Régionales : Mariani et Muselier revendiquent tous deux l’ouverture, mais pas du même côté

Actualité
le 14 Mai 2021
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Ce vendredi, Thierry Mariani (soutenu par le RN) et Renaud Muselier (LR) tenaient tous deux des conférences de presse pour présenter leurs listes de "rassemblement" en vue des régionales. Le premier, ex-LR, se réjouit de débaucher quelques candidats à la droite, tandis que le second a assumé d'avoir sur ses listes des représentants de La République en marche.

Renaud Muselier présentait ses listes ce vendredi, sur fond de crise interne au parti LR. (Photo LC)
Renaud Muselier présentait ses listes ce vendredi, sur fond de crise interne au parti LR. (Photo LC)

Renaud Muselier présentait ses listes ce vendredi, sur fond de crise interne au parti LR. (Photo LC)

“Je suis gaulliste”. Pour Renaud Muselier comme pour Thierry Mariani, l’assertion fonctionne tel un sésame pour se justifier, se légitimer comme “homme de droite”, par-delà les étiquettes. Tous deux, anciens amis, se félicitent aussi de mener, chacun dans leur camp, des listes de “rassemblement”, “autour des idées” et des “compétences”. Mais pour ce qui est de l’état d’esprit, c’est deux salles, deux ambiances.

La liste Rassemblement national présentait ce vendredi matin, depuis les lumineux salons d’un hôtel prestigieux, ses “candidats d’ouverture” pour les Bouches-du-Rhône. Pas de gros poissons, mais tout de même le conseiller d’État, ex-conseiller de François Fillon et ex-maire de Cabriès, Hervé Fabre-Aubrespy. Ce transfert ne surprend qu’à moitié, puisque ce dernier avait affiché son rapprochement avec Nicolas Dupont-Aignan, et a vu une autre candidate soutenue par la droite locale lui ravir son siège de maire aux dernières élections. À ses côtés, deux candidates, Michèle Bougearel et Christine Ponnavoy, venues d’Aubagne et de La Destrousse, illustrent pour l’une un ralliement de la société civile et pour l’autre, le soutien du CNIP (Centre national des indépendants et des paysans, fondé par René Coty). Enfin, un ex-conseiller régional UDF, époque Jean-Claude Gaudin, Jean-Louis Geiger, doit incarner “les compétences” apportées par ces nouvelles recrues.

Rassemblés autour de Marine Le Pen

Tandis que plusieurs d’entre eux louent l’évolution du RN au fil du temps, les élus sortants du parti, comme Sandrine D’Angio ou le Niçois Philippe Vardon se tiennent sagement en retrait. “On ne parle pas de parti ici, on travaille avec toutes les bonnes volontés”, assure la première, tête de liste dans les Bouches-du-Rhône. Et même si aucun des candidats présentés ce jour-là, pas même Thierry Mariani, n’ont pris leur carte, aucun n’hésite à dire que Marine Le Pen est la personne idéale pour prendre le pouvoir en 2022.

Parmi les “candidats d’ouverture” ayant rejoint la liste RN, l’ex-maire de Cabriès Hervé Fabre-Aubrespy (à droite). (Photo LC)

Au centre de la table, Thierry Mariani, lui-même encarté “pendant 42 ans” chez LR et ses prédécesseurs a de quoi se réjouir. Non seulement deux sondages le placent favori du scrutin, mais en plus la tête de liste LREM a annoncé se retirer et soutenir Renaud Muselier la veille. Rallié au parti de Marine Le Pen depuis maintenant deux ans, le candidat ne manque pas l’occasion pour se positionner en “vrai” candidat de la droite. “Sur leur liste, il y aura des Républicains d’accord avec Emmanuel Macron et des élus En marche. Est-ce que cette liste ira jusqu’aux vrais LR ?”, feint-il de s’inquiéter.

Chez LR, neuf tendances politiques et les nerfs à vif

Autre état d’esprit autour de Renaud Muselier, plus tard dans la journée. Après deux semaines de psychodrame au sujet d’une alliance ou non de sa liste avec La République en marche, le président de région sortant présente sa liste – sur laquelle figurent bien quelques personnalités LREM – en mode défensif. “J’ai travaillé avec ceux qui acceptaient de nous venir en aide, je n’ai jamais varié, le rassemblement est à la base de ma liste, sans accord d’appareils”, martèle-t-il, fustigeant longuement “ceux qui veulent faire de l’élection régionale un marchepied pour la présidentielle”. “Dire oui aujourd’hui n’engage à rien au niveau des présidentielles”, assure-t-il encore.

Les listes présentées comportent “un tiers d’élus sortant, un tiers de nouveaux”, dont la moitié encartés LR et “un tiers de société civile”, explique Renaud Muselier. On y retrouve neuf “tendances politiques”, déroule-t-il : LR, le Modem, la France audacieuse de Christian Estrosi, les Centristes d’Hervé Morin, Agir, le Parti de la ruralité, le Mouvement radical, l’Union des centristes et des écologistes de Christophe Madrolle, et, donc, LREM. Sophie Cluzel, qui s’est retirée à son profit, n’y figure pas. Après un tour rapide des listes, il semble que l’on retrouve principalement les candidats du parti présidentiel dans les Bouches-du-Rhône. Le président sortant veut mettre en avant les “élus locaux” et leur connaissance du territoire. Parmi les têtes de listes dans les départements, quatre sont étiquetés LR : Renaud Muselier lui-même (13), David Gehant (04), Bénédicte Martin (84) et François de Canson (83), auxquels s’ajoute Christian Estrosi (06) qui vient de quitter le parti. La sixième, l’élue sortante Chantal Eymeoud, est centriste.

Qu’ils nous laissent faire !

Hubert Falco, maire de Toulon

Il n’empêche que les plaies sont encore à vif. Cela s’entend dans les mots et le ton choisis par Renaud Muselier pour évoquer la “violence” du conflit avec les cadres nationaux de LR ces dernières semaines et le “cyclone” dans lequel il s’est senti emporté. Mais aussi dans une prise de parole à fleur de nerfs du maire de Toulon, Hubert Falco qui implore le parti qu’il vient de quitter : “Qu’ils nous laissent faire !”. “Ai-je fait honte à mon parti ? J’ai gagné 18 élections”, lance-t-il en prenant à parti Renaud Muselier dont il tient fermement l’épaule. Interrogés sur la possibilité d’un retrait de l’investiture LR, les deux hommes n’affichent aucune certitude. “Ils feront ce qu’ils ont à faire”, répond le Marseillais, la voix presque brisée après avoir lancé un peu plus tôt, dans une rare référence à son concurrent : “Le seul traître, c’est Mariani.” Deux thèmes de campagne ressortent à ce stade : le développement économique et la sécurité. Les mêmes que ceux mis en avant par la liste RN.

À gauche, Jean-Laurent Felizia dévoile ses têtes de listes
L’union se teinte de divisions aussi à gauche. La liste Rassemblement écologique et social mené par Jean-Laurent Félizia et qui compte dans ses rangs EELV, le PS, le PCF et Génération.s a annoncé le nom de ses têtes de listes ce vendredi. Il s’agit de Capucine Edou (13), Jean-Pierre Cervantes (84), Marie-José Allemand (05), Bertrand Perrin (04), Xavier Garcia (06) et donc, Jean-Laurent Félizia (83). Exclue de ce rassemblement en cours de processus, la France insoumise doit se prononcer lundi 17 mai, date limite de dépôt des candidatures, sur la conduite qu’elle souhaitera tenir.

 

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Déjà, dès le départ ,un hiatus. S’annoncer gaulliste et de droite est un contresens à la base. Pompidou , Giscard oui sans doute étaient de droite mais pas le Général.
    Le gaullisme est mort avec lui.
    Alors Muselier ou Mariani gaullistes ? Ils sont comme le Canada Dry,rien de plus ,rien de moins.

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  2. MPB MPB

    Situation et acteurs pathétiques.
    Que De Gaulle soit une référence, soit. Mais de qui parle-t-on ? De seconde couteaux, de has been repêchés par l’histoire, de médiocres et de traîtres.
    Quant à la Gauche, misère !

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    • Alceste. Alceste.

      Médiocres sans nul doute, mais traîtres,
      non. Traîtres à quoi ? . Des idées ils n’en n’ont pas . Comment dans une carrière politique peut-on être Chiraquien, Sarkozyste,Filloniste ?
      En revanche la seule certaine idée de la France qu’ils se font,ce sont les postes.

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  3. MarsKaa MarsKaa

    LUMP devenue LR etait un assemblage hétéroclite, depuis les centriste jusqu’aux conservateurs racistes.
    Que ce parti implose n’est pas étonnant.
    Et ce n’est pas la faute à Macron ou à Muselier.
    Les fissures se sont élargies de longue date.
    Macron ET le RN n’ont fait qu’enfoncer un coin.
    Le résultat a le mérite de la clarté : il y a la droite prête à se mêler au RN, et l’autre.
    Certaines réactions à cette scission de la droite, pourtant évidente depuis bien longtemps, mettent au même niveau la menace RN et la menace LREM.
    En cela ils font la joie de MLP et des frontistes : leur parti est blanchi. Il n’est plus LA menace. Le diable, c’est Macron.
    On devrait faire attention à ce glissement. N’oublions pas ce qu’est le RN, qui le soutient, quels sont leurs modeles de gouvernement.

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  4. Danton Danton

    Aucune élection directe réussie sur son propre nom depuis l’échec de 2012. Le Problème de Mr Muselier n’est il pas Mr Muselier lui -même …

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