Retour aux cinémas pour revendiquer la réouverture des lieux de culture

Reportage
le 15 Mar 2021
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Les cinémas La Baleine et Le Gyptis ont offert hier deux "projections privées" à une trentaine de spectateurs. Objectif ? Rappeler la grande souffrance que traverse le monde culturel depuis le début de la pandémie et réclamer que les lieux de culture puissent de nouveau s'ouvrir à leur public.

Dimanche 14 mars 2021, le cinéma La Baleine organisait une "projection-test" pour protester contre la fermeture des salles depuis la fin du mois d
Dimanche 14 mars 2021, le cinéma La Baleine organisait une "projection-test" pour protester contre la fermeture des salles depuis la fin du mois d'octobre. (PhotoC.By.)

Dimanche 14 mars 2021, le cinéma La Baleine organisait une "projection-test" pour protester contre la fermeture des salles depuis la fin du mois d'octobre. (PhotoC.By.)

Et soudain, les lumières s’éteignent. Il est un peu plus de 15 h 15, ce dimanche après-midi et pour la première fois depuis la toute fin du mois d’octobre dernier, au début de deuxième confinement en raison de la pandémie de Covid-19, le cinéma La Baleine, sur le cours Julien, accueille des spectateurs. Au même moment, le cinéma Le Gyptis, à la Belle-de-Mai, fait de même. Ces projections organisées sans autorisation visent un même but : “protester contre des fermetures arbitraires et démontrer que l’on peut aller voir des films en toute sécurité”, pose Thomas Ordonneau, le directeur de la Baleine.

Comme une vingtaine d’autres en France qui ont également organisé des “projections-tests”, Le Gyptis et La Baleine répondaient à l’appel national de plusieurs structures : la Fédération nationale des cinémas français, l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion et le Groupement national des cinémas de recherche qui réclament séance tenante la réouverture des salles obscures. “Il ne s’agit pas d’un acte de provocation, mais d’un acte de protestation, poursuit Thomas Ordonneau. On appelle à un vrai dialogue avec nos tutelles et à ce que des décisions soient prises. Nos lieux doivent rouvrir : nous sommes des professionnels, des gens responsables et le public est aussi capable de prendre ses responsabilités.”

Solidarité

Dehors, sous le soleil de ce bel après-midi printanier, Silvana patiente avant la séance. Foulard coloré autour du cou, cette peintre n’a pas hésité une seconde lorsqu’elle a vu le message de La Baleine sur sa page Facebook. Comme la trentaine de spectateurs venus assister à la projection gratuite du film du Marseillais Régis Sauder, J’ai aimé vivre là, elle s’est inscrite par mail. “Je suis là par solidarité, c’est un acte militant. Je trouve totalement absurde que les salles soient fermées. Je suis venue cet été lorsque les cinémas ont pu de nouveau accueillir du public et toutes les précautions étaient prises.”

File d’attente à l’entrée du cinéma La Baleine. Photo CB

Devant l’entrée du petit cinéma, les spectateurs font la queue avant de consciencieusement s’asperger les mains de solution hydroalcoolique. Thomas Ordonneau qui les accueille rappelle les gestes barrière : chacun garde son masque et chaque groupe s’installe en laissant un siège libre. Dominique attend. Elle fait partie des personnes qui ont été placées sur liste d’attente. “Nous avons reçu plus de 120 demandes. En une demi-heure les 30 places (sur une jauge habituelle de 90) étaient parties !”, souligne Bénédicte Hazé responsable de l’animation et de la communication du cinéma. Signe évident, dit-elle, de l’attente très forte du public.

État de manque

Dominique va pouvoir entrer. Cette cinéphile – qui va, sourit-elle, au cinéma dès qu’elle a deux heures de libre – confesse son “état de manque”. De cinéma et de culture en général. Elle est d’ailleurs favorable à l’occupation des théâtres et heureuse de voir “que les choses bougent”. “Pendant des mois on a été bien gentils !, poursuit-elle. Mais là, ça suffit ! À quoi ça rime, en fait ? On peut s’entasser côte à côte pendant trois heures dans un train, mais pas aller au cinéma ? Ça n’a aucun sens !”

Avant que la projection ne démarre, le réalisateur Régis Sauder tend lui aussi un fil avec l’action menée dans les théâtres. Cette projection, n’est pas “un combat corporatiste” mais “une action de désobéissance” pour “la culture avec un grand C”. Le cinéaste craint des séquelles irréversibles pour toute la filière culturelle : “Plus on attend pour rouvrir les lieux et plus ce seront les plus fragiles qui seront sacrifiés.”

Choix politique

Comme le directeur du cinéma, le réalisateur s’interroge sur la “vision de la société” véhiculée par le choix gouvernemental de laisser les lieux de culture fermés quand les commerces, eux, peuvent ouvrir. “La culture n’est pas désignée comme essentielle. Voilà, tout est dit, regrette Thomas Ordonneau. En Espagne, les salles sont ouvertes. En France, non. C’est un choix politique.”

Après avoir subi 250 jours de fermeture en un an et avec l’intégralité de ses équipes – 12 personnes – au chômage partiel depuis des mois, le bar-restaurant-cinéma a connu hier un petit moment de grâce. Avant le début du film, Bénédicte Hazé lance dans un sourire à la trentaine de spectateurs présents : “Nous sommes heureux de vous voir ici”. Comme un seul homme, la salle répond: “Nous aussi !” 

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Commentaires

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  1. Electeur du 4-5 Electeur du 4-5

    Bravo.

    Juste du bon sens, comparativement à nombre d’autres lieux et occasions, autorisées u non, ou un risque supérieur est pris par certains. Et toléré au grand jour.

    Oups, pardon.

    ” tol€r€ “

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  2. marianne13 marianne13

    La culture ne se résume pas aux spectacles culturels auxquels bon nombre de français ne peuvent avoir accès faute de moyens suffisants … Ces “militants” de la culture ne manifestent que pour leur pomme et ce nombrilisme généralisé est fatiguant.

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    • julijo julijo

      pas très juste, non ?
      oui en partie évidemment, les cinés, et les théâtres ne sont pas, c’est vrai, à la portée de tout le monde, il n’en demeure pas moins qu’il y a des gens qui y vont, régulièrement, et que là, ben c’est pas possible, alors que plein de lieux “dangereux” et les supermarchés sont, eux ouverts….. et oui, les propriétaires de cinémas, et les théâtreux en général, ne gagnent plus rien…..et oui, les patrons sont contents les entreprises du cac40 sont ouvertes….
      et les musées ? c’est la culture aussi…?
      Je trouve plutôt bien ces manifestations de protestation contre ces décisions stupides du gouvernement.
      une aberration étonnante que de vouloir trier entre commerces “essentiels” ou non ! c’est réconfortant pour moi ces actes de protestation du monde de la culture.

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    • Mars1 Mars1

      En l’occurrence toutes ces séances étaient gratuites, et si les librairies ont été déclarées finalement commerces essentiels au même titre que d’autres lieux, il serait temps que tous ces espaces culturels (musées, cinémas, théâtres, etc) soient de nouveau accessibles pour ne pas finir comme des légumes…

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