Quatre mois après, la crèche Félix-Pyat de nouveau menacée par une ruine de la Ville
D’atermoiements en demi-mesures, la crèche de la rue Félix-Pyat vit toujours sous la menace de bâtiments en péril. Récemment, une tuile provenant d'une ruine voisine est tombée dans sa cour. La Grande Vacance, consortium de journalistes de Marsactu, La Marseillaise et Le Ravi, revient sur cette gestion foutraque par les services de la Ville d’un îlot qui part en lambeaux.
À gauche, le bâtiment partiellement démoli par la Ville. À droite, la maisonnette au toit effondré. Photo DR.
La tuile ! Le 18 décembre, la Ville a pris un nouvel arrêté d’interdiction d’occupation d’une partie de la cour de la crèche Plein Soleil. Moins de deux mois après être intervenue sur une de ses propres ruines qui menaçait cet équipement du quartier de Saint-Mauront (3e arrondissement), comme le révélait Marsactu, avec Le Ravi et La Marseillaise dans le cadre du consortium « La Grande Vacance ». Le petit potager que l’équipe de la crèche prévoyait d’installer attendra donc qu’il soit mis fin à cette nouvelle menace engendrée par le patrimoine immobilier oublié de la Ville.
C’est une tuile qui a motivé la nouvelle intervention des services de la Ville. La veille des vacances ce Noël, elle est tombée d’une maisonnette de fond de cour collée à la crèche de 42 berceaux. Or l’édifice est en aussi mauvais état que le mur qui la menaçait en septembre. Et tout aussi propriété de la Ville. Cette dernière l’a découvert en préparant la première intervention sur le bâti menaçant qui jouxte un hangar situé à l’arrière de la crèche, 26 rue Jouven. “Elle est dans le prolongement du bâtiment d’à côté, donc on ne pensait pas que ça nous appartenait”, justifie Eric Méry, l’adjoint au patrimoine. Tout en reconnaissant : “Ça pose la question de l’état de notre patrimoine…”
Une ruine peut en cacher une autre
Et la question de la connaissance de ce patrimoine tout court. Il avait fallu un incendie dans un hangar voisin en août dernier pour que le 26, rue Jouven se rappelle au bon souvenir des services de la Ville. Pourtant, à ce moment-là, il y avait peu de doute que la maisonnette pouvait poser problème : son toit était déjà en train de s’effondrer. Ce que reconnaît Éric Méry : “Il n’y a pas de problème structurel, mais elle est en très très mauvais état.” Une situation que l’on retrouve dans bon nombre de biens tombés dans l’oubli au point d’obliger la Ville à recourir à un cabinet extérieur pour évaluer l’étendue de son patrimoine, comme l’expliquait récemment à Marsactu le nouveau maire de Marseille.
Rue Jouven, c’est un feu qui a servi de révélateur en août dernier. “Le lendemain de l’incendie, quand on prend de la hauteur, on a douze arrêtés de péril devant nous. Et sans tourner la tête”, assure un agent du service des périls de la Ville. Et d’en rire, de peur d’en pleurer : “Franchement, la tuile sur le rebord du mur, c’est à se demander si elle n’a pas été déposée exprès pour que le service d’urbanisme finisse le travail. Ils avaient fait la moitié du boulot et ça leur semblait déjà bien…” Dans les couloirs de l’hôtel de Ville, certains élus s’étonnent aussi que personne ne se soit intéressé au petit bâtiment dès la fin du mois d’août et que la seule solution proposée après la chute de la tuile soit la simple pose d’un filet de sécurité.
Des démolitions mais toujours pas de projet
Au regard des études réalisées à l’automne et d’une dernière visite mardi 19 janvier, il a finalement été décidé de démolir le bâtiment. Une décision prise également par l’Établissement public foncier pour l’ensemble des trois ruines qu’il possède dans cet îlot : le 22 rue Jouven et deux immeubles rue Félix-Pyat. Réalisé dès septembre par un prestataire, le diagnostic confirme l’état dégradé de ce patrimoine acquis pour le compte de la métropole Aix-Marseille Provence. Suite à un appel d’offres publié en novembre et qui vient d’être attribué, les travaux vont démarrer en février pour trois à quatre mois. Outre l’enjeu de la poussière, les démolisseurs vont devoir conforter les biens voisins, en particulier le hangar du 20 rue Jouven, déjà fragilisé par l’incendie.
Une bonne nouvelle, sauf pour les 42 bambins de la crèche : si les travaux vont sécuriser le secteur, les enfants vont devoir attendre encore un an avant d’espérer planter leurs premiers légumes dans le potager. Du fait de son enclavement, la maisonnette ne pourra être démolie qu’après les bâtiments de l’EPF. Eric Méry annonce des travaux pendant la fermeture estivale de la crèche.
À plus long terme, c’est aussi la question de l’avenir de l’îlot qui se pose. Les pouvoirs publics n’ayant toujours pas de projet d’aménagement sur cette zone pourtant identifiée dès 2009 dans le programme de rénovation urbaine de Saint-Mauront. Des terrains vagues vont donc remplacer les ruines. À l’EPF, on reconnaît qu’il ne s’agit pour l’heure que de “sécurisation”, en attendant d’ouvrir des discussions avec la métropole et la Ville, pour un projet qui nécessite en parallèle de “finaliser la maîtrise foncière”… Quelques bâtiments appartiennent en effet toujours à des propriétaires privés, dont certains peu recommandables. À l’image de Gérard Haddad, un marchand de sommeil bien connu de la Ville, propriétaire du 20, rue Jouven, le hangar parti en fumée l’été dernier.
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Je n’habite Marseille que depuis une douzaine d’années et je suis toujours surpris par le nombre de ruines (industrielles le plus souvent) présentes dans la ville. Ayant vécu en Lorraine lors de la crise – la fin – de la sidérurgie, je constate que les friches industrielles y était très rapidement détruites. Ce qui permettait par la même occasion de reverdir les villes industrielles et de leur redonner une certaine attractivité.
Le 15e et le 3e arrondissements sont encombrées de ruines qui menacent même la voie publique (par exemple chemin de la Commanderie, j’ai toujours vu cette ruine qui pourrait s’effondrer sur le trottoir) et qui donne de ces quartiers l’image de l’abandon. Il s’ensuit que c’est souvent à proximité de ces ruines que des “artisans” indélicats viennent déverser leurs déchets ou qu’il s’y déroule des activités peu avouables. Bref un cercle vicieux que des démolitions plus rapides pourraient peut être briser.
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Voulez-vous priver certains propriétaires marseillais de leur gagne-pain ? Sachez que parmi eux il y a même des élus qui faisaient partie de la majorité de Gaudin… ils sont jusqu’à nouvel ordre intouchables
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