Salon préfère le folklore provençal aux arts de la rue

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le 29 Sep 2014
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Salon préfère le folklore provençal aux arts de la rue
Salon préfère le folklore provençal aux arts de la rue

Salon préfère le folklore provençal aux arts de la rue

À Marseille ce week-end, le public s'est déplacé en masse pour suivre la longue chute des 8000 dominos géants installés dans le centre-ville par Lieux publics. À Salon-de-Provence, dans le même temps, l'ambiance était également festive, mais autour d'un événement mettant à l'honneur galoubet et tambourins : la fête des couleurs, avec cortège historique provençal, époque renaissance, pose de drapeaux au château de l'Empéri, spectacles et apéritif géant.

Pourtant Salon-de-Provence possède aussi son festival d'arts de la rue, baptisé Salon public. Ou plutôt possédait, car après cinq années de folie orchestrées par l'association Karwan, la municipalité UMP nouvellement élue lui a préféré une manifestation plus… folklorique. Anne Guiot, la directrice de Karwan a exprimé son désarroi par voie de communiqué, mardi dernier, regrettant, outre l'annulation de l'événement, le caractère brusque de celle-ci : "La programmation était prête puisqu’il faut plus de huit mois pour la parfaire et être sûr que les artistes choisis soient au rendez-vous. La nouvelle municipalité en a décidé autrement. […] Depuis les dernières élections et malgré nos demandes de pouvoir être entendus auprès des services concernés, le choix a été fait de ne pas nous recevoir, ni nous signifier la position prise par écrit. Nous avons décrypté la situation au fur et à mesure que le compte à rebours rendait impossible la tenue du festival ce dernier week-end de septembre".

"Pas les moyens"

La directrice déplore en particulier d'avoir été informée de la décision de la Ville en lisant la Provence du 6 septembre dans laquelle l'adjointe à la culture Caroline Tillie-Chauchard déclare : "Les arts de la rue représentaient une subvention de 90 000 euros à verser à une association qui n'était pas salonaise […] Nous avons pris la décision de ne pas l'organiser cette année". Jointe par nos soins, l'élue ne s'aventure plus sur l'argumentaire hasardeux du caractère non salonais de l'association. En revanche, elle confirme que la manifestation revenait trop cher : "La Ville n'a pas les moyens de s'offrir ce festival. Nous avons souhaité ne pas valider le projet de 90 000 euros, un montant colossal pour Salon. Si on nous avait proposé un budget plus raisonnable, il est possible que nous aurions accepté. Après, il ne s'agit pas d'une annulation, car il n'y a jamais eu d'engagement de notre part, il s'agit plutôt d'une non reconduction". 

Surtout, Caroline Tillie Chauchard nie avoir été contactée : "Je suis très surprise. Dès fin mars, après les élections municipales, j'ai reçu tous les présidents d'association qui en ont fait la demande. Cela n'a pas été le cas de Karwan. Je n'ai pas eu de demande de subvention et je n'ai reçu ni coup de téléphone, ni courrier." L'intéressée maintient pourtant ses accusations : "Quand on a cinq ans de travail derrière nous, on ne laisse pas tomber comme cela. Je n'ai eu de cesse de demander un rendez-vous et nous avons fourni un dossier de demande de subvention. J'ai reçu une fin de non recevoir absolue."

Sur la question du coût du festival, Anne Guiot conteste également les arguments de l'élue à la culture : "Le budget de 90 000 euros correspond à une année exceptionnelle, celle de l'année capitale. Sur cette somme, 20 000 euros étaient d'ailleurs apportés par l'association Marseille-Provence 2013. Nous savions que nous devions nous stabiliser autour de 70 000 euros, voire moins s'il le fallait. Nous n'aurons pas pu dire au revoir au public, cela augure mal pour la suite."

"Si cela continue, on disparaît"

Mais ce qui inquiète surtout Anne Guiot, c'est, plus largement, la difficile survie de Karwan en 2015. Un paradoxe lorsque l'on sait que la structure a été l'une des plus présentes dans l'espace public lors de l'année capitale, notamment avec "Entre flammes et flots". Sur le Vieux-Port, cet événement rentrant dans le cadre de la Folle histoire de la rue (elle-même organisée par Karwan) a rassemblé près de 400 000 personnes. "On risque de ne pas être au rendez-vous pour le rebond en 2015 craint Anne Guiot. Le contexte général est très défavorable. Déjà, notre budget de fonctionnement entre 2012 et 2014 a diminué de près de 11 %. Si cela continue, on disparaît. Et ce ne sont pas les projets qui manquent pourtant ! Entre autres, on a déjà un projet de suite au Vieux-Port."

Si la région poursuit son soutien à Karwan, le conseil général s'est vue contraint de diminuer le sien. Alors que la subvention allouée à Karwan pour son fonctionnement a peu diminué, la collectivité a décidé de ne plus en verser pour la Folle histoire des arts de la rue, qui n'a pas eu lieu en 2014. "Pendant des années, le conseil général a fait le choix des arts de la rue d'abord parce que les propositions sont gratuites pour tout le monde, ensuite parce que beaucoup de structures s'étaient installées dans les Bouches-du-Rhône. Nous voulions faire connaître cet art. Aujourd'hui nous sommes moins dans la programmation, nous avons fait le choix de ne plus être organisateurs de spectacles", explique-t-on au conseil général.

Prudente, la directrice de Karwan n'accable pas les collectivités. Ni ne souhaite commenter le choix d'un événement folklorique à la place de Salon public, se contentant de se dire "sidérée, tant c'est caricatural". Elle préfère reprendre à sa manière le leitmotiv de la charte écrite par le collectif d'artistes Restons vivants, créé lors du mouvement des intermittents : "Nous sommes des arts à la fois totalement plébiscités et totalement pauvres… Alors pour reprendre le slogan des intermittents : Restons vivants !".

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    “à une association qui n’était pas salonaise” …
    Comment c’est possible une mentalité pareille…

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  2. hommedesbois hommedesbois

    Le folklore provençal ne coûte rien, vous prenez 10 gardians et 20 arlésiennes, quelques galoubets et tambourins et vous avez un beau défilé, comme on en voit tous les dimanches (ou presque) dans la région. Bravo l’originalité.
    Et en plus il s’agissait d’une association qui n’était pas salonaise, ma pov’ dame, c’était des estrangers.

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  3. leravidemilo leravidemilo

    Accablant : Pas de rencontre,de discussion,de concertation; Aucun tuilage avec la municipalité précédente; Une annulation/suppression sur le pouce ,en douce,immédiate et bien sur sans débat public, un dossier de subvention victime du “traitement vertical” (une pratique pleine d’avenir à salon,visiblement). Le tout pour une” association pas salonnaise”. Aprés l’annulation de l’expo à aubagne,le bilan des nouvelles municipalités UMP de notre beau département commence à se dessinner à l’encre rouge! La façon dont sont traités les acteurs culturels constitue une métaphore fidèle d’où nous en sommes aprés plus de 7 années de sarko-hollandisme. Pilote de chasse ou Gardian,pour l’orientation de élèves salonnais,veuillez cocher la bonne case svp. Pour autant, les acteurs culturel du coin (même si non salonnais) auraient du prêter une oreille plus attentive à ceux qui les alertaient sur l’aprés “capitale culturelle” “Restons vivants” c’est pas gagné,sans un esprit critique qui prennent les devants. Quand le roi (Gaudin,Pfister… demande une grande fête,les saltimbanque doivent y réfléchir plus que deux fois!

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  4. JL41 JL41

    Salon, c’est le rural profond à 20 km de Marseille. A propos, combien de femmes au conseil communautaire de l’Agglopole (un nom trouvé par le maire de Berre) ?

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  5. BOOKMAN BOOKMAN

    Si le CG coupe les vivres aux assos, c’est surtout parce qu’il s’est fait taper sur les doigts par la Chambre régionale des comptes : processus d’attribution parfois opaque, défaut de contrôle, copinage, une vraie catastrophe pour l’argent public… Ce qui n’a guère troublé les grands électeurs, semble-t-il. Peut-être parce que certains y trouvaient leur compte ???

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