Réforme des retraites : “Dans mon domaine, à 60 ans, on est déjà dans un sale état”
Les premières manifestations contre la réforme des retraites ont eu lieu ce jeudi. À Marseille, entre 26 000, selon la police, et 145 000 personnes, selon les syndicats, sont descendues dans la rue. Témoignages et images d'un important mouvement social.
Réforme des retraites : “Dans mon domaine, à 60 ans, on est déjà dans un sale état”
Ce jeudi, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre la réforme des retraites. À Marseille, elles étaient 26 000 selon la police et 145 000 selon les syndicats. Cette réforme, présentée dans les grandes lignes par la Première ministre Élisabeth Borne le 10 janvier, prévoit notamment de reporter l’âge minimum de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Elle sera présentée dans sa totalité en Conseil des ministres le 23 janvier, avant d’être intégrée au projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Une subtilité législative qui permettra au Gouvernement de réduire les débats parlementaires et de faire adopter la réforme au plus vite.
Si les débats à l’Assemblée nationale débuteront début février pour une adoption prévue en mars, dans la rue, les discussions et la contestation sont, elles, déjà lancées. À Marseille, l’appel à manifester des syndicats s’est mu en deux rassemblements, l’un organisé par la CGT, la FSU et Solidaires au départ des Réformés et l’autre par la CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC à la Porte d’Aix. L’ensemble des manifestants se sont ensuite rejoints pour former un cortège impressionnant et déambuler sur la Canebière et le Cours Lieutaud. Marsactu a recueilli les témoignages et tiré le portrait de cinq de ces manifestants, venus exprimer leur mécontentement dans la deuxième ville de France. Reportage en images.
Aurélie Lemaire, 39 ans, agent de nettoyage pour “une grosse société mondiale” et déléguée syndicale CGT
“Je travaille pour ISS Facility services, une entreprise présente dans 77 pays. Cette réforme nous impose des choses qui ne sont pas adaptées à nos vies, à l’avenir de nos enfants, à l’inflation. Nos droits sont chamboulés, on ne sait plus où on va. Dans mon secteur, à 60 ans, on est déjà dans un état pas possible. Et après, qu’est-ce qu’ils nous demanderont ? La retraite à 70 ans ? J’ai un petit de 13 ans, c’est aussi pour lui que je manifeste.”
Patrick Glotain, photographe, 63 ans
“Si je veux atteindre un taux plein, je dois attendre 67 ans. J’ai deux enfants, un fils et une fille de 18 et 22 ans, qui étudient à l’étranger. Si je pars maintenant, je n’aurais que 500 balles par mois. J’aimerais bien, mais je ne peux pas. Je suis actuellement en arrêt maladie et gagne 1000 euros par mois. Avec un loyer de 800 euros par mois. Heureusement, ma femme travaille encore.”
Manon Vercelinni, 27 ans, apprentie éducatrice spécialisé
“Je travaille à l’Addap 13, [Association départementale pour le développement des actions de prévention des Bouches-du-Rhône, ndlr] dans la prévention spécialisée, l’accès au droit et l’accompagnement individuel, essentiellement dans les quartiers nord, le 13e, le 14e, Les Rosiers, Maison Blanche. Je me bats pour ma retraite, et espère en avoir une. Le secteur médico-social est un secteur difficile. J’ai déjà fait un burn-out. Pour des raisons familiales mais aussi à cause de mon métier. Avant j’étais assistante de vie pour les personnes en situation de handicap. C’est compliqué mentalement et physiquement. Il faut faire la toilette, les faire manger… On finit épuisé. Cette réforme est injuste.”
André Dufresne, 32 ans, ingénieur médical
“Cette réforme est une aberration. Partir à l’âge de 64 ans alors que le budget des retraites va bien n’a pas de sens. S’ils veulent trouver de l’argent, ils peuvent se concentrer sur la fraude fiscale, ou le CICE [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, remplacé par un allégement des cotisations sociales de 6 % pour les entreprises, ndlr]. Moi, j’ai le temps de voir venir les choses mais je pense aux autres générations, à ma mère, mon oncle, ma tante qui ont 60 ans. Eux prennent cette reforme en pleine face.”
Hélène Baldizzone, 64 ans, enseignante au lycée hôtelier de Bonneveine
“Je suis contre la réforme des retraites, que nous subissons depuis 2003. Moi, j’échappe à cette réforme, même si je crois que le montant de ma pension sera impacté, mais je suis surtout là pour mes collègues. Nous sommes une quinzaine à nous être déplacées. Nous lions nos revendications contre cette réforme avec celles de la voie professionnelle, et le droit des femmes, qui s’arrêtent forcément de travailler pour leurs enfants et qui seront donc discriminées.”
Merci de citer l’UNSA dans votre compte-rendu des syndicats qui ont défilé ce matin, d’autant que nous sommes abonnés à votre journal!
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Remarque mesquine et inappropriée. Le journal est libre de sa rédaction. Un simple lecteur.
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Super cette manif !
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un rapport de 1 à presque 6, qui ne sait pas compter ?
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Tous ceux qui étaient dans la rue ont pu mesurer l ampleur inédite de cette manifestation….plus de 100000 c est sûr
Ce sera bien que la police arrête son petit jeu avec les chiffres ça devient carrément ridicule
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La police ment sur l’ordre de Darmarin-Le Maire – Borne-Macron. Il s’agit d’un mensonge en bande organisée et cette soi-disant réforme des retraites est une escroquerie en bande organisée.
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ça serait pas mal également que le CGT arrête de sortir des chiffres délirants et que les autre syndicats s’alignent sur ces chiffres. Je continue ma petite règle de d’additionner l’estimation cgt et l’estimation de la préfecture et de diviser par deux. La manif était énorme c’est sûr et ce n’est qu’un début…
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