Remplir le vide au-dessus du toit

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le 10 Juin 2014
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Remplir le vide au-dessus du toit
Remplir le vide au-dessus du toit

Remplir le vide au-dessus du toit

"Vous avez 5 jours top chrono pour comprendre ce lieu, vous y projeter, le rendre différent, le révéler, le questionner, le transformer, en faire ce que vous voulez". Après le Panier, la passerelle 107 près des Docks et la Corniche, les étudiants de l'école supérieure d'art et de design de Luminy ont investi le syndicat des architectes et plus particulièrement son toit. Ce petit hôtel particulier à l'imposante porte d'entrée orange vif est littéralement coincé entre deux grands immeubles de l'avenue du Prado. Cette situation a éveillé la curiosité des professeurs Delphine Borg et Frédéric Frédout qui ont décidé d'en faire le sujet d'un workshop pour leurs étudiants dans le cadre de l'atelier "Etre en ville". Avec pour seule consigne : comment habiter l'espace au-dessus de l'édifice ?

"Etre en ville, ce n'est pas vraiment quelque chose d'intellectuel dans le sens pur du terme, c'est vraiment « savoir être »", insiste Frédéric Frédout. Il s'agissait donc pour les vingt étudiants de travailler dans "l'instantanéité" et de rendre un projet "instinctif". Après avoir passé cinq jour en mars dernier à travailler sur leur projet, ils le restituent sur des panneaux sur le lieu même. "La boucle est bouclée", conclut le professeur. 

Pour chaque projet – six au total – ils ont travaillé en groupe de niveaux et de branche différentes. Frédéric Frédout précise : "Ils ne sont pas urbanistes ou architectes", mais artistes ou designers, de 2e et 3e années. Marsactu vous présente chacun des projets détaillé par leurs auteurs : 

Aspiration

Chloé de la Fontaine, Nora Jeddi, Xiaokun Wang et Julie Esplandes

"On a voulu rendre cet interstice plus vivant et lui donner un côté organique en le dotant d'une espèce de respiration artificielle. On s'est rendu compte que les deux grands bâtiments autour du petit qui abrite le siège du syndicat des architectes l'écrasaient. L'idée était de le faire grandir et lui redonner sa place et sa vie en installant au-dessus une grande poche de plastique. L'avantage du plastique c'est que on peut jouer sur le rythme du gonflement et dégonflement et créer une sorte de chorégraphie entre les différents volumes. Cela crée un contraste entre l'architecture très classique, très droite, très symétrique et ce gros sachet qui se froisse. 

Il y a aussi le jeu de lumière avec la transparence du plastique. Et son du matériau qui est assez particulier remplit l'espace, comme la lumière."

Bazar

Juliette Lemaire, Laurianne Ortega, Soojeong Jeong et Hao Wu : 

"On est partis de l'anarchie qui peut régner à Marseille. Les Marseillais ont le talent de "plugger" [connecter, ndlr] certains endroits sans forcément en demander la permission. On voulait représenter cette liberté par des cubes,   métaphore de l'espace ajouté.

On les a habillé de tissus qui font référence au marché du Prado juste en face. Il y règne aussi cet espèce de bazar, de cacophonie assez extraordinaire. Ces tissus d'ici et d'ailleurs donnent une identité à ces cubes.  

Le nom bazar tranche avec l'idée très géométrique du cube qui a une forme très rangée, très tirée. Nous avons décidé qu'ils devenaient et représentaient le bazar."

Projections

Clara Jambel et Guilhem de Villoutreys : 

"L'objectif est de travailler sur un jeu de déstructuration des formes. On a considéré la façade de ce bâtiment comme une sorte de tableau urbain qu'on a voulu répéter et déstructurer pour montrer la profondeur et essayer de jouer avec le point de vue du passant. On a cherché à reprendre la même dimension de la façade, en la dupliquant. Les effets de cadres doivent attirer le regard vers la profondeur. 

C'est un tableau urbain. Quand on regarde ce bâtiment, on a l'impression que c'est une image subliminale. On passe devant, on le voit. Mais si on continue notre chemin, très rapidement, on ne le voit plus. On avait envie de marquer le coup, de l'encadrer et de le répéter visuellement avec l'aide de trois cadres pour l'accentuer."

Dual house

Gunel Sadikhova et Xuan Guo viennent respectivement d'Azerbaïdjan et de Chine.

"La maison est un symbole de l'architecture. Notre idée est venue de là. Nous avons fait beaucoup de recherche sur les matériaux pour remplir cet espace avec différentes lignes, coupes de maisons. Comment montrer une deuxième maison ? Grâce au miroir.  L'idée est de voir les motifs des façades, des fenêtres en reflet et de combler l'espace en multipliant par un effet miroir ces motifs architecturaux. 

On a utilisé un miroir autocollant. Il nous a semblé obligatoire d'avoir des motifs architecturaux sur les bâtiments. Pour nous qui sommes étrangères, les bâtiments parlent de l'histoire. A Marseille, il y a pas mal de bâtiments où on trouve des motifs anciens qui racontent son histoire. Cela nous a aidé à l'apprendre. "

Funambule

Clara Cviklinski, Michel Bandali, Soraya Edir et Jing Ling : 

"Ce qui nous a intéressé c'est de travailler sur la tension et l'équilibre. On a utilisé une structure légère qui fait contraste avec les bâtiments imposants qui l'entourent. Elle comprend deux structures emboîtées qui tiennent avec un minimum de points de contact entre les deux bâtiments. Elles pourraient donner l'impression de tomber à tout moment.

C'est l'idée d'apporter de la tension et de l'attention. On a voulu  interloquer les passants puisque la structure donne sur la rue. C'est une sorte de signalétique urbaine pour des manifestations culturelles et artistiques. En restant dans le langage contemporain et avec des matériaux urbains : des tubes d'acier soudés entre eux et rejoints par des coudes. Comme des formes tombées du ciel qui s'emboîteraient dans cette dent creuse."

Cloud

Carole Stockli, Charlène Roux, Sinhueok Hur, Ségolène Mioni : 

"On voulait partir sur l'idée de remplir la dent creuse à partir de quelque chose de sensoriel et subtil sans mettre d'élément matériel à l'intérieur de cet espace. Notre but était de faire quelque chose avec le soleil ou la lumière. On a voulu faire comme si il y avait eu un bâtiment, qu'on l'avait enlevé et qu'il ne resterait plus que les tuyaux de canalisations.

A certains moments de la journée, ces tuyaux dégageraient une brume qui ferait un nuage. Les brumisateurs commencent à projeter de l'eau ce qui crée un arc-en-ciel avec le soleil. Et plus la brume s'épaissit et plus la structure est cachée. Il y a une évolution, dans le temps, de la couleur et de la densité à l'intérieur de cette dent creuse et une interaction avec le soleil, les heures de la journée, la météo, le jour, la nuit. C'est vraiment une installation éphémère et événementielle avec une structure stable." 

Ces étudiants ont également réalisé une court montage vidéo pour représenter ces six projets : 

 

Nora Jeddi Besse (image+montage) et Clara Ciklinski (son)

L'exposition du workshop Etre en ville se poursuit jusqu'au 19 juin au syndicat des architectes, 130 avenue du Prado à Marseille (8e arrondissement).

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Magnifique

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