Quand La Provence annonce avec 24 heures d'avance la garde à vue du Patron de l'Open 13…
Quand La Provence annonce avec 24 heures d'avance la garde à vue du Patron de l'Open 13…
Selon l’édition marseillaise du quotidien gratuit Métro, Jean-François Caujolle, la patron de l’Open 13, le grand tournoi de tennis Marseillais, était mercredi matin en Espagne où il assistait au tournoi de tennis de Barcelone. En fin de matinée, on imagine que son téléphone a dû sonner et qu’il en a sûrement avalé sa tortilla de travers. Car au même moment, le site internet de La Provence annonçait qu’il était en garde à vue à l’Hôtel de Police de Marseille, pour être entendu dans une affaire présumée de fraudes à l’Urssaf. En quelques minutes, cette fausse info a fait le tour de la ville et même bien au-delà.
Car Caujolle n’est pas n’importe qui. D’abord c’est un très grand champion. Son match perdu contre Jimmy Connors à Roland Garros en 1980, restera dans la mémoire collective des amoureux de la petite balle jaune, comme on dit quand on ne veut pas faire de répétition. Alors qu’il avait presque gagné, menant 5 jeux à 2 dans le dernier set, après avoir remporté haut la main les deux premiers sets, Caujolle va finir par s’effondrer et tout perdre. Il faut dire que le public parisien ne l’aura pas aidé, préférant soutenir l’américain que le marseillais. Caujolle ne s’en est jamais vraiment remis.
Mais sa reconversion a néanmoins été une grande réussite. Il a créé l’Open 13 de Marseille en 1993 et en a fait, et de loin, le seul vrai événement de dimension internationale de la deuxième ville de France. Les plus grands joueurs viennent, et l’Open 13 est aujourd’hui un très grand tournoi international reconnu par l’ATP. Pourtant, comme souvent à Marseille, Caujolle continue de bricoler dans un Palais des Sports bien défraîchi dont il doit aménager chaque année le parking souterrain pour y installer son « village ». Les tribunes sont minables, les courts très limites pour continuer à y faire jouer l’élite du tennis mondial. Caujolle réclame depuis des années à la ville de Marseille, propriétaire du bâtiment, de vrais investissements, pas l’annuel coup de pinceau cache-misère donné la veille du tournoi. « on n’a pas les moyens Monsieur Caujolle, Marseille est une ville pauvre vous savez… » C’est pas grave, on construit à quelques mètres de là une patinoire géante pour 50 millions d’Euros. De tout ça, évidemment Gaudin se contrefiche royalement. Si Jean-Claude ne fait rien pour Jean-François c’est à cause de Jean-Noël Guérini, le patron PS du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, qui est le principal sponsor du tournoi marseillais. Depuis des années, Guérini est aux côtés de Caujolle. Les deux hommes sont très proches. Jean-François sait que sans le soutien indéfectible de Jean-Noël, l’ATP aurait depuis longtemps rayé l’Open 13 des grands tournois internationaux. Malgré la réelle amitié qui lie les 2 hommes, Caujolle est malin. Il ne veut pas dépendre exclusivement des poches, même si elles sont profondes, de Jean-Noël. Il a donc réussi également à faire venir de grands sponsors à son tournoi. BNP Paribas, Véolia, Sodexo, sont aujourd’hui aussi ses sponsors principaux. Et chaque année, les entreprises marseillaises s’arrachent les loges et les places « VIP » du « village » de l’Open 13, pour plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Derrière une allure un peu nonchalante et décontractée, Caujolle cache en réalité la personnalité d’un redoutable chef d’entreprise, qui a su faire de son tournoi de tennis un vrai business. Lagardère, Canal Plus et d’autres, essaient régulièrement de racheter à Caujolle son tournoi. Malgré des chèques à 7 chiffres, il a toujours refusé, farouchement attaché à son indépendance. Et puis il a su aussi exporter son savoir-faire en dehors de Marseille. Caujolle est aujourd’hui le patron du tournoi de Bercy, et également chargé de relancer celui de Nice.
Ancien champion, proche de Guérini, bon chef d’entreprise, forcément une proie idéale pour les médias. Mercredi matin, quand La Provence reçoit une indiscrétion lui indiquant la garde à vue de Caujolle, l’info est donc immédiatement mise en ligne sur le site, sans prendre la peine d’appeler le principal intéressé. La chaîne locale LCM emboite le pas également à La Provence et envoie l’info dans son journal de 12h15 « Jean-François Caujolle en garde à vue » nous annonce la journaliste qui présente le JT. Compte-tenu de la notoriété de l’intéressé et de la crédibilité de la source, la dépêche de laprovence.com est vite reprise sur Google Actualités, puis twitter, puis Facebook, le buzz est parti. Le problème c’est que l’info était fausse. Ce n’est pas Caujolle qui est entendu à ce moment là par les inspecteurs mais un de ses collaborateurs. Il est bien prévu qu’il soit entendu par la police, et Caujolle sait qu’une enquête est en cours sur des histoires de fraudes à l’Urssaf, mais il est convoqué jeudi matin, pas le mercredi. Le patron de la Provence, Didier Pillet se prend alors un joli revers lifté téléphonique depuis Barcelone. En quatrième vitesse Pillet monte au filet et fait retirer de son site la fausse news. Les geeks de laprovence.con essaient en urgence d’enlever toute trace sur le web de cette incroyable bévue, mais malheureusement, le web, c’est comme le papier, ça laisse toujours des traces. LCM de son côté fait discrètement disparaître de son site internet son JT de la mi-journée du 21 Avril. Ni vu ni connu.
Mais tout heureusement finit par s’arranger pour nos confrères. Caujolle est effectivement entendu, comme prévu, sous le régime de la garde à vue le lendemain, toujours pour cette histoire de fraude présumée à l’Ursaff. La Provence après avoir vérifié, puis re – vérifié, puis re- re vérifié l’info, finit par la mettre en ligne hier après-midi. Et un article est consacré à cette garde à vue ( celle du jeudi, pas celle du mercredi…), dans le journal La Provence de ce matin. Des erreurs de ce type tout le monde peut en faire, nous les premiers. On aurait simplement trouvé normal que La Provence se fende, à minima, d’un petit mot d’excuse, pour avoir publié sur son site internet une info « un peu prématurément » comme le dit pudiquement le quotidien Métro ce matin.
Commentaires
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En marge de cette histoire de joueurs de baballe jaune, Il y aurait de jolis papiers à écrire sur les mille et une façons de “détourner” ou d’économiser du pognon dans une association sportive, culturelle ou autre…
Il y a déjà fort longtemps, j’avais pondu un truc dont les mécanismes me semblent toujours d’actualité :
http://jojomigrateur.over-blog.com/pages/Associations_Et_Corruption-1580512.html
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Caujolle en demi-final de Roland en 1980 ?
c’est un vrai scoop 🙂
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