Le premier budget métropolitain est déjà un casse-tête pour Gaudin

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le 7 Avr 2016
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Pendant que la gouvernance de la métropole continue à se mettre en place, Jean-Claude Gaudin et son équipe doivent aussi mettre la dernière main au budget de l'institution qui s'annonce déjà tendu. L'enjeu ? Ajouter un souffle métropolitain aux projets déjà nombreux des six anciennes intercommunalités.

Le premier budget métropolitain est déjà un casse-tête pour Gaudin
Le premier budget métropolitain est déjà un casse-tête pour Gaudin

Le premier budget métropolitain est déjà un casse-tête pour Gaudin

La loi, c’est fait. La présidence, c’est fait. Les vice-présidents, c’est fait. La métropole Aix-Marseille Provence peut (enfin) dérouler ses chantiers. Mais il faut d’abord s’assurer qu’elle a les moyens de les payer. D’ailleurs, la troisième séance de l’institution est marquée par le premier débat d’orientations budgétaires en son sein. Pour l’heure, il ne s’agit pas encore du budget à proprement parler – il sera voté le 28 avril, deux jours avant la date limite fixée par la loi – mais des grandes lignes.

Cet exercice 2016 consiste pour une bonne part à regrouper les budgets votés en décembre par les six intercommunalités fusionnées dans la métropole. La lecture du rapport d’orientations budgétaires étudié ce jeudi (voir en fin d’article) permet de mesurer l’ampleur de la tâche : les périmètres des compétences, les flux financiers avec les communes, les taux de fiscalité, les exonérations… tout est à lisser, harmoniser. À tel point qu’un groupe de travail se donne jusqu’à fin juin pour ficeler un “pacte de gouvernance financier et fiscal”, prévu par la loi et crucial aux yeux des maires. Il sera composé du président Jean-Claude Gaudin, de quatre vice-présidents et de 12 élus représentant les différents groupes de l’hémicycle.

Budget déjà en tension

Parmi eux, le vice-président aux finances Roland Blum, qui ne trouvera pas à la métropole une situation beaucoup plus riante qu’à la mairie de Marseille où il occupe les mêmes fonctions. Idem pour Jean Montagnac, ancien vice-président de la communauté urbaine habitué des budgets de rigueur de l’ère Teissier. “Le premier budget, bâti sous les auspices de la prudence et de la transition, doit cependant d’ores et déjà prendre acte des trajectoires financières fortement contraignantes à moyen terme”, annonce dès la première page le rapport d’orientations.

Le scénario esquissé en fin de document conclut que “la métropole devrait recourir massivement à l’emprunt pour financer un plan pluriannuel d’investissement de 600 millions d’euros par an”. D’environ 1,5 milliard en 2015, la dette doublerait d’ici 2020 pour dépasser les 3 milliards. Résultat : au-delà des économies de fonctionnement, les 1300 petits et grands chantiers déjà programmés devront être triés afin de ménager une place aux projets métropolitains. On comprend l’empressement de MPM à faire passer au vote avant sa disparition le tunnel Schloesing ou encore le Jarret, tout comme celui d’Aix à poser les premières pierres de l’Arena…

Le document ne rappelle pas non plus la succession plus ou moins discrète de mesures prises à la veille de la création de la métropole et susceptibles de plomber ses finances : ici une augmentation des salaires, là le transfert de la prise en charge des tarifs sociaux de la RTM… Nul doute que la balle ne tardera pas à revenir dans le camp de l’État pour financer les grands investissements structurants du territoire, notamment dans le domaine des transports. En fin d’année dernière, le gouvernement s’était engagé à étudier avec bienveillance un dossier ambitieux qui lui serait soumis sur cette question. Encore faut-il que les élus se mettent d’accord sur son contenu.

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Commentaires

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  1. MarsKaa MarsKaa

    “D’environ 1,5 milliard en 2015, la dette doublerait d’ici 2020 pour dépasser les 3 milliards” il s’agit de la dette de quel territoire, quelle institution ?
    ce chiffre faramineux englobe-t-il les dettes de chaque commune (additionnés donc), la dette du CG en partie ?
    Et au bout, qui paye ? on court à la faillite, là, non ?

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    • Trésorier Trésorier

      Non, que de la métropole. Celle des communes est en sus.
      Ca ne plaidera pas pour la métropole cette explosion de la dette.

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  2. julijo julijo

    Hé ho !! On ne peut pas tout faire ! Ce ne sont que des élus….
    D’abord se préoccuper de l’organisation -voir l’article sur la création des groupes- et puis de son intérêt personnel, gratifiant s’il en est !! et ce sera le cas !

    Après que la dette double, ma foi, ne serait-ce pas le jeu ???
    Nous avons voté pour ces élus !! si si !! après il magouillent entre eux…mais on s’en doutait un peu, non, que cela se passerait comme ça….
    Bah, c’est pas comme si on avait le choix !! “on a les élus qu’on mérite” !

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  3. MarsKaa MarsKaa

    libre à toi de penser que tu “mérites” ces élus…

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    • julijo julijo

      Et pourtant !!! MDR

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  4. leravidemilo leravidemilo

    Eh oui ! Le caractère “magique” du projet grooossse métropole qu’on nous en vendu sur le thème, ça ira forcement mieux, on pensera global et agira en conséquence, on rattrapera ainsi notre retard, c’est la modernité… montre d’emblée ses limites et ses pièges, avant peut être de nous montrer ses impasses… Evoquer ainsi comme une perspective quasi obligée le doublement d’une dette, déjà fort conséquente, sur les 4 ou 5 première années, doublée d’un ressèrement sévère des dépenses, le tout pour un budget d’investissement somme toute fort modeste, et pas à l’échelle… ça laisse quelque peu abasourdi, et laisse peu de place au rêve de modernité et de rattrapage des autres grandes métropoles! Et pour ce qui est du penser global, votre article sur la répartition/composition des groupes, nous montre qu’on est pas rendu… Encore cet article ne s’affiche pas comme trop pessimiste; la Provence (qui ne nous avez point habitué à une telle sévérité pour ce beau projet), titre “la métropole parle déjà de faillite”. Evoque les 75 millions d’euros si généreusement versés par l’état dans la corbeille de la mariée. Cite un élu, Y Vidal qui connait aussi un mauvais réveil, indiquant : “Il faut plaider pour une aide exceptionnelle de l’état, sinon on sera en faillite dans deux ans” (ça c’est une idée qu’elle est -était- bonne!). Cite le préposé au budget, J Montagnac (hors de l’hémicycle) “Il va falloir serrer au plus près les dépenses, sinon , on aura d’ici deux ans un budget déséquilibré, une dette qui va s’envoler et l’état sera contraint de gérer la métropole,ce qu’on ne veut évidemment pas.”… Bref, même en ne sous estimant pas la difficulté spécifique du premier budget, et de ses délais, on est pas rendus, et le bug risque fort de ne pas concerner les seuls petits boitiers électronique de vote!

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    • Trésorier Trésorier

      le ravidemilo,

      comme MPM, la métropole se ruine en reversements aux communes.

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    • leravidemilo leravidemilo

      Oui, certes, sans doute, bien qu’il soit nécessaire de laisser quelque temps pour mieux voir la chose. Mais la question que, selon moi, il faut se poser c’est : Est ce qu’il était fatal que la métropole soit gérée comme l’était MPM, et n’est ce pas le projet gouvernemental de métropole, construit en bonne accointance avec le personnel politique marseillais, qui nous a condamné à cet état de fait ?

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    • reuze reuze

      Oui et non. La gestion MPM n’arrange rien, mais la métropole ne courrait pas à la même catastrophe si toutes les intercommunalités n’avaient pas chargé la barque fin 2015, redistribuant les infrastructures rentables ou intéressantes aux communes et votant des engagements de programme à l’utilité discutable tant qu’ils le pouvaient.

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    • leravidemilo leravidemilo

      Certes, les torts ne sont jamais à 100% d’un même coté… Si ce que vous dites est bien réel concernant les engagements de programmes à l’utilité discutable, la ville de Marseille a, semble t il fait également fort en la matière, ceci se rajoutant à son “bilan” global et en quelque sorte importé, que ce soit en matière de 40 000 habitats dangereux ou de transport en commun… Pour ce qui est de la récupération précipitée des bijoux de famille, on peut par contre mieux comprendre nos voisins. Sur l’exemple aixois, ils ont récupéré, principalement, la seule piscine ne concernant pas les écoles (et lorsque l’on pense aux piscines marseillo-MPM) et le musée Granet, et l’on se souvient notamment de la double billetterie frauduleuse découverte il y a deux ou trois ans sur quelque musée Marseillais… Donc, rien n’était vraiment sans motifs (assez légitimes) d’inquiétude… Sur le fond, vous l’avez compris, je déplore (à longueur de post) un “projet” imposé, dont le résultat le plus probant, et malheureusement durable, est que la grande majorité des communes sont entrées dans cette métropole, arc boutées sur le frein à pied et tirant à l’arrache sur le frein à main. Et pour construire, il ne suffit pas d’une loi (fort mal ficelée!) mais il faut, nous le savons tous, des constructeurs.

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    • reuze reuze

      @leravidemilo: je suis d’accord avec vous.

      Le bilan marseillais est incontestablement désastreux et le passage en force de la métropole est un très sérieux handicap.
      Je désespère de voir les élus locaux accepter de facto l’installation de Gaudin, de son équipe et de sa gouvernance faible, à la tête de la métropole.

      Qu’est-ce qui empêchait les élus hors Marseille de s’organiser et de proposer un candidat face à Gaudin, porteur d’un projet de fonctionnement de la métropole susceptible de rassembler et de rassurer les opposants?
      Par exemple, le cadre institutionnel avec les conseils de territoire et l’assemblée des maires, permet d’imaginer une animation “fédérale” de la métropole.

      Quel gâchis…

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