Simiane et Bouc-Bel-Air se renvoient la balle pour scolariser les enfants du voyage

Actualité
le 9 Fév 2017
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Inaugurée à l'automne, l'aire d'accueil des gens du voyage commune à Simiane et Bouc-Bel-Air cause un litige entre les deux municipalités. Chacune estime que c'est à l'autre d'accepter les enfants qui y habitent dans ses écoles.

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L'aire de la Malle le jour de son inauguration. Image André Luzy

L'aire de la Malle le jour de son inauguration. Image André Luzy

Où pourront bien aller les enfants de l’aire d’accueil des gens du voyage de la Malle pour étudier ? Ouverte à l’automne, cette aire flambant neuve est censée couvrir les obligations d’accueil des deux communes de Simiane-Collongue et Bouc-Bel-air, soit 30 places. Située sur le territoire de la seconde, l’aire relève tout autant de la première, et a été réalisée sous l’égide de feu-la communauté du Pays d’Aix. Mais au bout de quelques semaines d’usage, un problème s’est fait jour : celui de la scolarisation des enfants qui y vivent. Des écoles élémentaires et maternelles se trouvent, dans chacune des localités, à durées de trajet égales en voiture, 8 minutes environ.

“L’aire est vraiment pas mal, les familles étaient plutôt contentes. Mais quand elles sont allées inscrire leurs enfants dans les écoles, ça a été niet, des deux côtés, explique Alain Fourest de l’association Rencontres tsiganes. Pourtant, il avait été convenu au début de la construction que les deux municipalités étaient d’accord pour accueillir les enfants dans les deux écoles”. Une dizaine d’élèves serait concernée, sachant qu’au fil des semaines, certains ont déjà quitté les lieux et d’autres sont venus les remplacer.

Un “accord verbal”

À Bouc-Bel-Air, le maire LR Richard Mallié est formel : “Il n’y a pas de litige. Il était prévu dès le début que les enfants iraient à l’école à Simiane, car l’école est plus près. Aujourd’hui, le maire de Simiane dit qu’il n’y a plus de place dans l’école. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ?”. Interrogé sur la nature de l’accord passé entre les deux municipalités, dont les deux maires ont changé en 2014, soit après le lancement du projet, Richard Mallié reconnaît qu’il s’agissait certes d’un “accord verbal”.Mais tout le monde le sait et personne ne m’a jamais dit le contraire”, assure-t-il, avant de se féliciter d’avoir permis d’accélérer l’ouverture de l’aire, et notamment d’avoir géré des litiges avec le voisinage.

Problème, à Simiane, municipalité LR aussi, le discours est le même. “On ne les accueille plus ces enfants”, nous a-t-on d’abord expliqué en mairie. “C’est Bouc-Bel-Air qui les reçoit, pour moi le dossier en est là”, confirme-t-on dans les couloirs de la mairie où l’on explique que “la question se traite de maire à maire”. Les enfants se verraient donc refuser l’accès à l’école de Simiane, tout en étant acceptés sous la contrainte, mais persona non grata, à Bouc Bel Air.

“C’est anormal, c’est illégal, c’est grave”

D’après les associations qui suivent l’affaire, une intervention de l’inspection d’académie a contraint les municipalités à accepter les enfants dans leurs classes, sans pour autant leur donner accès aux autres services fournis par les municipalités : la cantine, les temps d’activité périscolaires, la garderie. L’inspection d’académie n’a toutefois pas donné suite à nos sollicitations. À entendre les deux municipalités s’opposer, la situation est en tout cas encore loin d’être stabilisée.

“C’est anormal, c’est illégal, c’est grave”, commente Jean-Paul Kopp, président de l’association Rencontres tsiganes. Une lettre d’interpellation au préfet délégué pour l’égalité des chances, ainsi qu’au défenseur des droits, sera bientôt envoyée. D’autant plus que la toute récente loi “Égalité et citoyenneté”, cruciale pour l’évolution du statut des voyageurs est sans ambiguïté au sujet de la scolarité. Le texte rappelle en effet très clairement un principe qui était, expliquent les associations, déjà applicable auparavant. “Le statut ou le mode d’habitat des familles installées sur le territoire de la commune ne peut être une cause de refus d’inscription d’un enfant soumis à l’obligation scolaire”, peut-on ainsi lire à l’article 193. “C’est dommage parce que globalement, on constate que les pouvoirs publics se dirigent vers plus d’ouverture”, déplore de son côté Alain Fourest.

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