Renaud Muselier s’offre un tremplin pour la métropole sur une ligne de CRET

Actualité
le 21 Juil 2017
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Le président de région promet 120 millions sur trois ans pour la métropole Aix-Marseille Provence. Cette aide aux communes revisitée place la métropole en coordonnateur des projets des territoires et la région en arbitre de ses choix.

Renaud Muselier s’offre un tremplin pour la métropole sur une ligne de CRET
Renaud Muselier s’offre un tremplin pour la métropole sur une ligne de CRET

Renaud Muselier s’offre un tremplin pour la métropole sur une ligne de CRET

“PLU, SRAT, SCOT… Si on veut parler à nos concitoyens, il va falloir apprendre à simplifier tout ça…” C’est pourtant autour d’un ces sigles technocratiques que Renaud Muselier, président de la région depuis quelques semaines, a décidé de réunir un panel d’élus régionaux et métropolitains dans l’hémicycle de l’hôtel de région, ce jeudi 20 juillet. Il y lance les travaux du comité de pilotage du CRET de la métropole Aix Marseille Provence. Le CRET, encore un acronyme pour “contrat régional d’équilibre territorial”, dispositif par lequel la région apporte une aide financière spécifique aux communes et établissements intercommunaux de la région.

Lors des festivités anniversaires du canal de Provence, Renaud Muselier a lâché un chiffre pour ce CRET métropolitain : “120 millions d’euros sur trois ans”. 20 millions de plus que l’aide que le département des Bouches-du-Rhône accorde à la ville de Marseille au titre d’une convention cadre qui s’étale aussi sur trois ans. “Ce chiffre correspond à une dépense de 80 euros par habitant”, précise-t-il à l’issue de la réunion. Les 25 CRET déjà signés ou en passe de l’être dans les autres départements représentent 220 millions d’euros pour 750 opérations financées, c’est dire si l’effort régional pour le territoire d’Aix-Marseille Provence est conséquent.

“Les bonnes volontés bienvenues”

Le président Jean-Claude Gaudin ne s’y trompe pas. Dans son discours, il multiplie les remerciements à l’égard de son ancien dauphin : “J’avais supprimé les éléments financiers du discours que l’on m’avait préparé, n’étant pas sûr de ce montant que vous aviez annoncé il y a plusieurs semaines. Je suis heureux d’entendre qu’il s’agit bien de 120 millions. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.”

Ces remerciements marqués font écho à ceux que le maire de Marseille n’hésite jamais à réitérer à l’égard de Martine Vassal, la patronne du département, pour son soutien financier à la Ville. Ils auront été le seul point d’éclaircie d’une réunion durant laquelle Jean-Claude Gaudin a semblé broyer du noir. Outre le premier adjoint Dominique Tian et le maire du 4/5 Bruno Gilles, présents sans qu’on sache vraiment pourquoi, le président Muselier a convié à la tribune les présidents des conseils de territoire et celui de l’association des maires, Georges Cristiani.

La méthode CRET

Les 120 millions du CRET doivent sur 3 ans financer des projets liés à la transition énergétique, la croissance verte, le développement économique, la mobilité, l’aménagement et l’équipement. La région souhaite privilégier les dossiers déjà mûrs même si le Renaud Muselier ne se dit pas hostile aux nouvelles propositions. Le comité de pilotage de validation doit se tenir en novembre mais la région prévoit des allers et retours avant et après cette date. Les assemblées plénières voteront en décembre pour une mise en œuvre dès janvier 2018. Une clause de revoyure est prévue à mi-parcours pour réorienter les projets en fonction de la consommation des crédits.

Nouvelle aide aux communes

En marge de la réunion, Renaud Muselier le dit bien : cet argent n’est pas destiné à venir compenser la déficience d’autres partenaires dans le financement de grands projets, à compléter les lacunes du contrat de plan État/région. Il cible en premier lieu l’État, dont l’aide promise est toujours attendue notamment pour financer les infrastructures de transports.

Et c’est aux maires que Renaud Muselier adresse en fin de discours un message clair : “Vous allez être accaparés très bientôt par les élections municipales et je vous souhaite d’avoir des résultats, vus, visibles et entérinés.” Les financements du CRET devraient donc aider les édiles à lustrer leur bilan. Comme l’aide aux communes du conseil départemental y contribue à sa manière. L’idée est d’investir dans “les opérations les plus mûres, déjà actées, dont les études ont déjà été réalisées”, souligne Marylène Mongalvy, directrice générale adjointe en charge des CRET.

Le fil rouge de la transition écologique

Bien entendu, le CRET n’est pas tout à fait un supermarché du bonheur où chacun, maire ou président de conseil de territoire, vient avec sa liste des courses. La région a prévu un “fil rouge” qui correspond à ses priorités. Renaud Muselier veut faire de Provence-Alpes Côte d’Azur “la vitrine des accords de Paris” en matière de climat. Les projets doivent donc s’inscrire dans la transition écologique et énergétique, la mobilité douce, la gestion des déchets, la production d’énergies renouvelables, la rénovation énergétique, la gestion du littoral et des espaces naturels.

Et si Jean-Claude Gaudin affiche une mine fermée, c’est que la métropole apparaît guère plus que comme un filtre entre les aspirations des communes, des conseils de territoire et la région. “Ma méthode se résume en trois mots : autorité, écoute et proximité. Ce n’est pas pour rien que j’ai mis l’autorité en premier”, commente encore Renaud Muselier.

Le grain Joissains

Ce sera donc lui qui tranchera in fine les projets proposés. “Je vous ai fait venir en juillet, pour que vous puissiez commencer à travailler au plus vite avant le comité de pilotage de validation de novembre”, lance-t-il aux maires présents. Mais cette pyramide inversée des communes vers le perchoir d’où il tranche pose la question du rôle de la métropole elle-même et de son président.

De 66% à 30%

Exemple marquant des difficultés de la métropole: le reversement de 66 % de son budget aux communes via l’attribution de compensation, dont le pacte fondateur de la métropole avait sanctuarisé le montant. Jean-Claude Gaudin l’a redit, “nous avons essayé d’avoir l’aide de l’État. Mais quatre grands inspecteurs de l’administration ont étudié le projet métropolitain ces dernières semaines. Sans préjuger de leurs conclusions, ils vont nous dire de réduire les 66 % d’attribution de reversion qu’on alloue directement aux communes alors que les autres métropoles sont entre 25 et 30%”.

Or, les maires de la métropole sont très opposés à ce coût de rabot métropolitain. “Nous subissons déjà une baisse des dotations de l’État, nous allons perdre l’aide du département si celui fusionne avec la métropole en 2020, prévient Frédéric Guiniéry, le maire sans étiquette de Puyloubier, réputé proche de Maryse Joissains. Nous n’allons pas tenir sans le maintien de cette attribution de compensation.”

Assise à la gauche de Renaud Muselier, en pendant de Gaudin, Maryse Joissains ne s’y trompe pas. “Cela montre que les territoires continuent d’exister. Je veux bien travailler avec la métropole si la région coordonne mais je veux connaître la méthode.” Pas question pour elle de voir les projets du pays d’Aix passés au laminoir des “technocrates centralisateurs de la métropole” comme elle le souligne en aparté. “La métropole déterminera ses choix face aux remontées du territoire”, répond Renaud Muselier.

Une métropole “difficile à piloter”

En bruit de fond, on entend l’interrogation persistante d’une métropole ingouvernable, prise en étau entre les territoires et les communes qui absorbent l’essentiel de ses budgets. Renaud Muselier le souligne en reprenant l’expression de Jean-Claude Gaudin “trop loin, trop vite, trop fort, pour la contredire en partie et de poursuivre, trop fort ? Certainement pas. L’État n’a pas mis les moyens nécessaires au bon fonctionnement de cette nouvelle collectivité. Il a placé notre métropole dans un entre-deux à la fois financier et institutionnel qui la fragilise et la rend difficile à piloter.”

Entre le soutien aux communes et les grands programmes structurants et coûteux, il va falloir choisir. Avec son CRET, la région se pose en facilitateur. Mais, en sollicitant les communes via les conseils de territoire, pas sûr qu’elle facilite la travail du président Gaudin. Maryse Joissains elle, est “ravie du soutien de son ami Renaud”. Elle pense déjà à un grand projet “de transition énergétique avec Gardanne et Aix”. La part du CRET pour le pays d’Aix ? “Un quart”, assène-t-elle, soit 30 millions. Les négociations peuvent commencer.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Maryse Joissains et les chiffres… La population de l’ancienne Communauté du Pays d’Aix représente 21 % de celle de la Métropole : il faudrait par conséquent verser “un quart” de l’aide régionale aux communes correspondantes… Toujours ce grossier travail de sape pour empêcher la Métropole de fonctionner.

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  2. LaPlaine _ LaPlaine _

    “On” a fait venir Tian pour montrer qu’il existe toujours? Il est vrai que sa vision de l’avenir et ses compétences techniques sont les bienvenues… Ce barnum politique n’est pas près de s’arrêter de tourner.

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