trop forte affluence.
Commentaires
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Je n’ai lu que le début et la fin du papier. Coup double :
« l’inspectrice a opportunément été « déchargée » de son travail d’inspection, pour se consacrer à des missions qu’elles poursuivaient déjà. »
C’est la faute qui la poursuit…
« pour recevoir les enseignants qui n’avaient pas assister à la première séance »
On assiste à un drôle d’accord…
Sans rancune !
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Lorsque le participe passé est conjugué avec les auxiliaires “être” et “avoir”, il s’accorde en genre et en nombre avec son sujet
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Il serait interessant de connaitre les antécédents de cette inspectrice ? Avait-elle été “manageur ” dans le secteur privé ?
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Tout le problème de l’Education nationale et de la fonction publique en général est posé là : quand il y a faute professionnelle on déplace la personne, on déplace le problème mais il y a rarement de révocation ( de licenciement pour faute grave – pousser une personne au suicide ( tentative) semble en être une …). Le statut protège trop, même les personnes toxiques, même les personnes qui ne font plus ce pourquoi elles sont rémunérées. Ce système doit être réformé, certes avec la délicatesse et l’humanité nécessaires, mais le système ne doit plus protéger des personnes toxiques pour le service public. Ces personnes évidemment sont une minorité, mais elles existent et nuisent à la collectivité.
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Je ne pense pas que ce soit un problème de statut (de la FP). C’est un problème de lâcheté managériale… dans l’administration, un bon chef est celui qui ne fait pas remonter de problèmes… pas de vague!
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Le problème est de savoir comment décider que quelqu’un est “toxique”. Le statut protège mais ce statut est extrêmement défendu par les organisations syndicales des personnels, quelque soit leur niveau hiérarchique, car il les protège aussi des excès de la hiérarchie et des plaintes des usagers, plaintes d’ailleurs pas forcément toujours justifiées. On pointe de temps e temps un cas qui fait la une des journaux mais ce statut arrange énormément de monde. Il n’est donc pas simple de le remettre en cause en ne s’adossant sur quelques dérives qui ne sont que des cas particuliers. Maintenant on peut réfléchirà ce que serait un service public de l’éducation où les personnels seraient facilement révocxables suite à des plainbtes d’usager pou de collègues
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Suite car je n’ai pas trouvé comment modifier le message parti par inadvertance
Maintenant on peut réfléchir à ce que serait un service public de l’éducation où les personnels seraient facilement révocables suite à des plaintes d’usagers ou de collègues, subordonnés ou non, mécontents du travail de l’agent. Un autre monde donc.
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Le cas de cette inspectrice n’est malheureusement certainement pas isolé. Il est de notoriété publique que dans certaines circonscriptions marseillaises les inspecteurs terrorisent également les enseignants. Peut être que cet épisode servira à ce que les langues se délient sur des agissement indignes. Déjà que les enseignants ont la lourde tâche d’apprendre à lire, écrire et éduquer à la citoyenneté nos enfants dans des conditions de travail la plupart du temps déplorable. Si en plus leur supérieur hiérarchique les méprise et les humilie plutôt que de les soutenir et les aider dans leur mission, mais où va-t’on!
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Pour ceux qui évoquent le statut protecteur des fonctionnaires comme explication de cette “non-sanction”: quand on veut sanctionner un fonctionnaire, on peut tout à fait le faire ; ce n’est juridiquement pas plus compliqué que dans le privé. Mais encore faut-il le vouloir……
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