Primaires socialistes : la stratégie des écartés

Primaires socialistes : la stratégie des écartés

VLAM ! Quand on se fait claquer la porte au nez, mieux vaut tourner les talons que perdre son temps à tambouriner. Après avoir protesté un temps contre leur éviction de la primaire socialiste par la direction nationale du PS, les élus marseillais du Modem ont donc décidé de tracer leur propre route en allant tester d'autres huis.

Le vice-président de la communauté urbaine, Christophe Madrolle le formule d'ailleurs ainsi : "Nous ne fermons aucune porte parmi ceux qui veulent renouveler la gouvernance à Marseille. Nous avons rencontré le parti radical de gauche, nous rencontrerons nos cousins de l'UDI. Nous ne sommes pas fermés à des mouvements comme les Gabians ou les groupes d'action municipale lancés par Jacques Boulesteix et Jean Viard". Leur idée est de se laisser jusqu'à la fin septembre pour prendre collectivement une décision.

"Un sondage circule depuis ce matin [mardi, ndlr]. Nous sommes toujours à un niveau, 4 à 5%, qui est celui d'une existence politique réelle, commente le député européen Jean-Luc Bennhamias. Nous pouvons peser dans la campagne". Reste à savoir à quel endroit. Même si l'hypothèse n'est pas écartée, l'idée de partir en autonome ne semble pas ravir le candidat de 2008. Une campagne a un coût financier et nécessite une structure militante que le parti centriste est loin de revendiquer.

Continuer à exister

De la même manière, la possibilité de rallier une liste Gabians soutenue par Europe Ecologie Les Verts paraît peu probable. Christophe Madrolle comme Jean-Luc Bennahmias n'ont pas forcément le goût au "revenez-y" et les écologistes marseillais leur rendent sans conteste la réciproque. Alors que faire ? S'ils restent "ouverts" à toutes les initiatives y compris avec "convention citoyenne et même le Front de gauche avec qui nous travaillons à la communauté urbaine" le sentier reste étroit pour exister dans l'élection qui s'annonce.

Du coup, il n'exclut pas de se rallier à un candidat des primaires. Et s'ils n'excluent aucun d'eux, le nom d'Eugène Caselli revient fréquemment dans leurs propos : "Nous travaillons de manière fiable avec lui, soutient Jean-Luc Bennahmias. L'idée centrale de gouvernance partagée correspond à celle qui, selon nous, devrait être mise en oeuvre à Marseille si on veut sauver cette ville de la crise gigantesque dans laquelle elle est plongée". D'ailleurs, les élus centristes annoncent qu'ils seront présents au meeting d'Eugène Caselli le 13 mai prochain comme ils le seront à ceux "des autres candidats". En revanche, on ne les a point vus aux lancements de campagne de Patrick Mennucci et Henri Jibrayel.

Déjeuner avec Eugène

Curieusement, les mêmes arguments laudatifs à propos du président de la communauté urbaine reviennent dans la bouche du conseiller communautaire Convention Citoyenne Tahar Rahmani. Parti au côté de Jean-Claude Gaudin "et Renaud Muselier" lors de la campagne de 2008, le petit mouvement fondé par Philippe Sanmarco se retrouve également orphelin des primaires. 

Après avoir quitter le camp du maire après des dissensions sur la gestion de Marseille Aménagement dont Philippe Sanmarco était le président, l'ancien secrétaire général de Defferre se voyait bien participer à une primaire ouverte. La page UMP étant tournée, ils souhaitent revenir vers la gauche sans passer pour des renégats. "Après tout que se serait-il passé si Jean-Noël Guérini avait été élu ? Nous avons rejoint la droite pour nous présenter contre lui", affirme cet opposant de longue date de l'ancien homme fort du PS local. 

Machine à laver le PS

La petite taille de leur parti comme cette union de circonstance avec la droite locale leur barrent la route des primaires. "Alors même que la mise sous tutelle de la fédération était ce qu'on attendait depuis longtemps, regrette Tahar Rahmani. Mais visiblement, la tenue des primaires a l'air de passer avant la rénovation du parti. Comme le dit Philippe, les primaires ne doivent pas être la machine à laver du PS13".

Malgré cela, il se disent toujours ouverts à un partenariat avec le parti socialiste. "Mais on en discute avec qui ? Et quand ? Après ou avant les primaires ?" Pour l'heure, personne ne leur répond. Alors eux aussi pensent aux Gabians, au Front de gauche et à Eugène Caselli. Le candidat à la primaire a récemment déjeuné avec eux. Avant de les convier à une visite de l'ombrière avec la presse. Le tout sans ostentation : "Je suis venu avec des conseillers communautaires", avait alors glissé Eugène Caselli passant. Après avoir été une épine dans le pied de son président, la gouvernance partagée est en train de devenir un slogan de campagne.