SOS Méditerranée, Vélodrome, vidéoprotection : les dossiers chauds du conseil municipal

Décryptage
le 20 Sep 2024
4

Pour cette rentrée du conseil municipal de Marseille, l'ordre du jour est réduit. Le programme sonne davantage comme un rattrapage des dossiers qui n'ont pas pu être étudiés en juin dernier en raison des élections législatives. Mais chacun devrait y trouver de quoi s'offrir une séquence politique. Marsactu a sélectionné les décisions à retenir de cette séance du 20 septembre.

Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)
Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

Le dernier conseil municipal de Marseille, le 28 juin, avait été expédié avec un “bonnes vacances” du maire Benoît Payan (divers gauche) deux jours avant le premier tour des élections législatives anticipées. Depuis, la vague du Rassemblement national est devenue un tsunami dans le département, la France insoumise s’est ancrée un peu plus dans les quartiers populaires, le Printemps marseillais a raflé la 2e circonscription et renforcé son enracinement dans le centre marseillais, la droite et le centre ont été éjectés de la carte avec la disparition des députés Renaissance.

Après une légère respiration au mois d’août, la tectonique des plaques de la politique locale a repris en cette rentrée. Avec les municipales de 2026 comme boussole générale. La droite et le centre resserrent les rangs autour de Renaud Muselier (Renaissance), président de région, et de Martine Vassal (divers droite), présidente de la métropole et du département, face aux mouvements en direction de l’extrême droite. Jean-Baptiste Rivoallan (UDR) continue sa migration vers le RN. Leur alliance toute fraîche entraîne la création d’un nouveau groupe au conseil municipal. Baptisé Rassemblement marseillais, il ambitionne de devenir le point de convergence pour les élus d'(ultra) droite déçus. À gauche, la rentrée n’est pas beaucoup plus simple. Elle se fait sous le signe de relations tendues avec La France insoumise, tandis qu’une partie des élus de la majorité plaide pour une union avec les Insoumis pour 2026…

Dans l’hémicycle, ces tiraillements devraient évidemment pimenter les débats du conseil municipal de ce vendredi 20 septembre. En espérant qu’ils laissent suffisamment de place à l’étude des dossiers concrets de la gestion de la Ville de Marseille. “C’est un conseil avec pas énormément de délibérations et peu de rapport avec des enjeux politiques”, prévient Joël Canicave, adjoint au maire chargé des finances et président du groupe Printemps marseillais. Cette séance est davantage un rattrapage des dossiers qui n’ont pas eu le temps d’être étudiés il y a deux mois en raison des législatives. Marsactu a sélectionné les décisions les plus marquantes dans cet ordre du jour réduit à 104 rapports.

Les millions perdus du Vélodrome

“Les rapports de la CRC sont toujours un plus, même s’ils disent des choses pas agréables.” Joël Canicave ne saurait mieux résumer l’ambivalence du document sur le stade Vélodrome présenté au conseil ce vendredi. Les quelque 70 pages de conclusions de la chambre régionale des comptes (CRC), décortiquées par Marsactu, pointent les marges de manœuvre financières face aux partenaires de la Ville qui gèrent et utilisent l’équipement : l’entreprise Arema et l’OM. Du carburant pour les négociations qui a cependant un revers : celui de mettre en lumière le faible contrôle mis en place par une équipe municipale pourtant très critique du montage lorsqu’elle était dans l’opposition.

Une nouvelle délibération pour la subvention à SOS méditerranée

Annule et remplace. La Ville de Marseille va repasser sa délibération en soutien à l’ONG SOS Méditerranée, dans une version réécrite par rapport à celle présentée initialement en 2021. Il y a trois ans, la municipalité votait une aide financière de 30 000 euros à l’association qui œuvre au sauvetage des migrants en mer. Mais l’élu d’opposition Lionel Royer-Perreaut, qui était à l’époque également député Renaissance, avait déposé un recours au tribunal administratif. Il attaquait la forme de ce rapport, qui ne présentait pas l’objet précis de la subvention, comme le requiert le Conseil d’État.

L’audience dans cette affaire a eu lieu le 12 septembre et le délibéré est attendu le 26 septembre. La mairie a fait le choix de ne pas attendre la décision du tribunal administratif et de réaffirmer son soutien à SOS Méditerranée en annulant la délibération litigieuse et en revotant un rapport qui mentionne cette fois-ci un fléchage vers les opérations de sauvetage en mer de l’ONG. “On est complètement à l’aise et transparents sur ce qu’on fait, défend Audrey Garino, adjointe au maire chargée des affaires sociales. Aujourd’hui, on a un cadre légal extrêmement clair.” Cette nouvelle subvention, d’un montant de 130 000 euros, correspond à l’aide exceptionnelle de la première délibération cumulée au soutien financier annuel de la Ville à l’association. Le retour de cette délibération devrait enfiévrer l’hémicycle : la droite, opposée à l’idée que la municipalité vienne en aide à SOS Méditerranée, promet bien sûr de monter au créneau sur le sujet.

Lancement de la mission vidéoprotection

On connaît désormais le casting de la mission d’information et d’évaluation du service public de vidéoprotection. Demandée par la droite à cor et à cri, la création de cette mission a été actée en conseil le 28 juin. Les 11 membres seront donc : Sophie Camard, Pierre Huguet, Éric Méry et Yannick Ohanessian pour le Printemps marseillais ; Samia Ghali pour Marseille avant tout ; Fabien Pérez pour les Écologistes et pluriel-s ; Bruno Gilles, Catherine Pila, Pierre Robin et Sylvain Souvestre pour Une volonté pour Marseille ; Arezki Selloum pour le Rassemblement marseillais. “Pas de problème pour nous, on s’y était engagés, rappelle Joël Canicave. Cette mission durera le temps nécessaire pour que tout le monde ait les réponses aux questions qu’il se pose.” Y a plus qu’à !

Des financements pour le sauvetage patrimonial de La Maurelette

La copropriété de la Maurelette, à Saint-Joseph, fait partie de ces cités qui peuvent s’enorgueillir du label “Patrimoine du XXe siècle”. Mais le joli macaron n’a pas empêché la copropriété de sombrer peu à peu dans ce qu’on appelle communément l’habitat indigne. En décembre 2018, la Ville a pris un arrêté de mise en sécurité du fait “du risque de chute de matériaux à l’aplomb des façades“. En 2021, une première phase de travaux a permis d’éloigner le risque d’accidents.

En amont du plan de sauvegarde qui est censé redresser durablement cette copropriété, la Ville participe à un programme de travaux de grande ampleur, principalement financés par l’agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah), la métropole et le département. Ils consistent notamment à assurer l’étanchéité des façades patrimoniales ornées de mosaïques, à rénover la bastide qui fait partie de l’ensemble immobilier et la tour Baussane. Pour accélérer la mise en œuvre de ces travaux, chaque financeur vote indépendamment ses subventions. Pour la Ville, cela représente un demi-million d’euros sur une facture globale de 19 millions.

Une avenue en hommage à la marche pour l’égalité et contre le racisme

C’est un petit changement, mais pour le président du groupe Printemps marseillais, “ça porte beaucoup de symboles”. La mairie propose que l’avenue Alexandre-Ansaldi dans le 14e arrondissement soit renommée “Marche pour l’égalité et contre le racisme”. Cette rue des quartiers Nord porte aujourd’hui le nom d’un escroc littéraire qui a pourtant apposé son nom sur de nombreuses plaques dans d’autres villes. Avec l’adoption de ce rapport, la municipalité rendra dorénavant hommage à la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, dont le parcours a débuté à Marseille.

Mais avant d’arriver sur les bancs de Bargemon, cette décision a déjà fait débat en conseil d’arrondissements des 13/14 et sur les réseaux sociaux. Dans ce secteur, la majorité de droite menée par Marion Bareille (Les Républicains) s’est abstenue lors du vote du rapport. Sur X (ex-Twitter), la maire des 13/14 explique qu’elle aurait préféré rendre hommage à Lahouari Ben Mohamed, assassiné par un CRS le 18 octobre 1980. Les discussions à ce sujet devraient rebondir en mairie centrale ce vendredi. En outre, comme promis lors du dernier conseil du 28 juin par Benoit Payan, le parc du XXVIe centenaire sera renommé Jean-Claude Gaudin en hommage à l’ancien maire de Marseille. Une décision qui devrait moins faire débat. Quoique.

Détournement de fonds publics à la régie des recettes de la mairie du 3e secteur

C’est l’épilogue d’une affaire aussi municipale que judiciaire. Le 21 mai 2024, une agente de la régie des recettes de la mairie du 3e secteur a été condamnée par le tribunal judiciaire de Marseille pour détournement de fonds publics dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Elle avait falsifié des récapitulatifs de recettes entre 2014 et 2021, avant que la municipalité ne détecte des anomalies dans la tenue de la comptabilité et saisisse le parquet le 12 octobre 2022. Le détournement s’élève à plus de 40 000 euros. L’agente, qui a été radiée des effectifs de la municipalité le 1er mars 2023, a demandé une remise gracieuse. Dans la délibération n°83, la Ville rejette se démarche “au vu de la gravité des faits contestés”. L’agente devra rembourser la somme.

Avec Marie Lagache, Julien Vinzent et Benoît Gilles

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. mrmiolito mrmiolito

    Juste pour information avant que les trolls éventuels se réveillent : 130 000 €, c’est moins de 6 jours en mer pour l’Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée (24 000 €/j en 2024).
    Autrement dit, c’est important symboliquement (selon moi…) mais la subvention ne sauvera pas, et l’absence de subvention ne coulera pas, l’association qui doit brasser un budget 100 fois supérieur…
    (ceci avant que quelqu’un commence à dire que c’est la Ville de Marseille qui fait survivre SOS Méditerranée, par exemple …).

    Signaler
    • mrmiolito mrmiolito

      PS j’ajoute que l’association émet des reçus fiscaux car les dons sont déductibles, autrement dit elle est reconnue d’utilité publique par l’Etat français. Ce n’est de loin pas le cas de toutes les associations financées par la municipalité de Marseille…

      Signaler
  2. Alain Dex Alain Dex

    Si vous vous demandez, comme moi, qui était Alexandre Ansaldi…
    “Alexandre Ansaldi, né le 6 avril 1908 à Nice et mort 27 avril 2000 à Montauban, est le nom d’un probable mystificateur mégalomane ayant convaincu plusieurs villes de faire baptiser des rues à son nom. Le personnage se revendique philosophe au titre d’un livre de maximes qu’il a écrit, peintre, et prince, se faisant appeler S.A.S.. ” (Wikipedia)
    On peut donc avantageusement retirer son nom !

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire