Pour ses JO d’hiver, la région veut la nouvelle gare Saint-Charles avec quatre ans d’avance

Une illustration de l'accès à la future gare souterraine, par le boulevard Voltaire. (Crédit : dossier de concertation SNCF Réseau.)

Le snowboard à Serre-Chevalier, la glace à Nice, le ski alpin en Savoie, le ski de fond en Haute-Savoie… et le train à Marseille. La candidature des Alpes françaises pour l’accueil des Jeux olympiques en 2030 était présentée mardi par les deux présidents des régions concernées et les responsables des comités olympiques et paralympiques. A priori, rien qui ne concerne les Bouches-du-Rhône, si ce n’est la possibilité d’assister à des épreuves olympiques à quelques heures de trajet. Ou, pour les hôteliers et restaurateurs locaux, le passage de fans du monde entier en correspondance pour Isola 2000 ou Briançon. Justement, ces deux trajets vont être scrutés de près, comme tous les paramètres d’un événement qui brasse plusieurs milliards d’euros d’enjeux financiers.

Fin octobre, le président du conseil régional Renaud Muselier (Renaissance) avait affiché sa volonté d’améliorer certaines liaisons ferroviaires (Marseille-Nice, Marseille-Briançon) et routières (Gap-Grenoble). Une manière de “profiter des JO pour faire de l’aménagement du territoire”. Avec donc ces trois lignes déjà dans les viseurs. Marseille-Nice est englobé dans le projet plus large de ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur (LNPCA), pour près de quatre milliards d’euros. “On a fait le plus dur : on a le financement, on a le tracé, la société dédiée. La question est maintenant de savoir ce qu’on peut accélérer pour être prêts pour 2030”, insiste Renaud Muselier, qui préside l’établissement public créé en 2022 pour mener à bien le projet.

Gagner quatre ans sur la gare souterraine à Saint-Charles ?

La semaine du 13 novembre prochain, un comité de pilotage réunira les principaux acteurs (État, collectivités, SNCF) pour faire le point. “Cela s’appelle “ligne nouvelle” mais en réalité c’est une multitude de chantiers. On peut beaucoup plus agir sur les calendriers que sur une vraie ligne nouvelle, où il y a une mise en service d’un seul coup”, complète Jean-Pierre Serrus, vice-président (Renaissance) délégué aux transports du conseil régional.

La phase 1 du projet était déjà prévue avec 2030 comme date butoir. Elle comprenait notamment l’aménagement d’un “bloc” dédié aux liaisons vers l’Est au sein de Marseille Saint-Charles. Mais le gros morceau, la traversée souterraine de Marseille et la création d’une gare sous l’actuelle, était programmé autour de 2034/2035. Autant dire que l’accélération souhaitée relève de l’épreuve olympique. Sollicitée, la direction régionale de SNCF Réseau n’a pas souhaité s’exprimer sur ce défi, renvoyant vers la région.

Dès lors que nous serions retenus, cela prendrait une autre dimension. Ces projets deviendraient une priorité nationale.

Jean-Pierre Serrus, vice-président à la région, chargé des transports

“Quand on posait la question “est-ce qu’on peut aller plus vite“, on nous répondait qu’on était déjà en flux tendu. On demande à nos partenaires d’argumenter davantage leurs réponses, on essaie de pousser les curseurs. Évidemment, si la technique nous dit qu’à l’impossible nul n’est tenu, nous l’accepterons”, commente Jean-Pierre Serrus, qui assure que pour l’instant aucun “stop” ferme n’a été mis à cet espoir.

L’élu rappelle que les JO peuvent aussi déverrouiller certains blocages. “Dès lors que nous serions retenus, cela prendrait une autre dimension. Ces projets deviendraient une priorité nationale, avec une loi olympique, pour accélérer les procédures administratives et allouer des moyens exceptionnels.”

Objectif moins de quatre heures pour Briançon

C’est particulièrement le cas pour la ligne des Alpes (Marseille-Aix-Gap-Briançon). Un dossier déjà suivi par l’État et la région, avec 98 millions d’euros d’investissements fléchés sur 10 ans. Mais cet engagement s’inscrit aujourd’hui dans une logique de “sauvegarde”, pour garantir les circulations et le temps de parcours d’une infrastructure vieillissante.

L’objectif posé par Jean-Pierre Serrus est plus ambitieux : “Il nous faut impérativement descendre sous les quatre heures”, contre 4 h 30 à près de cinq heures aujourd’hui. “Je vous rappelle que cette ligne des Alpes est en voie unique. Accélérer passe donc par rajouter des zones de croisement des trains, principalement en gare, où nous pouvons aussi gagner sur les temps d’arrêt. Il y a aussi des améliorations de la ligne, avec des tronçons actuellement à vitesse limitée.” Plus technique pour le grand public, le changement de technologie de la signalisation permettrait aussi une amélioration significative.

Ce booster en cas de JO doit se matérialiser dans une “annexe” au plan d’investissements sur les transports entre 2023 et 2027 que doivent signer en fin de mois Renaud Muselier et le ministre Clément Beaune. Quitte à décevoir si cette option n’est pas activée car un autre pays est choisi pour accueillir les compétitions ? “La pire des choses serait d’attendre de voir si on est désignés pour faire ce travail”, répond Jean-Pierre Serrus, qui assure “qu’on n’aura pas perdu notre temps quoi qu’il se passe, on aura poussé nos partenaires à livrer plus d’éléments, on aura avancé sur les études”. L’essentiel, c’est vraiment de participer.